Fausse bonne nouvelle : les enfants toujours pas retrouvés

Le président avait annoncé le contraire !

Mise à jour du 2 juin 2023 à la fin de cet article

Mise à jour le 25 mai 2023, 13 heures (heure brésilienne), à la fin de cet article

Le 1er mai dernier, un petit avion (un Cessna 206), s’est écrasé dans la jungle amazonienne, en Colombie. À son bord : une mère et ses quatre enfants de 11 mois, 4 ans, 9 ans et 13 ans, ainsi que le pilote et son co-pilote après avoir décollé de la petite piste en terre battue du village de Puerto Sabalo. Très peu de pilotes s’aventurent sur cette piste périlleuse située en pleine forêt amazonienne au sud de la Colombie. L’avion qui dispose de six places a déjà connu plusieurs pannes, lors de la dernière, peu de temps avant l’accident l’appareil a été réparé avec les moyens du bord pour lui permettre de redécoller. Mais il n’a jamais été contrôlé par des professionnels. L’avion est exploité par la compagnie Avianline Charter (Villavicencio).

Mercredi (17/05), le président Gustavo Petro tweete : « Après des recherches ardues de nos forces armées, nous avons retrouvé vivants les quatre enfants qui avaient disparu dans l’accident d’avion en Guaviare. C’est une grande joie pour le pays ». Silence gêné du côté des Forces armées… et finalement, un démenti. En fait c’est l’organisme chargé de la protection de l’enfance (ICBF) qui avait informé le président que les enfants avaient été vus vivants. 

Selon Astrid Caceres, la directrice de l’ICBF, « nous avons reçu une information qui assure qu’un contact a eu lieu avec les enfants. Cette information disait qu’ils avaient été vus en vie et en bonne santé… Pourtant, les Forces armées n’ont pas encore pu établir un contact à cause des conditions météorologiques difficiles. Nous préparons nos équipes et informons le gouvernement. Le niveau de précision que nous avons reçu nous donne beaucoup d’espoirs et nous attendons un contact, mais la communication satellitaire a été coupée et nous ne pouvons pas reprendre langue avec le groupe qui a dit être en contact avec les enfants ». Mais la fausse nouvelle a eu le temps de faire le tour des médias d’abord en Amérique latine puis dans le monde entier.

L’avion disparaît des radars

Une heure après le décollage, le pilote lance une première alerte : son moteur montre des signes de faiblesse. Il est alors à 175 kilomètres de sa destination : San Jose de Guaviare. Puis plus rien. L’avion disparaît des radars dans les environs de San José Del Guaviare, dans le centre de la Colombie, où il devait se rendre. La zone est tellement difficile d’accès qu’il a fallu attendre le mardi 16 mai pour que l’armée retrouve l’épave de l’appareil malgré la centaine d’hommes et trois hélicoptères mobilisés. Dans la carcasse, le nez planté au sol, trois cadavres : le pilote Hernando Marcia Morales, son copilote, le leader indigène Herman Mendoza et Mucutuy Valencia.

Mais, alors que Mucutuy a quitté Puerto Sabalo avec ses quatre enfants, les membres des Forces armées ne retrouvent pas leurs corps. Il s’agit de Lesly, 13 ans, Soleiny, 9 ans, Tien Noriel, 4 ans et Cristin, 11 mois. Cependant, ils découvrent une cabane de branchages et des fruits mordus par de petites mâchoires, des bouteilles d’eau, des petits ciseaux et des moñitas que les femmes utilisent habituellement pour tenir leurs cheveux.

Un peu plus tôt, à un autre endroit, un chien qui participe aux recherches a trouvé un biberon, vraisemblablement utilisé pour nourrir le bébé. L’avion a été retrouvé à l’envers, ce qui indique que l’équipage a peut-être tenté un atterrissage d’urgence sur des arbres géants aux racines énormes.

Des empreintes ont également été trouvées près d’un ruisseau, qui pourraient être celles des quatre enfants. Cette zone de forêt est très dense et considérée comme très dangereuse, aucune route et les arbres peuvent atteindre 40 mètres de haut…

Selon un témoignage, les enfants auraient commencé la descente en pirogue du fleuve, mais un violent orage les aurait obligés à interrompre leur expédition. La zone a subi de violents orages ces derniers jours qui rendent impossibles les déplacements sur le fleuve. Selon une autre source, ils seraient hébergés dans une communauté indigène qui ne peut communiquer avec l’extérieur à cause des conditions météorologiques et faute de moyens.

