Amérique latine : le Brésil au banc des accusés
Nelson Teich (nouveau ministre de la Santé) a été plutôt déstabilisé quand on lui annonça la dernière décision de Jair Bolsonaro : classer les salons de coiffure et salles de musculation au rang de « services essentiels » afin qu’ils échappent au confinement. Heureusement, la majorité des gouverneurs et des maires des grandes villes n’en ont pas tenu compte.
Confinement total
« Lockdown ». Le portugais du Brésil a adopté un nouvel anglicisme qui signifie confinement (ou blocage) total, avec fermeture de grandes artères métropolitaines. C’est ce qu’il se passe dans un certain nombre de villes, dont São Luis, Bélem, Rio de Janeiro, Fortaleza…
Mais, on le sait, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions, ainsi São Paulo, la plus grande zone urbaine du Brésil, a décidé d’interdire la circulation de la moitié des automobiles dans la ville depuis le début de la semaine. Résultat : les passagers se sont pressés dans les transports en commun, renforçant ainsi les risques de contagion !
« Si les mesures de confinement ne sont pas renforcées d’urgence, l’État devra adopter des mesures drastiques, comme cela s’est passé en Italie. Sinon, la situation va devenir insoutenable », affirme Renato Pedrosa, coordinateur du programme d’indicateurs de la science, technologie et innovation de la FAPESP, organe de recherche de l’État de São Paulo, à l’agence FAPESP (AFP et Folha de São Paulo).
Quant à Manaus, débordé par les ravages de la pandémie, le maire Arthur Virgílio Neto, multiplie les appels à l’aide internationale. « Nous aidons le monde tous les jours en protégeant notre forêt. J’espère qu’il sera l’un des premiers à aider Manaus ». Thierry Ogier, correspondant du quotidien Les Échos, rapporte que selon Marcus Lacerda, professeur de médecine tropicale en Amazonie, le nombre de victimes du coronavirus pourrait être cinq fois plus élevé que le bilan officiel. Il suffit, selon lui, d’observer l’augmentation du nombre d’enterrements réalisés à Manaus. « Les cimetières ne mentent pas », a-t-il expliqué. L’explosion est telle que des fosses communes ont dû être creusées à la hâte !
Le maire de Manaus s’est adressé à Emmanuel Macron.
Dans une vidéo enregistrée en français, Arthur Virgílio reconnaît qu’il est en mesure de « faire très peu devant la barbarie », et sollicite « du personnel, des tomographes, des équipements de protection individuels, tout ce qui est capable de sauver la vie des gens qui protègent la grande forêt ».
Mais il ne faut pas oublier que ce qui est en cause est d’abord une urbanisation en dehors de toute règle, un système de soins en crise et centralisé à l’extrême. À l’avenir, la hausse de la déforestation pourrait aggraver la crise sanitaire.
Le Brésil, une menace sanitaire pour ses voisins
« Épicentre de Covid-19 en Amérique du Sud, le Brésil est désormais considéré comme une grande menace » par les pays voisins. Pour le président argentin, le Brésil présente un risque très élevé en raison du grand nombre de cas, même opinion de Mario Benítez, du Paraguay, qui dit qu’il n’ouvrira pas les frontières. Les mesures d’isolement non coordonnées adoptées par les dirigeants brésiliens pour faire face au Covid-19, qui ont contribué, selon les experts, à l’augmentation du nombre de cas dans le pays, ont mis les autorités des pays voisins en état d’alerte, écrivaient ce matin (mercredi 13/05) Heloísa Mendoça et Federico Rivas Molina dans El Paìs. Selon eux, ces pays voisins lutteraient plus efficacement contre la pandémie.
L’Amérique latine en danger sanitaire et politique
Bolivie, crise politqiue : La dernière élection présidentielle contestée (octobre 2019) a été suivie par de violentes émeutes et le départ forcé en exil d’Evo Morales, le chef de l’État socialiste sortant qui avait tenté en vain de se maintenir à la présidence après 13 ans au pouvoir. Comme le veut la Constitution, le vide institutionnel est rempli par un gouvernement provisoire. Ce qui tombe mal en pleine pandémie. La nouvelle équipe de droite, emmenée par la présidente par intérim Jeanine Añez, dirige d’une main de fer le pays andin depuis six mois. Mais elle est très contestée. La crise politique aurait dû se dénouer lors de nouvelles élections prévues le 3 mai 2020. Naturellement, elles n’auront pas lieu pour cause de Covid.
Chili, des masques en cuivre : L’année 2019 a été marquée par de fortes contestations. L’annonce d’une hausse du prix du ticket de métro a été l’étincelle qui déclencha un mouvement social sans précédent dans le pays. Les mesures de distanciation pour combattre l’épidémie mettent donc un coup d’arrêt à la mobilisation de rue. Pour la première fois depuis le début du mouvement social, la Plaza Italia au centre-ville de Santiago, rebaptisé par les manifestants « Plaza de la Dignidad » (Place de la Dignité), est vide. Curiosité, au Chili, des masques ont été confectionnés avec du cuivre. Un métal aux propriétés sanitaires très intéressantes. Une entreprise a décidé de fabriquer des masques contenant des nanoparticules de cuivre. Un métal qui élimine efficacement les bactéries, les virus, ainsi que les champignons. Le Chili est un des premiers producteurs de cuivre.
Pérou: confinement et couvre-feu. Toute l’Amérique latine est désormais touchée par la pandémie de Covid-19 et est en état d’alerte maximale. Comme l’Argentine qui a lancé sa mesure de confinement social le 19 mars, le Pérou a décrété l’état d’urgence le 16 mars et imposé un couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin. L’état d’urgence implique le confinement de la population.
La France rapatrie 150 Européens
Paris a affrété un vol pour rapatrier plus de 150 ressortissants européens du Panama et du Honduras. Un autre vol est prévu ce mercredi. Selon RFI et l’AFP, ils s’étaient retrouvés bloqués au Panama ou au Honduras après l’annulation de leur vol en raison de l’épidémie de coronavirus.
La plupart des pays latinos américains ont décrété l’État d’urgence et le couvre-feu.
Manaus
Em carta enviada a 21 embaixadas e líderes mundiais, como Merkel, Macron e Trump, prefeito de #Manaus pede ajuda para combater o #coronavirus. Em discursos em inglês e em francês, Arthur Virgílio Neto ressalta dificuldades “diante da barbárie que se aproxima”. #COVID19 #pandemia pic.twitter.com/z7PsYuLImM
— DW Brasil (@dw_brasil) May 6, 2020