La présidente du Pérou Dina Boluarte, engluée dans un scandale autour de ses montres de luxe Rolex, a dû remplacer six ministres après leur démission soudaine, alimentant l’instabilité politique dans le pays. La présidente péruvienne Dina Boluarte n’a pas précisé l’origine de trois montres de luxe pour lesquelles des procureurs ont perquisitionné son domicile et le palais présidentiel aux premières heures de la matinée de samedi (30/03), alors qu’elle fait l’objet d’une enquête préliminaire pour des délits d’« enrichissement illicite et d’omission de déclaration au détriment de l’État ».

Ces démissions en série, dont celle du ministre de l’Intérieur, interviennent après l’ouverture d’une enquête portant sur des soupçons d’enrichissement illicite de Dina Boluarte.

Au cours du week-end, la police a mené des perquisitions au domicile et au bureau de la présidente afin de rechercher des preuves de l’origine d’au moins trois montres Rolex.

Dina Boluarte nie toute malversation et assure avoir acheté les montres avec son propre argent.

Dina Boluarte est devenue présidente du Pérou à la fin de 2022 à la suite de la destitution et de l’arrestation de l’ancien président Pedro Castillo, accusé de rébellion et de conspiration.

Dans une interview matinale inhabituelle, alors que le palais était perquisitionné, le Premier ministre Gustavo Adrianzén a déclaré à la radio RPP que les poursuites créaient « une tempête là où il n’y en a pas ». Un groupe de législateurs de gauche a soumis au Congrès une motion de destitution de la présidente pour « incapacité morale permanente » après avoir recueilli 26 signatures. La procédure de destitution d’un président est incertaine au Pérou : il faut 52 signatures pour que la motion soit admise au débat et 87 votes pour la destituer. Si Mme Boluarte est accusée d’enrichissement illicite et de non-déclaration de patrimoine au détriment de l’État, elle ne pourra être poursuivie qu’en 2026, à la fin de son mandat. Les fonctionnaires sont tenus de déclarer leur patrimoine pour éviter les cas d’enrichissement, et les déclarations de Mme Boluarte ne font apparaître aucune Rolex.

L’enquête sur l’utilisation des montres a débuté à la mi-mars lorsque l’émission « La Encerrona » a déclaré avoir examiné des milliers de photos officielles et avoir repéré une Rolex d’une valeur de 14 000 dollars au Pérou. Par la suite, d’autres émissions ont repéré au moins deux autres Rolex.

Mme Boluarte, 61 ans, était une modeste fonctionnaire du registre des identités jusqu’à ce qu’elle prenne ses fonctions de vice-présidente du pays le 28 juillet 2021, aux côtés du président de l’époque, Pedro Castillo. Elle est devenue sa ministre de l’Inclusion sociale avec un salaire de 8 136 dollars par mois.

L’avocat de la présidente, Mateo Castañeda, a déclaré à la radio RPP qu’une « dizaine » de « belles » montres avaient été trouvées lors de la perquisition au palais, où les policiers ont même fouillé sous « les tapis ». Il n’a pas précisé combien de montres étaient des montres Rolex et a ajouté que la police avait pris des photos des objets de luxe. Il a précisé que la présidente témoignerait devant le bureau du procureur le 5 avril.

Les montres Rolex ne sont pas les seuls problèmes auxquels la présidente est confrontée. En 2023, le parquet l’a dénoncée devant le Congrès pour homicide aggravé et blessures graves en relation avec les 49 civils tués lors d’affrontements avec les forces de sécurité pendant les manifestations réclamant sa démission.

Sources : La Crónica (Lima), La Jornada (Mexico),El Comercio (Lima).