À bord d’un hélicoptère de l’armée, un haut-parleur « pouvant couvrir une zone d’environ 1500 mètres » a diffusé un message enregistré par la grand-mère des enfants. Dans la langue Uitoto, la femme disait à ses petits-enfants qu’ils étaient recherchés et leur demandait de rester où ils se trouvaient, afin que les secours puissent les localiser.

Menaces des dissidents des Farc

Le père des enfants, Manuel Ranoque est gouverneur de la réserve indienne d’Araracuara. Il a dû fuir la région précipitamment il y a quelques semaines, car il était menacé par un groupe dissident de la guérilla des Farc. Il aurait envoyé l’argent nécessaire à sa famille, également menacée, pour qu’ils le rejoignent à Bogotá. Ils appartiennent à l’ethnie Uitoto. Manuel Ranoque ne s’étonne pas que les enfants puissent survivre deux ou trois semaines dans la forêt : « J’ai été confronté plusieurs fois à ces genres d’histoire. Ma sœur, qui est sourde, s’est perdue pendant un mois dans la forêt et je l’ai retrouvée. Alors je pense que les efforts (pour retrouver mes enfants) ne seront pas inutiles. »

Selon l’organisation nationale indigène de Colombie (ONIC), les Uitoto « vivent en harmonie » dans la jungle. Ils conservent et transmettent des traditions telles que la chasse, la pêche et la cueillette de fruits sauvages ». Le grand-père des enfants, Fidenuo Valencia, se montre lui aussi rassurant : « Ils ont l’habitude de la jungle ».

Les forces militaires ont indiqué dans leur dernier communiqué que des commandos avaient quitté le département d’Antioquia (nord-ouest) pour San José del Guaviare, capitale du département de Guaviare (sud), où se trouve le poste de commandement chargé de la recherche des enfants.

Le grand-père des enfants a demandé aux autorités de faire davantage pour trouver des traces de vie humaine dans cette région inexplorée. « Nous voulons que les enfants soient retrouvés. Je ne sais pas ce qui se passe, mais depuis le début, lorsque l’avion s’est écrasé, l’armée, qui dispose de la technologie nécessaire, ne l’a pas utilisée. Nous devons remercier les indigènes de l’OPIAC (Organisation des peuples indigènes d’Amazonie) qui, dès le début, ont envoyé des volontaires dans la région », a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’il trouvait étrange que les enfants laissent des objets tels qu’un biberon et des ciseaux sur la route, alors qu’ils savent que ces objets peuvent les aider à survivre.

Le mystère s’épaissit.

Mise à jour du 25 mai

23 jours…

Les autorités et les populations indigènes participent toujours aux recherches des quatre enfants disparus à la suite d’un accident d’avion dans la jungle colombienne. Ils ont trouvé de nouvelles preuves qu’ils ont survécu au crash, ce qui les amène à penser qu’ils sont portés disparus depuis 23 jours.

Selon l’armée, des couches, un accessoire de téléphone portable, une serviette et des chaussures de tennis ont été trouvés à deux endroits différents au cours des dernières heures. Ils ont été retrouvés à près de 600 mètres de l’endroit où l’avion, dans lequel les quatre enfants voyageaient avec leur mère, un autre adulte qui les accompagnait et le pilote, s’est écrasé. Les forces spéciales sont entrées dans la jungle il y a 17 jours, à la frontière entre Caqueta et Guaviare, où les recherches sont difficiles en raison de l’obscurité de la jungle, on ne voit pas à plus de 20 mètres et les rayons du soleil traversent à peine les arbres.

L’armée a annoncé que 150 soldats des forces spéciales ont rallié les premiers sauveteurs auxquels s’est jointe une centaine d’autochtones. Le général Pedro Sánchez Suárez, commandant du commandement conjoint des opérations spéciales des forces militaires, a assuré que : « Ces commandos, qui sont les mieux formés de Colombie, constituent une référence mondiale pour les forces spéciales et renforceront le travail réalisé ».

