Le Paraguay convoque l’ambassadeur du Brésil à Asunción dans une affaire d’espionnage
L’opération remonte à 2022, sous le gouvernement de Jair Bolsonaro, dans le cadre des négociations sur les tarifs du barrage hydroélectrique binational d’Itaipu.
Le barrage d’Itaipu correspond à la centrale hydroélectrique d’Itaipu. Il est situé sur le rio Paraná, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay et a été construit par les deux pays entre 1975 et 1982. La centrale est aujourd’hui la troisième au monde en puissance installée et reste la première en quantité cumulée d’énergie produite. Son nom signifie « la pierre qui chante » en guarani et fait référence à la petite île située sur le fleuve avant les travaux.
Le lac de retenue a une superficie de 1 350 km2, allant de Foz do Iguaçu au Brésil à Ciudad del Este au Paraguay, jusqu’à Guaíra et Salto del Guairá 150 km au nord. Itaipu Binacional mesure 7 919 mètres de long et atteint une hauteur de 196 mètres, soit l’équivalent d’un immeuble de 65 étages.
Le gouvernement paraguayen a convoqué lundi l’ambassadeur du Brésil à Asunción, José Antônio Marcondes de Carvalho, pour qu’il lui fournisse des « informations détaillées » sur une affaire d’espionnage informatique contre de hauts fonctionnaires paraguayens menée par l’Agence brésilienne de renseignements (ABIN). « Il s’agit d’une violation du droit international, de l’ingérence d’un pays dans les affaires intérieures d’un autre », s’est plaint le ministre des affaires étrangères, Ruben Ramirez, lors d’une conférence de presse. La protestation diplomatique signifie la suspension indéfinie de « toutes les négociations » que les deux pays mènent sur les tarifs du barrage hydroélectrique d’Itaipú, partagé par les deux pays, jusqu’à ce que le Brésil fournisse « les clarifications correspondantes à la satisfaction du Paraguay », a averti le ministre des Affaires étrangères.
L’agence UOL a révélé qu’ABIN a piraté des ordinateurs paraguayens pour accéder à des informations secrètes liées aux négociations commerciales bilatérales sur Itaipu. Les informations initiales indiquaient que l’opération était planifiée pendant le mandat de Jair Bolsonaro (2019-2022), mais mise en branle par le directeur de l’agence déjà nommé par Luiz Inácio Lula da Silva, au pouvoir depuis le 1er janvier 2023. « Le gouvernement du président Lula nie catégoriquement toute implication dans l’action de renseignement, dénoncée aujourd’hui [lundi], contre le Paraguay, pays membre du Mercosur avec lequel le Brésil entretient des relations historiques et un partenariat étroit », selon la note publiée par le ministère des Affaires étrangères quelques heures après la révélation.
Sources : Noticias UOL (Brésil), Última Hora (Paraguay), archives personnelles.