Il vivait clandestinement à l’ambassade des Pays-Bas puis il a été pris en charge par la représentation diplomatique espagnole qui l’a exfiltré via la République Dominicaine à bord d’un avion militaire espagnol vers Madrid ce dimanche.

Depuis que la répression s’est abattue sur le Venezuela, faisant au moins une trentaine de morts, 200 blessés et plus de 3000 arrestations depuis le 28 juillet, les ambassades servent de refuge aux opposants persécutés. Celle d’Argentine (sous la responsabilité du Brésil depuis que le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec Buenos Aires) est assiégée. Celle d’Espagne a vu arriver le président élu (selon tous les observateurs) Edmundo González Urrutia. Fatigué par un mois de clandestinité (il a 75 ans), il a été exfiltré ce dimanche vers l’Espagne à bord d’un avion militaire. M. Urrutia était sous le coup d’un mandat d’arrêt et sa vie était sérieusement menacée.

Le candidat de l’opposition vénézuélienne, qui a représenté María Corina Machado lors des dernières élections présidentielles, dont le résultat est toujours très contesté, a tenu une réunion ce samedi matin avec des diplomates espagnols dans une ambassade européenne. Selon les mêmes sources, l’ancien président José Luis Rodríguez Zapatero aurait joué un rôle clé dans ces démarches.

L’opération diplomatique qui a conduit à l’octroi de l’asile à González Urrutia se serait déroulée sur les deux dernières semaines. L’Espagne insiste sur le fait que c’est Edmundo lui-même qui a demandé l’asile, mais d’autres sources au fait des négociations affirment que tout est parti d’une négociation impliquant même les frères Rodríguez, Delcy et Jorge, les opérateurs politiques les plus proches du président Nicolás Maduro. Samedi, lors du Comité fédéral du PSOE, le président Pedro Sánchez a qualifié González Urrutia, que la justice chaviste poursuivait pour cinq délits incohérents, de « héros » et a assuré que l’Espagne ne l’abandonnerait pas. Selon ce que le gouvernement néerlandais a révélé dans une lettre adressée à son Parlement, le candidat de l’opposition s’était réfugié dans son ambassade à Caracas depuis les élections vénézuéliennes du 28 juillet et c’est jeudi dernier qu’il s’est installé dans la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Caracas, avant de quitter le pays pour l’Espagne. Ce samedi, alors que les sauf-conduits étaient préparés pour qu’il puisse arriver à l’aéroport et quitter le pays sans être arrêté par les autorités, un avion militaire espagnol l’attendait en République dominicaine pour l’emmener à Madrid.

 Pour l’instant, rien n’indique que d’autres opposants ou María Corina Machado, leader incontesté de l’opposition, envisagent de suivre le même chemin que González Urrutia, qui a décidé de demander l’asile en Espagne accompagné de sa femme pour éviter la prison qui l’attend selon toute vraisemblance. L’Espagne ne l’offre à personne, mais si les demandes se multiplient, elle les acceptera. 100 000 Vénézuéliens ont déjà bénéficié d’un régime spécial mis en place par l’Espagne en raison des tensions dans le pays.  

Pour Mme Machado, on sait seulement qu’elle vit actuellement dans la clandestinité, quelque part au Venezuela. Elle n’apparaît plus en public.