« De nombreux Canadiens souhaitent que le Canada devienne le 51e État. Ils économiseraient beaucoup sur les impôts et la protection militaire. Je pense que c’est une excellente idée. Le 51e État ! ». Avec ce message posté sur son réseau social Truth,  Donald Trump a réveillé la patriotisme canadien. 

Cette mesure, ainsi que la menace d’imposer des droits de douane sur les exportations canadiennes si les autorités canadiennes ne mettent pas un frein à l’immigration illégale et au trafic de drogue, a mis à mal les relations traditionnellement bonnes entre les deux pays d’Amérique du Nord.

Le climat d’animosité ne s’est pas encore étendu à la frontière canado-américaine, qui, bien qu’étant la plus longue du monde, reste peu militarisée par rapport aux autres. Cependant, il y a près de deux siècles, des divergences sur la manière d’interpréter les frontières ont donné naissance à un troisième pays, aujourd’hui presque oublié : la République de l’Indian Stream. La république du Fleuve de l’Indien.

L’histoire de la Republic of Indian Stream Territory, communément appelée l’Indian Stream, commence avec la signature du traité de Paris en 1783. La description de la frontière entre le Bas-Canada et le New Hampshire, plutôt floue sur un territoire méconnu, laisse sans juridiction. La République d’Indian Stream était située sur une bande de terre d’environ 730 kilomètres carrés au nord-est de l’actuel État américain du New Hampshire, près du Vermont et de la frontière avec l’actuelle province canadienne du Québec.  La naissance de ce petit pays a été motivée par la confusion causée par les interprétations différentes que Londres et Washington ont données à l’accord qui a mis fin à la guerre d’indépendance des États-Unis : le traité de Paris de 1783. Ce pacte a non seulement permis au Royaume-Uni de reconnaître l’émancipation de ses 13 anciennes colonies d’Amérique du Nord, mais il a également délimité la frontière internationale avec le Canada, qui est resté sous contrôle britannique.

Rapidement, entre les années 1796 et 1832, deux compagnies de colonisation achètent illégalement les titres de propriété sur le territoire pour les revendre à des colons et des spéculateurs, la Bedel Company et l’Eastman Company. La région se peuple lentement et la Bedel attire beaucoup plus de colons que l’Eastman, qui se voit obligée de changer de stratégie si elle veut survivre. De 1812 à 1814, une guerre fait rage entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Le traité de Gand, signé le 24 décembre 1814, mettant fin aux hostilités, demande aux deux belligérants de statuer sur la frontière, ce qu’ils ne feront pas avant plusieurs années. Les colons se rendent compte après quelques années que l’Eastman Company, qui leur avait promis des titres et des infrastructures, ne respecte pas son engagement. Ceci, ajouté au flou entourant la frontière, crée un climat d’incertitude parmi les habitants de l’Indian Stream

En juin 1832, des citoyens rédigent une constitution et des lois pour la préservation de l’ordre et de la paix. « Le 9 juillet 1832, à l’école centrale, 56 personnes contre 3 adoptent cette constitution en 13 articles. La République de l’Indian Stream, un ‘’État libre, souverain et indépendant’’, est née », peut-on lire dans le Répertoire.

Mais les choses se sont rapidement gâtées. Et la zone est surtout devenues un territoire de non-droit incluant de nombreux réglements de compte.

Le traité Webster-Ashburton règle le litige frontalier en 1842, et attribue l’ancien territoire de la République à l’État du New Hampshire.

En 2019, un parcours touristique des deux côtés de la frontière a été créé pour rappeler l’existence de cette République. Aujourd’hui, il s’agit d’une région touristique très prisée des Américains du Nord, qu’ils soient canadiens ou étatsuniens.

Pour en savoir plus sur cette histoire : Répertoire culturel du QuébecLa République de l’Indian Stream par Michael Jacques, News from new Hampshire.