Des ONG saisissent la justice française pour conditionner des prêts accordés par BNP Paribas à une entreprise brésilienne de transformation de la viande à un plan de prévention de la déforestation et du recours au travail forcé.

Deux organisations qui luttent pour les droits sociaux et environnementaux, la Commission brésilienne des terres pastorales et l’organisation française Notre Affaire À Tous, ont déposé une plainte en France pour bloquer les prêts accordés par BNP Paribas, à l’entreprise brésilienne de transformation de la viande, Marfrig.

Elles demandent que les contrats soient résiliés et que la banque soit condamnée à une amende de 10 000 € par jour, à moins que les prêts ne soient conditionnés à l’application d’une analyse de risque rigoureuse et d’un plan de prévention de la déforestation et du recours à un travail analogue à l’esclavage. L’entreprise a, comme beaucoup d’autres du secteur, été souvent confrontée à des plaintes pour non-respect de la législation sur le travail et des droits humains.

« Les fournisseurs de Marfrig sont impliqués dans des activités qui ont conduit à une grave déforestation de l’Amazonie, à l’appropriation illégale de terres situées dans des territoires indigènes et au travail forcé », accusent les ONG, selon une déclaration envoyée à la presse. Une partie des preuves à l’appui de l’action française a été extraite des enquêtes menées par Repórter Brasil sur les fournisseurs de l’entreprise de transformation de la viande, qui ont notamment permis de découvrir que Marfrig abattait des bovins élevés sur la terre indigène Apyterewa, à São Félix do Xingu, dans le Pará.

En d’autres termes, les organisations affirment que le financement et les services financiers fournis par BNP Paribas à Marfrig entraînent la déforestation et le travail forcé au Brésil, sans que la banque ne s’en préoccupe vraiment.

En réponse aux plaintes soulevées par les ONG, BNP Paribas a détaillé certaines de ses politiques de financement des secteurs du bétail et du soja dans le Cerrado et l’Amazonie brésilienne, et a mis en avant des analyses récentes qui évaluent positivement la stratégie de l’institution en matière de préservation de la biodiversité.

« En tant que première banque européenne, nous sommes significativement exposés à d’éventuelles actions en justice de la part des ONG, bien que, paradoxalement, nos politiques sectorielles soient parmi les plus strictes du secteur », indique une note de BNP, qui préconise également « l’engagement collectif de toutes les institutions financières concernées » par la question. « Le simple fait de cesser de financer ces acteurs n’aurait aucun impact positif sur leurs pratiques, car ils continueraient à s’appuyer sur un nombre suffisamment important de créanciers pour leurs activités ».

Pour sa part, Marfrig a renforcé « son engagement à faire en sorte que sa chaîne d’approvisionnement soit totalement exempte de déforestation d’ici 2025 ».