Le ministre colombien de la culture a envoyé une lettre officielle à son homologue espagnol pour lui demander de restituer une collection ancienne de 122 pièces qui se trouve au Musée de l’Amérique à Madrid. C’était il y a plus de six mois. Le gouvernement socialiste espagnol n’a toujours pas répondu. Il n’a même pas accusé réception. Cette collection est connue sous le nom de trésor de Quimbaya. La lettre, datée du 9 mai, était adressée au ministre espagnol de la culture, Ernest Urtasun, et au ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares. Si le retour de la collection Quimbaya est possible, écrivait le gouvernement colombien, cela aurait « des implications inestimables pour la revendication de la souveraineté culturelle, la reconnaissance des droits des peuples et la gestion intégrale des collections culturelles ». La lettre décrivait que cette collection est constituée de biens archéologiques (céramiques, orfèvrerie, lithiques et organiques de la période classique Quimbaya, datant de 600 av. J.-C.) qui ont été pillés par des guaqueros locaux et « remis par le gouvernement colombien au Royaume d’Espagne en 1893, en ignorant leur valeur culturelle pour notre nation ».
Donc, sept mois plus tard, ni le ministre des Affaires étrangères ni le ministre de la Culture espagnol n’ont officiellement répondu à la lettre que leur ont adressée leurs homologues colombiens pour réclamer le trésor, dans un effort beaucoup plus déterminé pour le récupérer que lors des précédentes occasions où la question a été abordée. Le gouvernement espagnol ne veut pas ouvrir un conflit avec le président Gustavo Petro sur la propriété des pièces archéologiques, mais des sources gouvernementales soulignent que, selon un rapport du bureau du procureur madrilène, la collection n’a pas été pillée, mais donnée à l’État espagnol, de sorte que le titre de propriété serait légitime… Madrid souhaiterait, officieusement, prêter la collection pour des expositions temporaires. Le trésor est arrivé sur le territoire espagnol en 1892 pour être exposée à l’occasion des célébrations du 400e anniversaire de l’arrivée des Espagnols en Amérique, et l’année suivante, en 1893, le président colombien Carlos Holguín a décidé de l’offrir à la reine María Cristina de Habsbourg-Lorraine. Ce don a été fait sans l’autorisation du Congrès, et c’est l’un des arguments utilisés aujourd’hui par la Colombie pour affirmer que la donation était nulle et non avenue dès le départ.
Qu’est-ce que le trésor de Quimbaya, la précieuse collection de pièces précolombiennes que l’Espagne refuse de rendre en Colombie ?
Il y a 122 objets, dont des perles de collier, des casques, des épingles à collier, des couronnes, des épingles, des récipients, des cloches, des popores, des pendentifs, des instruments de musique, des nez et des cache-oreilles. Tous ces objets ont en or et merveilleusement travaillés. Leur valeur est inestimable.
Les Quimbayas sont une ethnie amérindienne de Colombie, aujourd’hui disparue, célèbre pour sa civilisation et sa production d’objets en or de très grande qualité.
Avant l’arrivée des envahisseurs espagnols, la civilisation quimbaya était localisée à l’intérieur et autour de ce qui est actuellement connu comme le Triangle du café, comprenant les départements de Caldas, Risaralda et Quindío, ainsi que les villes de Cartago et Obando, au nord du département de Valle del Cauca. Durant les années 1990-2005, les archéologues avaient l’interdiction d’explorer cette région du fait du des dangers causés par le trafic de cocaïne.
Les Quimbayas développèrent des techniques de métallurgie très abouties pour extraire l’or et le travailler. De nombreux objets d’orfèvrerie ont été découverts, se trouvant depuis dans les musées colombiens et espagnols, ou ailleurs à l’étranger.
Les Quimbayas étaient organisés en une centaine de caciquats, chacun composé d’environ 200 tribus. Les caciquats étaient groupés en juntes, notamment pour des questions économiques ou pour la guerre. Le nombre d’habitants avant l’invasion est estimé à 60 000. Les maisons étaient rondes, avec un toit en feuilles de palmier et des supports en bambou.
Un Poporo quimbaya, servant à broyer les feuilles de coca avec de la chaux (Bogota, Musée de l’or).
Sources et clichés : Museo del Oro (Bogota), Infobae (Buenos Aeres, Bogota), El País (Madrid), archives personnelles