Amazonie brésilienne
Bolsonaro favorise la déforestation et menace les Amérindiens !
Les sectes évangéliques envahissent la forêt par la force !
La déforestation de l’Amazonie bat des records au Brésil, mais moins de 10 000 amendes ont été dressées par l’agence de l’environnement (IBAMA) l’an dernier, le plus bas niveau depuis 1995. L’agence dénonce la difficulté de faire des contrôles sur le terrain. Selon les données collectées par Folha de São Paulo, 9 745 amendes ont été infligées par l’agence gouvernementale en 2019, un chiffre en baisse de 34 % par rapport à l’année précédente.
Cette baisse survient alors que la dévastation de l’Amazonie a battu tous les records de la dernière décennie en seulement un an, entre août 2018 et juillet 2019. En 1995, année où seulement 4 586 amendes avaient été dressées, le Brésil avait enregistré son plus haut niveau de déforestation jamais atteint.
Selon les membres de l’Ibama questionnés sous couvert d’anonymat par Folha, « la chute des amendes est influencée par la réduction du nombre d’agents » disponibles. Toujours selon les données recueillies par Folha, 9745 évaluations environnementales ont été enregistrées l’année dernière, contre 14 699 en 2018.
En 2019, les infractions représentaient un total de 2,3 milliards de reais (410 millions d’euros). En 2018, il était de 4,09 milliards de reais, compte tenu de l’ajustement à l’inflation. En valeur constante, la baisse est de 43,3 %.
Interrogé sur les raisons de la baisse du montant des amendes appliquées, le ministère de l’Environnement a répondu que les inspections et évaluations d’Ibama continuent de se dérouler normalement…
En plus de la baisse des évaluations, la déforestation progresse rapidement en Amazonie. La destruction de la forêt en 2018/2019 a atteint 9762 km², soit une augmentation de près de 30 % par rapport à l’année précédente, selon les données de Prodes, un programme de l’Inpe (Institut national de recherche spatiale) qui mesure la déforestation annuelle.
En plus, le nombre d’amendes effectivement payées est négligeable. Les déclarations envoyées en mars 2019 sur la base des données d’Ibama, montrent que seulement 3,4 % des amendes supérieures à 50 000 R $ (9000 €) avaient été payées de 2000 à 2018.
Néanmoins, le but de l’amende n’est pas de collecter de l’argent — 20 % du montant va au Fonds national pour l’environnement et le reste à l’Union —, explique Suely Araújo, ancienne présidente d’Ibama et spécialiste principale des politiques publiques à l’Observatório do Le climat.
Le budget de l’institut a été drastiquement réduit, et les membres de l’agence gouvernementale, qui ne sont plus accompagnés dans la forêt par la police fédérale et l’armée, sont parfois en danger de mort.
Des fonctionnaires de l’agence gouvernementale soulignent aussi que le ministre de l’Environnement, Ricardo Salles, s’aligne sur le discours de Jair Bolsonaro, qui a déjà fustigé ce qu’il estime être une « industrie des amendes » environnementales.
Selon Folha, le nombre d’amendes devrait continuer à chuter : le quotidien rappelle qu’en avril 2019 Jair Bolsonaro a signé un décret créant une chambre de conciliation pour analyser et réduire la valeur et même annuler les amendes !
Les évangéliques à la manœuvre
Mais il n’y a pas que ça. L’Amazonie n’est pas une forêt vierge. Elle est peuplée. Or, les peuples autochtones n’ont jamais été aussi en danger que depuis que Bolsonaro est au pouvoir. Les attaques meurtrières, parfois avec l’aide de la police, contre les Amérindiens et les petits paysans se sont multipliées. Elles sont téléguidées par les gros propriétaires (parfois des multinationales), les bûcherons et les chercheurs d’or. Par-dessus le marché, les sectes évangéliques s’en donnent à cœur joie. En effet, comme le décrit le site Survival, « Les portes sont désormais ouvertes » : les autochtones dénoncent les missionnaires qui ciblent les peuples non contactés.
