L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a été inculpé par le procureur général pour avoir fomenté un coup d’État en 2022 après sa défaite face à Luiz Inácio Lula da Silva. Il est accusé d’avoir dirigé une organisation criminelle visant à renverser la démocratie brésilienne. Parmi les accusations, il aurait envisagé d’empoisonner Lula et son vice-président.
Bolsonaro rejette ces accusations, qualifiant le procès de chasse aux sorcières politique orchestrée par une justice partiale. Ses avocats assurent qu’il n’a jamais soutenu une attaque contre les institutions démocratiques brésiliennes.
Si la Cour suprême le condamne, il risque la prison et sera inéligible en vertu de la loi anti-corruption qu’il avait lui-même soutenue en 2010. Cette loi empêche une personne condamnée en appel de se présenter à une élection. Or, Bolsonaro et ses alliés tentent maintenant de modifier cette législation pour lui permettre de se représenter en 2026.
Les enjeux législatifs et constitutionnels :
- Bolsonaro mise sur un « blitz législatif » pour réviser la loi dite du casier judiciaire vierge, qui l’empêcherait de se présenter.
- Une révision constitutionnelle serait nécessaire s’il est condamné, mais cela nécessiterait une majorité de 60 % au Congrès, un obstacle difficile à surmonter.
- Son interdiction politique ne vient pas seulement de cette affaire : en 2023, le Tribunal électoral fédéral (TSE) l’a déjà déclaré inéligible jusqu’en 2030 pour avoir attaqué la légitimité du système de vote électronique lors de sa campagne de 2022.
Les facteurs politiques actuels :
- La popularité en chute libre de Lula (seulement 24 % d’approbation en février selon Datafolha) pourrait favoriser un retour de Bolsonaro, en particulier si son mouvement de droite réussit à rassembler une opposition plus forte au Congrès.
- Les alliés de Bolsonaro s’en prennent également à la Cour suprême, qu’ils accusent de partialité, en espérant mobiliser une opposition conservatrice.
- La sphère médiatique pro-Bolsonaro, dont Trump Media & Technology Group et Rumble, s’attaque au juge Alexandre de Moraes, en charge du dossier Bolsonaro, l’accusant de censure illégale.
L’affaire Bolsonaro s’inscrit dans un contexte plus large de polarisation politique au Brésil.
Elle rappelle plusieurs situations récentes :
Le cas Lula en 2018 : Lula avait lui-même été empêché de se présenter à la présidentielle après une condamnation pour corruption (plus tard annulée par la Cour suprême). Cette décision avait ouvert la voie à la victoire de Bolsonaro.
La radicalisation du bolsonarisme : Depuis la défaite de Bolsonaro en 2022, ses partisans ont contesté les résultats électoraux, ce qui a culminé avec l’assaut du 8 janvier 2023 contre les institutions brésiliennes, inspiré de l’attaque du Capitole aux États-Unis.
L’influence de l’extrême droite internationale : Bolsonaro a maintenu des liens étroits avec Donald Trump et son entourage, partageant des stratégies similaires pour délégitimer les institutions démocratiques et semer le doute sur les résultats électoraux.
Sources : Datafolho, Globo, archives personnelles