Paulo Arantes : « Le Venezuela est le miroir symétrique d’un bolonarisme consolidé et triomphant » 

Le temps peut venir où Bolsonaro refuse de lâcher le pouvoir, dit un éditorialiste (voir sur la version portugaise sur ce site). Ce texte est publié sur le blog du philosophe Leonardo Sakamoto en réaction à la nouvelle sortie d’un des fils du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

« Par la voie démocratique, la transformation voulue par le Brésil n’aura pas lieu à la vitesse que nous désirons », a écrit tard lundi Carlos Bolsonaro, 36 ans, deuxième fils du chef de l’État.

Le conseiller municipal de Rio a publié mardi un message dans lequel il affirme avoir été mal interprété. « J’ai dit que les choses ne changent pas vite par la voie démocratique. C’est un fait. C’était pour répondre à ceux qui réclament des changements dans l’urgence », a-t-il tenté d’expliquer.

Surnommé le pitbull de Jair Bolsonaro ce conseiller municipal de Rio de Janeiro est un des artisans d’une stratégie de communication sur les réseaux sociaux qui a été déterminante dans la victoire de son père.

« Que nous manque-t-il pour comprendre que Bolsonaro est en train de préparer un coup d’État fasciste contre la démocratie et la société brésilienne ? Carlos Bolsonaro, son fils préféré, vient de l’assumer explicitement », a déclaré sur Twitter la députée de gauche Taliria Petrone.

Le tweet de Carlos Bolsonaro a également été fortement critiqué par des alliés du gouvernement. Le président du Sénat, David Acolumbre a affirmé mardi que les déclarations du fils du président ne lui inspiraient que du mépris. Le vice-président, le général Hamilton Mourao, a dit pour sa part que la démocratie était un pilier de la civilisation occidentale.

Jair Bolsonaro, ex-capitaine de l’armée, a toujours exprimé son admiration pour la dictature militaire brésilienne (1964-1985) et a multiplié les dérapages au sujet des opposants disparus lors de ces années de plomb tout en insultant la mémoire du père de Michelle Bachelet, victime de Pinochet.

Un autre de ses fils, le député Eduardo, troisième de la fratrie, a également déclenché une polémique, en publiant une photo de lui avec un pistolet à la ceinture alors qu’il rendait visite à son père… à l’hôpital !

Eduardo Bolsonaro, que son père doit nommer prochainement ambassadeur du Brésil aux États-Unis, avait déjà défrayé la chronique par le passé en déclarant qu’il suffirait « d’un soldat et d’un caporal » pour fermer la Cour suprême ».

« Cela étant, est-il possible de dire que le président déteste la démocratie ? Haïr la démocratie présuppose qu’il connaisse la nature intrinsèque de ce à quoi il fait face. Il s’en fiche, ça n’existe pas pour lui », écrivait donc Leonardo Sakamoto hier soir (mardi 10/09).

Paulo Arantes, l’un des plus importants penseurs brésiliens, qui a formé pendant des décennies des philosophes à l’Université de São Paulo, s’est entretenu avec Sakamoto. Il fait une comparaison avec le bolivarianisme de « notre voisin du nord (…) Le Venezuela est le miroir symétrique d’un bolonarisme consolidé et triomphant, avec une réélection en 2022 et une autre élection, probablement avec son fils en 2026… »

Carlos Bolsonaro inquiété par la justice

Le parquet fédéral de Rio de Janeiro a annoncé mercredi 11 septembre que Carlos Bolsonaro faisait l’objet d’enquêtes au civil et au pénal pour des irrégularités en lien avec ses fonctions de conseiller municipal.  Carlos Bolsonaro, conseiller municipal à Rio, est actuellement en congés sans solde soit-disant pour s’occuper de son père, qui se remet d’une nouvelle intervention chirurgicale.

Carlos Nantes Bolsonaro, né à Resende le , est  le deuxième fils du président Jair Bolsonaro. Il a coordonné en 2018 la campagne présidentielle du père sur les réseaux sociaux et c’est lui qui tient l’agenda du père. Le 13 février 2019, il créé une crise politique au gouvernement en traitant de menteur le Secrétaire général à la Présidence de la République, Gustavo Bebianno. dans un tweet que son père a partagé. On el dit impliqué indirectement dans l’assassinat de la conseillère Marielle Franco.