Inéligibilité ?
Ian Bremmer, expert renommé en risques politiques, partage ses réflexions sur le procès de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro dans plusieurs interviews accordées dans les médias brésiliens. Selon lui, ce procès, qui s’est ouvert hier, a des implications significatives pour la polarisation politique au Brésil et pour la perception des institutions par la droite politique. Rappelons que Bolsonaro risque une peine d’inéligibilité.
Le procès porte sur les attaques de l’ex-président contre le processus électoral, qui ont eu lieu lors d’une réunion avec des ambassadeurs en juin 2022. Selon Bremmer, il exacerbe la polarisation politique en renforçant le sentiment de la droite selon lequel les institutions sont partiales et qu’elles s’opposeront à eux à tout prix. Cette polarisation accrue pourrait avoir des conséquences extrêmes pour la société brésilienne.
L’expert souligne l’importance de demander des comptes aux hommes politiques, mais il exprime des inquiétudes quant à la rapidité et aux conséquences extrêmes de ce procès dans un environnement politique polarisé. Il craint que cela ne renforce davantage la perception répandue selon laquelle le pouvoir judiciaire peut être soumis à une influence politique.
Quel que soit le verdict, il est convaincu que Bolsonaro restera une figure influente. Même s’il est déclaré inéligible et incapable de se présenter à une fonction publique pendant huit ans, il conservera son pouvoir d’influence sur la politique brésilienne. Il souligne que tout candidat de l’opposition bénéficiant du soutien de Bolsonaro serait puissant et susceptible de réussir.
En tant que spécialiste des pays émergents et fondateur de l’Eurasia Group, un cabinet de conseil en risque politique de premier plan, Ian Bremmer conseille de grands investisseurs du monde entier. Il est également l’auteur du best-seller Us versus Them : The Failure of Globalism.
Il ne voit pas le procès comme une revanche de la gauche, mais plutôt comme une réaction à un mouvement politique basé sur une rhétorique anti-establishment et des attaques contre les tribunaux, les médias et d’autres institutions.
Ian Bremmer est d’avis que le procès pourrait déclencher une nouvelle polarisation de la société brésilienne. Les partisans de la droite pourraient le percevoir comme une confirmation de leur sentiment d’être injustement persécutés. À court terme, cela ne renforcerait pas l’extrême droite, mais elle resterait mobilisée et pourrait descendre dans la rue en cas de crise politique ou économique plus grave pour le gouvernement actuel dirigé par Lula.
Il souligne surtout le parallèle évident entre les procédures contre Trump aux États-Unis et contre Bolsonaro au Brésil. Les deux renforcent la popularité de l’accusé. Quel que soit l’issue des procès.
