𝐂𝐨𝐯𝐢𝐝

𝐌𝐚𝐧𝐚𝐮𝐬 𝐬𝐮𝐛𝐦𝐞𝐫𝐠𝐞́𝐞 𝐚̀ 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐚𝐮

𝘾𝙚𝙣𝙩-𝙙𝙞𝙭 𝙥𝙚𝙧𝙨𝙤𝙣𝙣𝙚𝙨 𝙤𝙣𝙩 𝙚́𝙩𝙚́ 𝙚𝙣𝙩𝙚𝙧𝙧𝙚́𝙚𝙨 𝙚𝙣 𝙪𝙣𝙚 𝙨𝙚𝙪𝙡𝙚 𝙟𝙤𝙪𝙧𝙣𝙚́𝙚 𝙖̀ 𝙈𝙖𝙣𝙖𝙪𝙨, 𝙝𝙞𝙚𝙧 !

Le nombre d’enterrements dans la capitale amazonienne a franchi la barre de 233 % supérieure à la moyenne d’avant la pandémie (2019) après quatre mois d’augmentation record du nombre d’hospitalisations pour la covid-19. Parmi ces 110 décès, 19 personnes sont mortes chez elles. Les décès en dehors de l’hôpital montrent l’ampleur du problème : en l’absence de lits aussi bien dans le public que dans le privé, Manaus fait face à une vague très violente de la pandémie.
𝑳𝒆 𝒅𝒆𝒖𝒙𝒊𝒆̀𝒎𝒆 𝒆𝒇𝒇𝒐𝒏𝒅𝒓𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝑴𝒂𝒏𝒂𝒖𝒔
Neuf mois après que la ville a choqué le pays tout entier avec des images de tombes et de voitures réfrigérées attendant des corps devant les centres médicaux, c’est un symbole du Brésil qui a tiré peu de leçons de la crise sanitaire qui a fait plus de 200 000 morts. Il n’y a plus de lit et, au total, il y a seulement 16 hôpitaux ou dispensaires pour une population de 2,2 millions d’habitants. La situation est encore pire dans le vaste intérieur de l’État, qui ne dispose d’aucune unité de soins intensifs. Même avec la longue crise, aucun nouveau lit permanent n’a été créé. Le gouvernement Wilson Lima (PSC) est vivement critiqué par son inaction. À titre de comparaison et pour vous donner une idée, l’État du Piauí a créé trois hôpitaux de campagne dès mars 2020. Lima est un bolsonariste pur et dur membre d’un parti (le parti social-chrétien) qui avait présenté un candidat ouvertement néonazi à Rio de Janeiro !
Selon les journalistes, dont ceux d’El Paìs, partout dans la ville, les scènes se répètent : patients assis ou gisant dans les couloirs, ambulances et corbillards sillonnant la ville à toute vitesse, demandes accrues de location de bouteilles d’oxygène à domicile. C’est exactement comme il y a six mois quand le système de santé de Manaus a été le premier à s’effondrer dans le pays…
« Nous sommes extrêmement fatigués et nous avons besoin de matériel. Il manque des gants, il manque des gens pour travailler ! Dans une salle de 37 patients, il est impossible pour une équipe de neuf personnes de servir tout le monde. Les patients ne peuvent pas prendre le verre d’eau à côté. Ils sont faibles et nous ne sommes même pas en mesure de donner de l’eau à tout le monde », explique Sílvia Costa, infirmière à El Paìs qui a préféré utiliser pseudonyme pour éviter les représailles. Elle travaille à Hospital e Pronto Socorro 28 de Agosto, l’une des unités de référence.
Le nombre de morts a déjà atteint 5500 dans tout l’État, avec une population de 4,2 millions d’habitants. Plus de 2100 nouveaux cas ont été confirmés au cours des dernières 24 heures, totalisant 207 092 personnes infectées en Amazonie. Depuis le début de la deuxième vague, signalée par les experts, Manaus a enregistré 46 626 cas de la maladie, ce qui représente 56,7 % du total des notifications sur l’ensemble de l’épidémie.
L’augmentation du nombre de décès quotidiens enregistrés ces derniers jours a déclenché l’avertissement de la mairie de Manaus qui a annoncé la construction de plus de 22 000 sépultures dans un système de tiroirs, car il n’y a plus d’espace pour les enterrements dans les cimetières ! L’estimation fin décembre, selon l’administration municipale, était qu’il ne restait plus que 80 places. Le 5 janvier, la mairie de Manaus a déclaré l’état d’urgence pendant 180 jours.
𝑬𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 𝒔𝒆́𝒗𝒆̀𝒓𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒕𝒐𝒖𝒄𝒉𝒆́𝒔
La deuxième vague punit la ville d’une manière sans précédent et ruine à jamais l’espoir d’une immunité collective, lorsque la maladie se propage de telle manière dans une zone qui empêche ou réduit au minimum la transmission du virus. C’est le 4 janvier que Manaus a battu le record d’hospitalisations de personnes atteintes par le virus, en une seule journée : 183 hospitalisations. Même les enfants, jusqu’alors épargnés, enregistrent des cas graves : actuellement 11 sont hospitalisés, dont 4 en urgence absolue.
Une place de parking à côté de l’hôpital a commencé à servir de salle d’attente et d’information aux proches dès les premiers jours de l’année. Le 5 janvier, c’était au tour d’un groupe de 37 pompiers militaires d’assumer le service de dépistage des patients sur place, avec une équipe de médecins, d’infirmières et de techniciens.
« Manaus, encore une fois, plongé dans le chaos », explique l’épidémiologiste de la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) Amazônia, Jesem Orellana, qui regrette que les autorités n’aient pas entendu les alertes émises depuis le mois d’août. « Si Manaus avait été confinée les trois derniers mois de l’année 2020, ce ne serait pas dans ce nouvel effondrement » affirme-t-il. « L’extrême gravité de la situation de l’épidémie a continué d’être minimisée par les autorités sanitaires », déplore Jesem Orellana.