Des missionnaires qui ciblent les peuples non contactés au Brésil ont annoncé qu’ils commenceront bientôt à utiliser un hélicoptère pour convertir des peuples jusqu’alors inaccessibles !
« Des organisations et des dirigeants autochtones clés au Brésil ont dénoncé avec colère cette initiative, ainsi que la nomination d’un missionnaire fondamentaliste, Ricardo Lopes Dias, à la tête du département gouvernemental qui protège les territoires des peuples non contactés », rapporte le mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones.
La NTM (maintenant rebaptisée Ethnos360 aux États-Unis) a ouvertement collecté des fonds pour acheter un hélicoptère afin de cibler les peuples de la région. Ils ont déclaré : « Ce nouveau programme de vol d’hélicoptère permettra à Ethnos360 Aviation de servir tous nos missionnaires actuels dans la région et d’ouvrir la porte pour atteindre dix autres groupes de personnes vivant dans un isolement extrême ».
Contact forcé avec les peuples non contactés
La NTM est connue pour préconiser ouvertement le contact forcé avec les peuples non contactés, explique Survival. Elle a aidé à organiser des « chasses à l’homme » au Paraguay dans les années 1970 et 1980, au cours desquelles des Ayoreo non contactés ont été capturés et sortis de la forêt : plusieurs personnes ont été tuées lors de ces rencontres et beaucoup d’autres mortes de maladie par la suite. Le chef de la branche brésilienne de la NTM a déclaré : « Il doit y avoir une politique d’approche de ces peuples [non contactés]. »
Sarah Shenker, coordinatrice de la campagne pour les peuples non contactés précise : « Il est maintenant clair que le gouvernement brésilien a pris la décision, en toute connaissance de cause, d’ouvrir les territoires autochtones aux missionnaires évangéliques, comme une étape clé dans la prise de contrôle de leurs terres et l’exploitation de leur or, minéraux, bois et autres ressources. Si on ne met pas fin à cela, de nombreux peuples seront anéantis. »
Beto Marubo, un leader autochtone de la vallée du Javari, a déclaré : « La NTM au Brésil a détruit notre organisation sociale, notre coexistence pacifique. Des divergences sont apparues et le monde que nous connaissions depuis des millénaires a été démantelé […] Les activités missionnaires signifieront la perte totale des derniers peuples non contactés dans la vallée du Javari. »
Chasse à l’homme
Des Matsés du Javari ont ajouté : « M. Ricardo n’a jamais eu la permission de venir dans notre village. Il a manipulé une partie de la population matsées afin de construire un nouveau village […] Les dirigeants ont essayé de se rendre dans ce nouveau village pour ouvrir un dialogue, mais ils ont été violemment expulsés. M. Ricardo a profité des Matsés et s’est approprié notre culture. Nous ne voulons pas de nouveaux abus, donc nous ne permettrons pas à M. Ricardo d’entrer sur nos terres. »
Des dizaines de lauréats du Right Livelihood Award ont récemment signé une lettre commune dénonçant la nomination de M. Lopes Dias : « Son passé évangélique soulève de graves inquiétudes quant à la sécurité des peuples non contactés face aux interférences extérieures et quant au fait qu’il pourrait renverser la politique historique du Brésil qui consiste à ne pas forcer le contact avec les peuples non contactés ».
Stephen Corry, directeur de Survival International, explique : « La NTM a un historique de chasses à l’homme et de contacts ayant entraîné mort et maladie, ainsi que des abus sexuels dans ses écoles et des épidémies mortelles. Elle applique une vision étroite de la religion qui ne serait pas reconnue par de nombreux chrétiens. Ce sont les dernières personnes qui devraient se trouver à proximité de peuples non contactés, et il est grotesque et criminel d’en confier la responsabilité à l’un d’entre eux. L’intention est clairement d’éliminer les Indiens une fois pour toutes ».
À ne pas manquer Reporters le doc, le magazine de reportages présenté par Antoine Cormery sur France 24, consacré à la situation catastrophique de l’Amazonie et de ses peuples, conséquence de la politique raciste et à la solde des multinationales de Bolsonaro.
Samedi 14 mars à 21 h 15