Le Brésil au fond du trou, creuse encore…

La destruction de la plus grande zone humide tropicale de la planète constitue une menace pour la biodiversité et prive de ressources vitales les Amérindiens et la faune. Et pendant ce temps la crise économique et sanitaire fait d’autres ravages.

Depuis le mois de janvier, de gigantesques incendies déclenchés par les gros agriculteurs travaillant pour l’industrie agro-alimentaire pour défricher les terres ont réduit en cendres près de 20 % de l’habitat des fauves dans la partie brésilienne du Pantanal, la plus grande zone humide de la planète. Alors que l’Amazonie, dont la taille équivaut à 30 fois celle du Pantanal, fait régulièrement les gros titres au sujet de ses feux de forêt, de tels brasiers ne sont pas communs dans le Pantanal, mais cette année, les plus grands incendies du Pantanal sont quatre fois plus grands que ceux de l’Amazonie comme en témoignent les images satellites de la NASA, souligne The National Geografic. Le quotidien international El Paìs rapporte que les incendies ont déjà ravagé près de la moitié des terres indigènes du Pantanal. Les données indiquent qu’une partie des incendies a commencé sur des terres privées. Les peuples autochtones rapportent que « le feu est venu de l’extérieur » et « a tout détruit ».

La crise économique brésilienne

Après un demi-siècle de présence, Sony annonce la fermeture de son usine de Manaus. Le géant japonais n’est pas le seul à revoir ses investissements à la baisse au pays de Bolsonaro. Le mois dernier, les investissements directs étrangers ont chuté de… 85 % par rapport à août 2019 ! Sur les huit premiers mois de l’année, le total a atteint 27 milliards de dollars, en chute de 41 % sur un an.

Les chiffres de la banque centrale viennent ainsi démentir l’optimisme affiché par Jair Bolsonaro, à la tribune de l’ONU, lorsqu’il a évoqué « une augmentation des investissements… qui montre bien la confiance du monde envers notre gouvernement », souligne l’hebdomadaire Revista Econômica.

La Covid, mais pas que…

Certes, le pays souffre de l’impact de la pandémie et de la crise sanitaire qui s’éternise. La longue période de confinement a perturbé l’activité économique. Durement touchée, l’industrie automobile a levé le pied. Renault, par exemple, vient de boucler un cycle d’investissement quinquennal avec le lancement de la nouvelle Duster, et ne prévoit pas d’en annoncer un autre. Mais c’est aussi les déclarations à l’emporte-pièce du président d’extrême droite et le manque de confiance des investisseurs en l’économie brésilienne. Bien avant la pandémie, Ford avait fermé ses usines de camions dans l’État de São Paulo.

Même si la récession devait être moins prononcée que prévu, les perspectives de reprise demeurent floues explique le quotidien français Les Échos. Les incertitudes persistent sur plusieurs fronts. Budgétaire, tout d’abord. « Le Brésil enregistre le plus grand déficit au sein des marchés émergents », note l’Institute of International Finance (IIF), de l’ordre de 9 % du PIB. « La fragilité des finances publiques préoccupe les investisseurs, ainsi que sa capacité à éviter une détérioration budgétaire permanente, précise son chef économiste pour l’Amérique latine, Martin Castellano. Le déclin des investissements directs étrangers est lié à la fois aux faibles perspectives de croissance et aux coûts élevés de refinancement de la dette, en raison des problèmes budgétaires ». En fait, cette crise économique fragilise le Brésil depuis 2015/2016. L’un des symptômes de la crise est la forte récession économique. C’est la pire récession de l’histoire du pays. Il y a eu une diminution du Produit intérieur brut (PIB) pendant deux années consécutives.

Le Brésil est en récession. Il l’est depuis avant la pandémie. Selon les prévisions de la Fondation Getulio Vargas, les mois d’avril, mai et juin représentent le pire trimestre depuis quarante ans en matière de performance économique. Et, selon la revue Poder360 ce sera pire pour ce trimestre ! « Le pays se décompose » écrivait la semaine dernière un éditorialiste. Sur le plan économique, sanitaire, culturel, mais aussi moral : « Bolsonaro est plus soucieux de protéger ses fils [de la justice] que de gérer le pays, écrit un autre.

Des chiffres ahurissants : 

    Les écoliers brésiliens ne sont plus retournés à l’école depuis… 220 jours !

    La monnaie nationale (le réal) a perdu 21,06 % par rapport au dollar. Sa valeur a été divisée par deux depuis 2016 !

    La production industrielle a chuté de 25 à 33 % au premier semestre 2020 (en fonction des secteurs et des régions).

    32 000 000 de Brésiliens n’ont plus aucune ressource financière.

   11 000 000 d’entre eux sont en « insécurité » alimentaire.

   65 millions de personnes, soit 30 % de la population, survivent grâce aux aides d’urgence distribuées par des ONG ou des groupes de citoyens.