Le chavisme impose son pouvoir absolu au Venezuela d’une main de fer

Un an après les élections présidentielles, le gouvernement de Maduro exerce un contrôle total sur les institutions en mettant en œuvre son récit, en faisant taire ses critiques.

Le lundi 29 juillet 2024, des foules de Vénézuéliens sont descendues dans les rues des principales villes du pays pour rejeter les résultats des élections annoncés par le Conseil national électoral.

Nicolás Maduro n’a jamais présenté de preuves pour démontrer sa victoire dans les urnes, alors que l’opposition menée par María Corina Machado et le candidat Edmundo González Urrutia a publié une majorité de registres électoraux qui démontraient le contraire. Ainsi, l’illusion populaire de millions de Vénézuéliens espérant un changement politique s’est heurtée à un régime imposé et de plus en plus brutal.

Les Forces armées nationales bolivariennes (FANB) du Venezuela ont exprimé dimanche leur soutien à président Nicolás Maduro 

Machado, vainqueur de la consultation primaire citoyenne de fin 2023 (disqualifié par les autorités), avait réussi à positionner le nom de González Urrutia. Le diplomate chevronné s’est présenté comme le candidat chargé de conduire le pays vers la démocratie. Un an après, la répression du régime est de plus en plus impitoyable. Rien ni personne n’a pu l’empêcher, ni les forces anti-Chávez, acculées et souvent contraintes d’opérer dans la clandestinité, ni la communauté internationale, dont les principaux organes ont rejeté les résultats officiels.

Hier, dimanche (27/07/25) les élections municipales se sont déroulées dans l’indifférence générale, ou presque. D’ailleurs l’opposition n’ y a pas participé.

Persécution systématique des dissidents

Dès août 2024, le gouvernement a durci le ton envers la population comme jamais auparavant, et une escalade répressive a eu lieu qui a changé le visage de la politique dans le pays. La fameuse Opération Tun Tun, annoncée par le numéro deux du régime, Diosdado Cabello, est devenue une r&alit tragique : 1 900 personnes ont été emprisonnées pour avoir manifesté. Des dizaines de personnes ont disparu. Cabello, considéré comme le numéro deux du régime chaviste, est devenu ministre de l’intérieur et de la justice, avec tous les pouvoirs de décision. Plusieurs prisons pour prisonniers de droit commun, telles que Tocorón et El Rodeo, ont été créées pour accueillir les leaders politiques, les activistes et les hooligans, compte tenu de la surpopulation dans les lieux traditionnels. Les contingents de la police militaire et politique continuent de parcourir quotidiennement les rues de Caracas de manière dissuasive, avec leurs visages masqués et leur attitude menaçante. La censure s’est emparée d’une partie du débat public. Les gens dans la rue préfèrent ne pas parler de politique.

Au cours des six premiers mois de l’année 2025,  Maduro a accéléré son projet en convoquant des élections législatives et régionales en mai et, ce dimanche, en élisant de nouveaux maires. Il l’a fait en brandissant une prétendue bannière de dialogue. Depuis le mois d’août de l’année dernière, le gouvernement a entamé des discussions avec certains acteurs civils : universités privées, chaînes de télévision, chambres de commerce, partis politiques, mairies et gouvernorats aux mains de l’opposition. Cependant, la demande sur la table a toujours été la même : la reconnaissance de l’exécutif bolivarien afin de continuer à fonctionner en paix.

Edmundo González, qui avait gagné avec plus de 70% des voix, a dû quitter le pays en septembre pour Madrid. Aujourd’hui, tous les postes de police et les aéroports du pays affichent une photo à son nom, offrant une récompense pour toute information sur sa capture. Dans la clandestinité la plus totale depuis que la répression militaire a dissous l’esprit des manifestations, avec ses collaborateurs emprisonnés ou hors du pays, Machado, leader de l’opposition, insiste sur le fait que la transition vers la démocratie est plus proche qu’on ne le pense et que les contradictions internes du gouvernement tendent à l’affaiblir. Mais au fil des mois, son discours a perdu de sa force.

Sources : El Universal, Globo, El País