Mexique : violence, enfants soldats et corruption
Hier, une colonne de groupes armés d’autodéfense à Guerrero (un État du sud-ouest du Mexique) composée d’une vingtaine de gamins âgés de six à quinze ans, a été filmée par des journalistes, notamment du journal El Paìs. Cette scène pourrait passer inaperçue dans un pays submergé depuis plusieurs années par la violence. Mais les images reproduites et diffusées par les médias locaux sont un nouveau signe de la décomposition de la société mexicaine provoquée par l’insécurité.
Ces enfants marchaient leur visage couvert de mouchoirs et portant l’uniforme de la police communautaire, un corps armé formé il y a 25 ans par des habitants de 16 municipalités du sud-est de Guerrero et des membres du coordonnateur régional des autorités communautaires et des peuples. Ce corps d’autorité alternative est confronté depuis plusieurs années aux cartels de la drogue et aux organisations criminelles opérant dans l’un des endroits les plus pauvres du pays. Cette tragédie a vécu un nouveau chapitre macabre vendredi (17/01), quand une dizaine de personnes de la municipalité de Chilapa ont été exécutées et incinérées. Les victimes étaient membres d’un groupe musical qui avait joué dans une ville voisine. Ils ont été pris en embuscade alors qu’ils voyageaient à bord de deux camionnettes.
La violence est bien sûr causée par le narcotrafic, mais le problème devient plus complexe en raison des conflits relevant du contrôle politique des municipalités de la région. Des conflits pour l’accès aux ressources publiques sonnantes et trébuchantes (corruption) dans une région où 69 % vivent en dessous de la ligne la pauvreté. Une situation qui inclut les luttes pour le territoire et le trafic de la gomme d’opium produite par les agriculteurs locaux, qui ont vu leurs revenus baisser en raison de la montée des opioïdes synthétiques, comme le fentanyl, un analgésique opioïde, synthétisé pour la première fois vers la fin des années 1950. Son potentiel analgésique vaut environ 100 fois celui de la morphine.
Depuis le massacre de vendredi, les groupes armés d’autodéfense ont bloqué les routes d’Alcozacán, à Chilapa. Ils exigent la capture des responsables du crime et demandent la présence du président Andrés Manuel López Obrador sur place.
Tous les groupes d’autodéfense ne sont bien sûr pas intéressés. Des crimes sont commis en leur nom. La violence est partout au Mexique et particulièrement dans cette région déshéritée. Un endroit où seulement… 0,2 % des crimes de sang sont élucidés selon une étude récente !
Le reportage complet est visible sur le site de l’édition brésilienne du journal El Paìs.
Le texte est en espagnol.
Voici une des vidéos: