Brésil : Le leader indigène Paulinho Paiakan décède victime de la Covid-19

Le sénateur Paulo Rocha (PT-PA) a été informé que Payakan devait être transféré en soins intensifs aux urgences de Belém. Finalement, le transfert n’a pu se faire. Le cacique est décédé à l’hôpital municipal de Redencao où il avait été admis il y a une semaine avec les symptômes du virus. Il a joué un rôle majeur dans la lutte indigène du pays, en particulier dans les années 1980, aux côtés du chef Raoni Metuktire, en particulier contre l’avancée de la centrale hydroélectrique de Belo Monte.

Il avait été un des principaux dirigeants de la réunion des peuples autochtones Xingu, dans les années 1980. Il avait été accusé de viol sur une étudiante et même condamné par la 2e chambre criminelle de la Cour de justice du Pará. Mais une contre-enquête a démontré qu’ils s’agissait d’une machination et il a été blanchi et libéré après plusieurs années de prison. Cette mésaventure a eu lieu alors que son nom était évoqué pour le Prix Nobel de la paix.

« C’est quelqu’un qui a travaillé toute sa vie pour créer des alliances mondiales autour des peuples indigènes pour sauver l’Amazonie et pour unir les peuples indigènes », a indiqué Gert-Peter Bruch, président de l’ONG française Planète Amazone (voir également sur ce site). « C’était vraiment un chef qui avait énormément d’avance sur son temps. On perd un guide, quelqu’un d’extrêmement précieux qui détenait aussi les savoirs de son peuple (…) un des pionniers de cette lutte indigène qu’il a réussi à exporter à l’international », a ajouté Gert-Peter Bruch.

La Banque mondiale avait finalement retiré ses financements au barrage de Belo Monte, mais cela n’a pas empêché sa construction, totalement achevée en 2019, dans l’État du Pará.

Néanmoins, il était une voix forte et écoutée contre Jair Bolsonaro et la volonté du gouvernement de livrer la forêt amazonienne aux activités agricoles et minières.

Près de 5 500 autochtones ont été contaminés par le Covid-19 et 287 sont morts, selon l’APIB, l’Association des peuples indigènes du Brésil. Tout récemment, un adolescent d’une quinzaine d’années est décédé de la Covid.

On pense que le chef Payakan avait entre 65 et 70 ans.

 

Lire le reportage de Nathalie Maranelli sur le site de l’Obs en plusieurs épisodes (accessible aux non-abonnés) :

Au fond de l’Amazonie aussi, on meurt du Covid-19

PARIS-AMAZONIE. À l’heure où la plus grande forêt de la planète est si menacée, la romancière franco-brésilienne Nathalie Maranelli nous livre une série de récits sur ce monde qu’elle connaît bien.