Les militaires et une femme Nukak, un peuple indigène qui vit dans la forêt tropicale, ont trouvé les chaussures qui, d’après leur taille, devraient appartenir au garçon de quatre ans — ses frères et sœurs ont 11 mois, 9 et 13 ans. C’est ailleurs, à 500 mètres au nord-ouest du lieu de l’accident, qu’ils ont trouvé les autres traces. D’après l’usure des objets trouvés, l’armée pense que les enfants se trouvaient sur ce site entre le 3 et le 8 mai, c’est-à-dire dans les jours qui ont suivi l’accident. Ces nouvelles découvertes renforcent l’idée que les enfants ont survécu au crash et qu’ils ne souffrent pas de blessures graves, car aucune trace de sang n’a été découverte. Les chercheurs ont également trouvé un deuxième abri fait de branches et de feuilles.

Le 1er mai, les enfants avaient embarqué à bord d’un Cessna 206, l’avion le plus populaire pour les vols extrêmes, car il est petit, robuste et peut atterrir sur des pistes courtes. Mais il semblerait que cet appareil était mal entretenu. Ils ont quitté Araracuara et devaient arriver à San José del Guaviare, la capitale de la région. Mais à mi-chemin, alors qu’ils survolent le Caquetá, la rivière Apaporis, en pleine jungle amazonienne, le pilote signale par radio une panne de moteur. Il n’a plus jamais communiqué avec la tour de contrôle.

Actualisé le 2 juin 2023

Plus d’un mois après la disparition des quatre enfants dans l’Amazonie colombienne, un rapport préliminaire de l’autorité de l’aviation civile du pays donne des indications sur la manière dont ils ont pu survivre à l’accident d’avionqui a coûté la vie à tous les adultes qui se trouvaient à bord. 

Malgré les recherches aériennes et nautiques qui ont immédiatement suivi l’incident, l’avion n’a été retrouvé que plus de deux semaines plus tard. 

Cinq jours après la disparition de l’avion, l’armée colombienne a déployé des unités de forces spéciales pour fouiller la jungle le 6 mai. Dix jours plus tard, dans la nuit du 16 mai, ils ont finalement repéré l’épave.

Les trois adultes ont été retrouvés morts sur place. Les sauveteurs ont donc supposé que les enfants avaient survécu, qu’ils avaient évacué l’avion et qu’ils marchaient seuls dans la jungle, ce qui a déclenché un nouvel effort massif de recherche.

Bien que les examens médico-légaux soient en cours, le rapport suggère que les adultes assis à l’avant de la cabine de l’avion ont subi des blessures mortelles à la suite de l’accident. 

Mais les sièges arrière, où se trouvaient les enfants plus âgés, ont été moins touchés par l’impact, selon le rapport, ce qui pourrait expliquer leur survie et les signes de vie retrouvés plus tard dans la jungle par les équipes de recherche et de sauvetage.

Selon le rapport, deux des trois sièges occupés par les enfants sont restés en place et à la verticale malgré le crash, tandis que le siège d’un enfant s’est détaché de la structure de l’avion. Selon le rapport, il est possible que le bébé ait été tenu dans les bras de sa mère.

Les enfants “n’ont pas été localisés dans la zone de l’accident, et il n’y avait aucun signe indiquant qu’ils avaient été blessés, du moins pas gravement. C’est pourquoi d’intenses recherches ont été entreprises pour les retrouver”, précise le communiqué.

Au total, 119 soldats des forces spéciales colombiennes et 73 éclaireurs indigènes ont été déployés jusqu’à présent pour ratisser la zone, selon le rapport.

Les proches ont déjà déclaré que les enfants connaissaient bien la jungle, mais qu’ils s’inquiétaient de savoir s’ils comprendraient que le monde extérieur ne les avait pas abandonnés.

“Peut-être se cachent-ils”, a déclaré Fidencio Valencia, le grand-père des enfants, à la chaîne de télévision colombienne Caracol TV au début du mois.

“Peut-être qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils les cherchent ; ce sont des enfants”.

Sources : Caracol Televisión & CNN Brazil