Pour l’écrivain brésilien Milton Hatoum, Bolsonaro s’attaque aux plus vulnérables

Milton Hatoum, 68 ans, traducteur, romancier a été interviewé par l’hebdomadaire français l’Express. Inconséquent dans sa gestion du Covid, le président brésilien menace en outre gravement la démocratie, selon lui. Figure de la littérature contemporaine, le romancier Milton Hatoum est bien placé pour évoquer les ravages du Covid-19 au Brésil. Il déclare notamment : « Manaus est devenue une nécropole. Je n’en suis pas surpris. L’État d’Amazonas [dont la ville est la capitale] est gouverné depuis toujours par un populisme corrompu qui ne s’est jamais soucié de santé publique ni de rien d’autre d’ailleurs. Le gouverneur actuel, qui est un allié de Jair Bolsonaro, n’y échappe pas ».

Milton Hatoum, né le  (68 ans) à Manaus, est un écrivain brésilien d’ascendance libanaise

À la question de Chantal Rayes, « Bolsonaro incarne-t-il, comme on le dit souvent, le Brésilien moyen, qui serait raciste, machiste et autoritaire ? », Milton Hatoum répond : « Quelque 25 à 30 % de la population se reconnaissent dans ses idées. C’est considérable, mais ce n’est pas le Brésilien moyen. Pour se faire élire, il s’est attiré des électeurs qui, sans être d’extrême droite, partagent avec lui la détestation de la gauche. Le tout, sur fond de marasme économique et de corruption généralisée dans le corps politique. Cela étant dit, par sa gestuelle mimant l’exécution de ses adversaires, par son éloquence grossière, Bolsonaro sait exploiter ce côté sombre, « conradien » qu’il y a en chacun de nous et que nous refoulons. Avec lui, une digue s’est rompue, libérant le racisme, le machisme, l’homophobie, la haine… Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui sont taxés de « communistes », un mot qui fait encore peur au Brésil. Même TV Globo, un média de droite, serait « communiste » ! (Rires). Nous revenons à ce « tout petit fascisme » dont parlait déjà l’auteur Graciliano Ramos dans son classique des années 1930, Mémoires de prison ».

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