Ses proches ont indiqué que des hommes cagoulés, membres des services de renseignement, l’avaient enlevé mercredi après-midi.

 Le corps d’Edwin Santos, 36 ans, dirigeant du parti Voluntad Popular, a été retrouvé sur une route dans la zone frontalière entre les États d’Apure et de Táchira, dans le sud-ouest du Venezuela. Des membres de sa famille ont signalé qu’il avait été enlevé cette semaine par des hommes cagoulés et vêtus de noir, qui, selon eux, seraient des agents du Service bolivarien de renseignement (Sebin), alors qu’il se rendait en moto à El Piñal, où il vivait. Deux semaines auparavant, M. Santos avait publié sur son compte Tiktok une vidéo dénonçant l’état du pont qui relie la route El Nula-El Piñal, tout près de l’endroit où le corps et la moto qu’il conduisait ont été retrouvés. Le directeur du Corps d’Investigations Scientifiques, Criminelles et Criminalistiques (CEPIC), Douglas Rico, a souligné ce vendredi que l’information attribuant la mort de Santos à des fonctionnaires chavistes est « une campagne médiatique de désinformation ». 

 Les militants des droits de l’homme ne croient pas à la version officielle (un simple accident de la circulation) et ont mis en garde contre une possible exécution extrajudiciaire. L’ONG Provea a demandé une enquête sur la mort du leader, père de deux enfants mineurs. Pendant les élections présidentielles, Edwin Santos a dirigé le commandement de l’opposition dans la paroisse de San Camilo à El Nula, dans l’État d’Apure. 

 María Corina Machado, leader de l’opposition, a exprimé sa condamnation de sa mort et a dénoncé l’escalade de la persécution et le siège contre ceux qui sont en dissidence avec le gouvernement. « Edwin a été enlevé mercredi alors qu’il rentrait chez lui, selon des témoins, par des agents de sécurité du régime. Son corps a été retrouvé aujourd’hui près du pont de Nulita dont il s’était tant plaint de l’état désastreux. Nous sommes passés à un autre niveau de violence et de méchanceté. Un citoyen est kidnappé pour des raisons politiques, tué sous l’emprise des forces de sécurité et son corps est abandonné dans la rue », dans un message publié sur ses réseaux sociaux. « Pas un mort de plus et pas un prisonnier de plus ! Nous exigeons que la justice internationale s’applique face aux crimes contre l’humanité qui se multiplient au Venezuela ». 

 E. Santos était l’un des fondateurs du parti Voluntad Popular avec le leader politique en exil Leopoldo López. L’organisation a déclaré dans un communiqué que jeudi après-midi, un jour après sa disparition, elle a confirmé que M. Santos se trouvait au siège de la Direction générale du contre-espionnage militaire à Guasdualito, à l’autre bout de l’État d’Apure, à plus de trois heures de route de l’endroit où il a été emmené. « Ce qui est arrivé à Edwin Santos confirme la continuité des politiques de répression, de persécution et d’assassinat d’un régime criminel faisant l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité », affirme le parti, qui réclame une enquête indépendante. Depuis son exil, le candidat Edmundo González a également demandé que justice soit faite dans cette affaire. « Je suis très attentif à l’enquête. La vérité doit être connue de tout le pays. Edwin était un jeune homme engagé en faveur de la démocratie, de sa famille et de sa communauté. Le Venezuela veut et a besoin de la vérité », a-t-il déclaré dans un message publié sur les réseaux sociaux. 

   

 Sources : Provea, El País (Americas), réseaux sociaux, Gazeta do Povo (Br)