Assassinats électoraux et propagande numérique

Le Brésil est en pleine campagne électorale. Celle des municipales qui auront lieu les 15 et 29 novembre. Et comme à chaque élection locale, la violence flambe. Règlement de comptes entre candidats le plus souvent sous fond de corruption, mais aussi intervention de la pègre pour s’accaparer tel ou tel marché public, se faire un allié ou se défaire d’un empêcheur d’escroquer en toute quiétude.

Il y a donc du sang sur les murs…

Déjà 82 candidats ou militants ont été assassinés ces dernières semaines ! À Rio, en moins de quinze jours, deux candidats, un militant et un conseiller municipal ont été abattus.

Les victimes sont le plus souvent tuées dans la rue. Un candidat à Nova Iguaçu a été abattu dans une boulangerie. Les tueurs sont des professionnels et, généralement, tirent correctement. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de victimes collatérales. Ce sont en grande majorité des miliciens recrutés dans les milieux policiers ou militaires, notamment chez les sous-officiers en retraite.

Rien que le week-end dernier, une dizaine d’agressions ou de tentatives d’assassinats ont été enregistrées !

La police civile et les fédéraux ont créé des groupes de travail pour enquêter et essayer de prévenir ces crimes par le renseignement. « L’idée est d’asphyxier la milice et de permettre une élection propre, avec des candidats circulant en sécurité et le peuple votant librement », a expliqué le secrétaire à la sécurité de Rio, Allan Turnowski. Visiblement, leurs efforts n’aboutissent guère.

Deux ans après l’assassinat de la conseillère municipale de Rio, Marielle Franco, l’enquête n’a toujours pas abouti…

Même interdite, la propagande par messagerie prospère

Plusieurs entreprises vendent aux candidats les numéros de téléphone d’électeurs, sans autorisation de ces derniers, et offrent des outils pour divulguer en masse des messages électoraux. Une pratique pourtant interdite depuis la fin de 2019 au Brésil, rappelle Folha de São Paulo.

Presque un an après que le Tribunal supérieur électoral brésilien (TSE) a interdit l’envoi massif de contenus de propagande politique sur messagerie instantanée, Folha de São Paulo révèle que cette pratique, qui avait marqué la campagne présidentielle de 2018 remportée par Jair Bolsonaro, reste d’actualité.

Un exemple : BomBrasil.net, est le nom commercial de Brasil Market Options. Cette entreprise propose sur son site internet sous la rubrique « Campagne, matériel pour les élections 2020 » la vente d’une base de données de téléphones portables avec nom, adresse, quartier, revenu, date de naissance. 

Une publicité pour la vente de bases de données téléphoniques. Ce prospectus est totalement illégal. Mais ce commerce prospère plus que jamais !

Les messages envoyés le sont essentiellement par l’application WhatsApp. Une base avec 20 000 numéros de téléphone portable coûte 1 800 R $ (300 €). La société offre même la possibilité d’envoyer elle-même les messages : l’envoi sur WhatsApp coûte 0,15 R $ et par SMS, 0,09 R $.

BomBrasil propose également un logiciel espion complètement illégal, capable d’extraire des données sur Facebook !