Brésil : ONG et agro-négoce unis contre la déforestation !

Unité de façade, opportunisme ou vraie prise de conscience ?

En attendant, le Brésil brûle toujours…

Une coalition inédite de 230 associations de défense de l’environnement et de représentants de l’agro-négoce au Brésil a envoyé une lettre à Bolsonaro avec des propositions pour freiner la déforestation en Amazonie. Elle n’a jamais été aussi forte, accélérée par des incendies volontaires dévastateurs.

C’est donc une alliance inattendue, alors que les géants de l’agroalimentaire, comme JBS, numéro un mondial de la viande et membre de cette coalition, ont été accusés d’exporter des produits issus de la déforestation.

« Brésil, Climat, Forêts et Agriculture » regroupe d’autres géants de l’agro-alimentaire dont Danone, Unilever, Cargill, Amaggi…

Certaines de ces multinationales sont associées à des ONG comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) ou Imazon. Cette alliance est révélatrice. De plus en plus de grandes entreprises prennent régulièrement position sur les sujets liés au climat, à la pollution, au massacre de la nature. Elles craignant surtout que la mauvaise image du Brésil en matière de protection de l’environnement nuise aux exportations.

La missive a été envoyée mardi au chef de l’État brésilien et à plusieurs ministres.

La politique environnementale du gouvernement Bolsonaro est fortement critiquée, alors que le nombre de foyers d’incendie enregistrés sur la première quinzaine de septembre en Amazonie est déjà supérieur au total enregistré pour ce même mois de l’année en 2019 !

On peut lire dans le texte le passage suivant :

« En mettant fin aux régularisations [en fait accaparement des terres], on agit sur la principale motivation des invasions illégales de terres et, par conséquent, de la déforestation » alors que le gouvernement Bolsonaro veut ouvrir les territoires indigènes à l’exploration minière et agricole. Le président d’extrême droite a qualifié les ONG écologistes de « cancer ».

Les incendies envahissent déjà près de la moitié des terres indigènes du Pantanal. Principalement dans l’État brésilien du Mato Grosso do Sul, mais aussi dans celui du Mato Grosso et en partie en Bolivie (le Pantanal bolivien) et au Paraguay. C’est la plus grande zone humide de la planète, une immense plaine d’une superficie estimée entre 140 000 km² et 195 000 km². Les données indiquent qu’une partie des incendies a commencé sur des terres privées ; les autochtones rapportent que « le feu est venu de l’extérieur » et « a tout détruit ».

Rien qu’en septembre, 164 incendies se sont propagés sur les terres autochtones. Plus de 200 en août. Près de la moitié des zones indigènes régularisées de la région font déjà face à des incendies qui ont entouré les villages, détruit les maisons et les cultures et conduit à des hospitalisations pour des problèmes respiratoires. Ces conclusions sont le résultat d’une enquête de l’Agence publique basée sur des données satellitaires de l’Institut national de recherche spatiale (Inpe). L’enquête, qui a analysé tous les foyers d’incendie enregistrés dans le Pantanal en 2020, a révélé que le nombre avait commencé à augmenter fin juillet, mais avait explosé en août et septembre…

« Je n’avais aucune idée de l’impact environnemental d’un incendie. Voir des animaux morts, des flammes de 25 mètres de haut arriver sans issue possible, c’est quelque chose qui vous change complètement », témoigne Eduarda Fernandes, guide touristique. « La terre est coupée par la rivière São Lourenço : la rive gauche de la rivière a pris feu, entourée de deux villages, le pont a brûlé. Ensuite, le feu s’est avancé vers le village de Córrego Grande, qui a été le plus touché. Nous avons des personnes âgées, des femmes enceintes, des femmes puerpérales [des femmes qui ont récemment accouché], des enfants », a expliqué Estevinho, un habitant rencontré par le quotidien El Paìs. Selon un autre habitant, les incendies avaient d’abord commencé à l’extérieur du Pantanal, dans la région de Cerrado de Tadarimana, qui se trouve dans la municipalité voisine de Rondonópolis, une région de plantations de soja, de coton et de maïs. « En juillet, les incendies ont détruit 60 % de Tadarimana ». Déjà, maintenant en septembre, avec la migration des incendies vers la région de Tereza Cristina et d’autres terres des Bororo dans le Pantanal, les peuples autochtones ont dû quitter leurs maisons et se réfugier ailleurs, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.