Deux nouvelles espèces d’anguilles électriques ont été découvertes dans les eaux amazoniennes, dont l’une est capable d’envoyer des décharges de 860 volts !

Deux nouvelles espèces d’anguilles électriques ont été découvertes dans les eaux amazoniennes, dont l’une est capable d’envoyer des décharges de 860 volts ! Les plus puissantes jamais enregistrées dans le monde animal, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications.

Les anguilles électriques sont parmi les plus grands prédateurs du monde. Combien d’autres créatures peuvent donner un choc qui peut paralyser un cheval ? Mais leurs super pouvoirs sont encore plus impressionnants que nous le pensions : ils n’utilisent pas l’électricité uniquement pour attaquer, mais aussi pour voir, expliquait le site de vulgarisation scientifique brésilien gizmodo, ajoutant que « L’anguille peut utiliser ses attaques électriques à la fois comme une arme et un système sensoriel ».

Connues depuis plus de 250 ans, les anguilles électriques peuvent mesurer jusqu’à 2,50 mètres, étaient jusqu’ici affiliées par les scientifiques à une seule espèce. L’identification de deux nouvelles variétés souligne à quel point la richesse de la biodiversité en Amazonie reste méconnue, selon cette étude menée au Brésil, en Guyane, au Guyana et au Surinam.

« Pouvoir encore trouver de nouveaux poissons d’une telle taille dans la forêt amazonienne, en dépit des activités humaines qu’elle subit depuis 50 ans, montre qu’il reste énormément d’espèces à découvrir, dont beaucoup pourraient servir à la recherche médicale, ou susciter des avancées technologiques » explique à l’AFP Carlos David de Santana du muséum d’histoire naturelle Smithsonian à Washington, qui a dirigé les recherches.

Cette découverte « renforce la nécessité de préserver la plus grande réserve de biodiversité de la planète », ajoute le chercheur.

Le nom « anguille électrique » est d’ailleurs impropre, explique C. David de Santana, zoologiste au Natural History Museum. Les animaux sont en fait un poisson-couteau en forme d’anguille ; contrairement aux anguilles proprement dites, elles résident en eau douce et non en eau salée et ont besoin d’oxygène pour survivre. Trois organes électriques constituent 80 % de leur corps et émettent des impulsions électriques qui peuvent être faibles (communiquer et naviguer) ou très fortes (chasser ou se défendre).

 Les anguilles électriques, qui sont, malgré leur nom, plus proches des poissons que des vraies anguilles, passionnent les scientifiques de longue date du fait de leur capacité à produire de l’électricité (comme une batterie biologique) leur permettant, par un mécanisme d’électrochocs, de paralyser leurs proies à distance.

Leur anatomie a inspiré le physicien italien Alessandro Volta, l’inventeur de la première pile électrique — la pile voltaïque — en 1799. Elle a aussi servi la recherche sur les maladies neurodégénératives et, plus récemment, sur la pile à hydrogène pour implants médicaux.

Carlos David de Santana et son équipe ont découvert ces deux nouvelles espèces en étudiant l’ADN de 107 spécimens.

L’une d’elles, appelée Electrophorus voltaï, localisée au Brésil, est capable de produire des décharges allant jusqu’à 860 volts, soit 200 volts de plus que l’espèce déjà connue. Les scientifiques ont mesuré la force des décharges électriques des poissons dans des piscines gonflables et ont remarqué que E. voltai se démarquait avec une puissance incroyabel de 860 volts, soit plus de 200 volts au-dessus du maximum enregistré précédemment. (La batterie moyenne d’une voiture est d’environ 12 ou 13 volts). Les scientifiques ont nommé E. voltai en hommage au physicien du début du XIXe siècle, Alessandro Volta, qui a inventé la batterie électrique inspirée de l’anguille. L’autre espèce est baptisée E. varii en mémoire du regretté ichtyologiste du Smithsonian, Richard Vari, qui a contribué à cette étude.

Pour mieux comprendre la relation entre les trois espèces, les chercheurs ont inversé l’ingénierie génétique de leur arbre généalogique ancestral en utilisant l’ADN mitochondrial hérité par la mère ainsi que l’ADN nucléaire, qui provient des deux parents. Les scientifiques s’attendent à ce que les changements génétiques s’accumulent à une vitesse constante, à la manière d’une horloge, de sorte que plus il y a de différences génétiques plus de temps s’est écoulé depuis que deux espèces ont partagé un ancêtre commun. Sur la base de ces calculs, E. varii a divergé par rapport aux ancêtres des autres espèces d’anguilles électriques il y a 7,1 millions d’années, un peu avant la vie des premiers homininés connus. E. electricus et E. voltai se sont ensuite divisés en deux espèces, il y a environ 3,6 millions d’années.

Environ 250 espèces de poissons électriques vivent en Amérique du Sud. Tous produisent du courant électrique pour communiquer ou s’orienter, mais les anguilles électriques sont les seules à l’utiliser aussi pour chasser ou se défendre.

En conclusion les chercheurs insistent sur le fait que de très nombreuses espèces attendent d’être découvertes, d’où la nécessité de protéger la biodiversité. Avec le gouvernement actuel du Brésil, ce n’est pas gagné !