Le président équatorien Daniel Noboa a décrété mardi (23/01/24) une réduction d’une heure du couvre-feu à la suite d’informations selon lesquelles le nombre d’homicides quotidiens est passé de 27 à 11 dans l’ensemble du pays, qui est soumis à l’état d’urgence à la suite d’émeutes de gangs de trafiquants de drogue.

L’interdiction de circuler de 23 heures à 5 heures du matin sera ramenée à cinq heures dans les zones considérées comme très dangereuses dans dix des 24 provinces du pays, dont la ville portuaire de Guayaquil. Une « escoolaridad » virtuelle sera maintenue à Quito et dans trois provinces côtières considérées comme les plus violentes du pays.

Dans d’autres zones, le couvre-feu durera trois heures, tandis que la mesure a été levée pour les secteurs à faible conflit de 22 provinces.

La décision de Noboa a été annoncée alors que le chef de l’État partait mardi pour l’Espagne afin de participer à un salon du tourisme.

Suite à l’état d’urgence décrété le 8 janvier, on observe « une tendance à la baisse des morts violentes, avec une moyenne de 10,8 (crimes) par jour », a déclaré le chef de la police Cesar Zapata lors d’une conférence de presse. Entre le 1er et le 8 janvier, le nombre moyen de meurtres était de 27,6 par jour. Entre 2018 et 2023, le nombre annuel d’homicides est passé de 6 à 46 pour 100 000 habitants.

À la suite des événements survenus ce mois-ci dans plusieurs prisons et d’autres épisodes violents à travers le pays, Noboa a décrété un couvre-feu nocturne pendant 60 jours et a chargé les forces armées ainsi que les agences de sécurité de rétablir l’ordre après l’évasion de prison d’Adolfo Macías, alias Fito, chef du gang Los Choneros, qui avait envoyé sa famille en Argentine et qui est toujours en liberté à ce jour. Les membres de sa famille ont été arrêtés à Córdoba et expulsés vers l’Équateur.

Les USA à la rescourse

L’Équateur compte sur les États-Unis pour lutter contre les bandes criminelles, qui ont des liens avec les cartels du Mexique et de la Colombie et qui sèment le trouble dans le pays. L’ambassade des États-Unis à Quito a déclaré que Washington avait livré 20 000 gilets pare-balles et des équipements de sécurité d’une valeur d’un million de dollars. Le FBI s’est également joint à l’effort d’assistance. Lundi, le chef du commandement sud des États-Unis, le général Laura Richardson, a rencontré Noboa pour discuter de la situation. Des émissaires américains ont également rencontré le procureur général Diana Salazar mardi pour discuter des stratégies de coopération bilatérale.

À l’heure actuelle, le nombre de personnes arrêtées dans le pays sud-américain en lien avec la violence liée à la drogue a dépassé la barre des 3 000, alors que des opérations militaires contre 22 groupes criminels sont en cours.

Au total, 3 052 personnes ont été arrêtées à ce jour (mercredi 24/01/24) à la suite de 33 858 raids contre 22 « groupes terroristes » (gangs de trafiquants de drogue). Parmi les personnes arrêtées, 158 ont été accusées de terrorisme.

Le procureur chargé d’enquêter sur l’attaque de la chaîne de télévision par un gang a été abattu

Le procureur général qui dirigeait l’enquête sur l’agression à l’antenne d’une chaîne de télévision équatorienne a été tué par balle lors d’une attaque en plein jour dans la ville de Guayaquil, en proie à la criminalité. César Suárez, qui s’occupait d’affaires liées à la criminalité transnationale organisée dans la province de Guayas, l’une des régions les plus violentes du pays, est tombé dans une embuscade dans le nord de la ville mercredi après-midi. Suárez se rendait à une audience du tribunal lorsqu’il a été attaqué par des hommes armés à bord de deux voitures et a été abattu de plusieurs balles. La police a déclaré que deux membres de gangs avaient été arrêtés à la suite de l’attaque. L’hypothèse de la police nationale est que ces criminels appartenaient au groupe terroriste appelé ChoneKiller. La motivation [du crime] fait toujours l’objet d’une enquête », a déclaré le chef de la police de Guayaquil, le général Víctor Herrera à la presse locale.

Des dizaines de personnes ont été arrêtées dimanche (21/01/24) lors d’une tentative d’assaut dans un hôpital. La police locale a ainsi annoncé l’interpellation de 68 membres présumés d’une organisation criminelle qui voulaient s’emparer d’un établissement de Yaguachi, où se trouvait l’un des leurs. Un incident qui s’est produit alors que les pays andins étaient réunis au Pérou pour définir un dispositif d’entraide et de lutte contre le crime organisé.

Des armes à feu et de la drogue ont par ailleurs été saisies lors de cette attaque. Un « centre de rééducation » clandestin, où « se cachaient » des membres présumés de l’organisation, a également été perquisitionné, a précisé la police. Les autorités ont récemment fermé plusieurs centres de ce type, essentiellement des hôpitaux clandestins gérés par des gangs qui, selon les autorités, ne disposent pas des équipements médicaux nécessaires pour soigner des patients.

Le président, Daniel Noboa, a décrété l’état d’urgence et déclaré le pays « en guerre intérieure » contre les gangs qualifiés de « terroristes », déployant plus de 20.000 militaires sur le terrain. Dimanche, la Colombie, le Pérou, la Bolivie et l’Equateur ont annoncé la création du premier « réseau andin de sécurité » contre le crime organisé, à l’issue d’un sommet associant les pays membres de la Communauté andine des Nations (CAN).

La Colombie et l’Équateur annoncent la saisie de deux semi-submersibles remplis de cocaïne

L’Équateur est devenu l’un des principaux points de passage de la drogue, principalement produite en Colombie, sur le continent, ce qui a entraîné une explosion de la criminalité.

Les marines colombienne et équatorienne ont annoncé la saisie dans leurs zones maritimes respectives de deux semi-submersibles chargés de près de quatre tonnes de cocaïne.

Cet épisode met en évidence l’ampleur et le mode opératoire que les groupes de trafiquants de drogue déploient pour acheminer leur commerce illégal vers les États-Unis et l’Europe.

La première de ces saisies a eu lieu samedi dernier, lorsque les autorités maritimes équatoriennes ont capturé un narco-sous-marin de 15 mètres de long équipé de quatre moteurs, à quelque 60 kilomètres de la côte de la province septentrionale d’Esmeraldas.

Il transportait 161 gros paquets enveloppés dans des sacs de jute contenant 3,2 tonnes de cocaïne, ont déclaré les forces armées dans un communiqué. La cargaison a une valeur d’environ 50 millions de dollars, ont-elles ajouté.

Lors de l’opération, coordonnée avec la marine colombienne, trois ressortissants colombiens ont été arrêtés. Dans une vidéo publiée sur le compte du réseau social X, le chef des enquêtes antidrogue de la police, le lieutenant Juan Carlos Gines, a expliqué que le navire artisanal a été saisi alors qu’il se trouvait dans une zone économique maritime exclusive.