Crime raciste

Carrefour Brésil dans la tourmente

Après le décès d’un homme frappé par un vigile et un policier militaire stagiaire, l’enseigne est dans le viseur de la justice. Le 19 novembre dernier, un homme noir a été frappé à mort par un vigile et un policier dans l’hypermarché Carrefour de Porto Alegre, dans le sud du pays.

Une vidéo, largement relayée sur les réseaux, montre Joao Alberto Silveira Freitas, un Noir de 40 ans, immobilisé par deux vigiles blancs et violemment frappé jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Le ministère public brésilien a ouvert une procédure contre Carrefour Brasil, la filiale de l’enseigne française, et lui réclame la somme de 200 millions de R $, soit environ 31,5 millions d’€.

Par ailleurs, en plus de cette somme, le ministère public a demandé à la justice de fermer le magasin où a eu lieu le drame. Les autorités craignent en effet de nouvelles violences. La semaine dernière, des manifestants ont brisé des vitres et ont attaqué des véhicules situés sur le parking.

Des manifestations plus ou moins violentes ont eu lieu dans tout le pays et des appels au boycott de l’enseigne ont été lancés et relayés sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, une responsable du magasin a été arrêtée en tant que « coauteure » présumée du meurtre. Elle apparaissait dans la vidéo au côté des deux hommes lorsqu’ils frappaient la victime sans intervenir. « Elle avait autorité sur les deux surveillants. Du fait de son poste, la loi la considère comme coauteure du meurtre. Son placement en détention provisoire a été demandé », a déclaré en conférence de presse une enquêtrice de la police, Vanessa Pitrez, citée par le portail d’information UOL. Selon une vidéo choquante diffusée par les médias, la superviseuse apparaissait aux côtés des deux surveillants lorsque ceux-ci s’acharnaient sur Joao Batista Rodrigues Freitas, sur le parking du Carrefour, où il a été battu à mort. Les deux gardiens ont été écroués.

Carrefour a annoncé la création d’un fond de 25 millions de réaux (un peu moins 4 millions d’euros) pour promouvoir des actions contre le racisme au Brésil. Alexandre Bompard, le patron français de Carrefour s’était pour sa part exprimé en portugais sur Twitter :

« Tout d’abord, je voudrais exprimer mes sentiments les plus profonds après le décès de M. João Alberto Silveira Freitas. Les images publiées sur les réseaux sociaux sont insupportables (…) J’ai demandé aux équipes du Grupo Carrefour Brasil de collaborer pleinement avec la justice et les autorités pour que les faits de cet acte horrible puissent être mis au jour. Des mesures internes ont été immédiatement prises par le groupe Carrefour Brasil (…) Ces mesures sont insuffisantes. Mes valeurs et les valeurs de Carrefour ne sont pas en accord avec le racisme et la violence ». Une journaliste lui a répondu : « Il faut aller plus loin. Développer une vision antiraciste dans l’entreprise, un programme à long terme pour garantir la diversité, l’égalité et l’inclusion, reprogrammer l’objectif que l’entreprise devrait avoir au Brésil, en plus du profit ».

Carrefour est installé au Brésil depuis une trentaine d’années. C’est son deuxième marché après la France. Il vient de se renforcer en rachetant ou créant trente supermarchés sur l’ensemble du territoire brésilien. Sur ce créneau des grands magasins alimentaires, en partie axé sur de la vente en gros, Carrefour est déjà le leader avec sa propre enseigne Atacadão.