Au-delà de la corruption et de l’incompétence, Bolsonaro a sacrifié des enfants amérindiens sur l’autel de l’orpaillage !

 

« La crise sanitaire catastrophique et sans précédent qui submerge le peuple yanomami dans le nord du Brésil est un génocide qui se prépare depuis des années », a déclaré la responsable de Survival Brésil, Sarah Shenker.

« L’ancien président Bolsonaro a délibérément ouvert les portes du territoire et encouragé des milliers de chercheurs d’or à affluer. Il a démantelé le service de santé autochtone, encouragé les mineurs à envahir les territoires autochtones et ignoré les appels désespérés à l’action des organisations autochtones, de Survival et de nombreuses autres organisations lorsque l’ampleur de la crise est devenue évidente ».

Voilà. Depuis la victoire de Lula et la fuite de Bolsonaro aux États-Unis, on n’en finit pas de découvrir la perfidie du clan de l’ancien président d’extrême droite. Il y a bien sûr les détournements de fonds, la compagne anti-vaccin et la gestion calamiteuse de la pandémie, mais là, on découvre l’innommable avec la catastrophe sanitaire qui frappe le peuple amérindien yanomami. Les images d’enfants affamés sont insoutenables.

Plusieurs ministres se sont rendus sur place. Le président nouvellement élu, Lula da Silva, également. Tous les témoins et les journalistes (brésiliens et étrangers) parlent d’une véritable volonté génocidaire de la part des pouvoirs publics entre 2019 et 2022.

L’ONG Survival enfonce le clou dramatique : « Les orpailleurs (les maladies qu’ils ont apportées, le mercure avec lequel ils ont empoisonné les rivières et les populations, les forêts qu’ils ont détruites et la violence qu’ils ont déchaînée) sont la cause claire et évidente de ce désastre. Les résultats sont bien documentés : 570 enfants yanomami de moins de 5 ans sont morts de maladies évitables depuis l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro… ».

Les enfants yanomami meurent de malnutrition à un taux 191 fois supérieur à la moyenne nationale, 8 enfants yanomami sur 10 dans les régions d’Auaris et de Maturacá souffrent de malnutrition chronique…

L’alerte avait été lancée, mais le Brésil de Bolsonaro l’a ignorée : Le 1er juillet 2022, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu un arrêt exigeant une réponse du Brésil pour « protéger la vie, l’intégrité personnelle et la santé des membres des peuples autochtones, Yanomami, Ye’kwana et Munduruku ». La commission a déclaré que la situation des personnes issues de ces trois populations était d’une « extrême gravité ».

Non seulement le gouvernement de Bolsonaro n’a pris aucune mesure, mais a farouchement nié qu’il y avait un problème sanitaire en Amazonie !

La terre indigène Yanomami est habitée par huit peuples, compte environ 27 000 habitants et couvre une superficie de 9,6 millions d’hectares. Ce territoire, situé entre les États d’Amazonas et de Roraima, au nord, à la frontière entre le Brésil et le Venezuela a été reconnu comme amérindien en 1992 sous la présidence de Fernando Collor et placé sous la protection des agences gouvernementales chargées de l’environnement et des peuples premiers.

Plusieurs enquêtes montrent qu’en octobre 2018, la surface totale détruite par les garimperos (orpailleurs) s’élevait à un peu plus de 1 200 hectares. Fin 2021, la zone impactée avait plus que doublé pour atteindre un total d’au moins 4000 hectares en 2022.

Pour faire reculer la malnutrition, il ne suffit pas que donner de la nourriture

Marco Túlio, vice-président de la SBMFC (Société brésilienne de médecine familiale et communautaire), décrit la situation sanitaire des Yanomami comme la pire qu’il n’ait jamais vue en vingt ans de carrière. « C’est quelque chose que mes collègues et moi avons vu en images dans des livres pendant nos études de médecine, mais comme quelque chose qui n’arrivait plus au Brésil, seulement dans des pays lointains et très vulnérables ».

Ce scénario, souligne Marco Túlio, est le résultat d’une malnutrition chronique, c’est-à-dire qu’une longue période s’est écoulée sans que les membres de la communauté ne reçoivent une alimentation adéquate.

Jair Bolsonaro a encouragé l’orpaillage et le bûcheronnage en Amazonie tout au long de son mandat.

La Nouvelle ministre de la Santé

Outre le manque de nourriture, la région souffre d’épidémies de malaria, une maladie infectieuse transmise par des moustiques contaminés par un parasite protozoaire. S’il n’est pas traité correctement, le paludisme provoque des vomissements et laisse le patient affaibli, avec une forte fièvre et des difficultés à maintenir ou à prendre du poids.

« La malnutrition sévère n’est pas seulement une perte de poids marquée, mais représente également un manque de vitamines et de nutriments importants, qui, en fonction de la carence de chaque organisme, peut provoquer des problèmes de peau, de vision et même neurologiques », explique-t-il à des journalistes notamment de la BBC.

Comme l’organisme commence à fonctionner avec une charge métabolique plus faible, peu habitué à recevoir une quantité normale de nourriture, donner trop de nourriture à une personne sous-alimentée finit par être dangereux.

La réintroduction des aliments doit être faite avec parcimonie

Le protocole d’aide aux indigènes souffrant de malnutrition, explique la pédiatre Bruna Abilio, qui travaille également avec l’Association des médecins forestiers, dépend de l’état de chaque patient. « Pour ceux qui avaient une condition minimale d’alimentation par la bouche, nous avons indiqué la réalimentation graduée. Nous avons demandé aux personnes de se rendre au dispensaire pour recevoir de la nourriture chaque jour, à des doses calculées par un professionnel de la santé. En général, nous commençons par proposer une petite quantité de nourriture, puis nous augmentons l’apport calorique au fil des jours », explique le médecin, qui fait partie du personnel clinique de l’hôpital Israelita-Albert-Einstein.

Selon les autorités, les unités de santé sont également à court de nourriture adéquate, et ne proposent plus aux patients que du riz, qui contient peu de nutriments.

Quoiqu’il en soit, pour la nouvelle ministre de la Santé, Nísia Trindade, « l’exploitation minière est la principale cause de la crise et le gouvernement Bolsonaro est responsable ».

Par-dessus le marché, une enquête révèle que s’ajoute à cette tragédie une sombre histoire de corruption impliquant une mission évangélique de Caiuá, liée à l’Église presbytérienne. En effet, les journaux locaux rapportent que l’ONG a reçu 872 millions de R $ pour la santé des indigènes. Mais les fonds n’ont jamais été utilisés pour soulager les Amérindiens. Ils ont donc été détournés…