Prise d’otages en direct à la télé
État d’urgence
Principal chef de gang en fuite
Le président de l’Équateur, Daniel Noboa, totalement débordé par la violence qui gangrène son pays, a déclaré qu’il existait un « conflit armé interne » dans le pays, suite à l’escalade de la violence avec les groupes criminels organisés. Noboa a publié le décret sur… son ancien compte Twitter X, quelques instants après que des hommes armés et cagoulés aient pris d’assaut un studio de la chaîne d’information TC Televisión à Guayaquil.
La police équatorienne a été appelée et a réussi à arrêter tous les envahisseurs. Selon les autorités, 13 personnes ont été arrêtées. Des armes et des explosifs ont été saisis. Dans le texte du décret, le gouvernement qualifie 22 groupes criminels organisés de « terroristes et d’acteurs non étatiques belligérants ». Il ordonne également aux forces armées de mener des opérations militaires pour neutraliser ces groupes.
La décision de Noboa, qui a pris ses fonctions il y a environ trois mois, est intervenue un jour après que le gouvernement a déclaré l’état d’urgence en raison de la violence qui sévit dans le pays.
Les conflits ont commencé avec l’évasion d’une prison de Guayaquil du criminel Adolfo Macías, alias Fito, l’un des chefs du groupe Los Choneros, ainsi qu’avec des affrontements dans d’autres prisons.
Qu’entend-on par conflit armé interne ?
Le décret 111, par lequel le président de l’Équateur a déclaré l’existence d’un conflit armé interne, implique la mobilisation et l’intervention immédiates des forces de sécurité sur le territoire national contre la criminalité organisée.
La mesure ordonne « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale sur le territoire national pour garantir la souveraineté et l’intégrité territoriale contre le crime organisé transnational, les organisations terroristes et les acteurs non étatiques belligérants, conformément aux dispositions du présent décret exécutif ».
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Elle permet également aux forces armées de « mener des opérations militaires, en vertu du droit humanitaire international et dans le respect des droits de l’homme, pour neutraliser les groupes identifiés ».
La déclaration d’un conflit armé interne s’ajoute, selon le décret 111, à l’état d’urgence et au couvre-feu précédemment décrétés en raison des « graves troubles internes ». Selon l’article 164 de la Constitution équatorienne, le président de la République « peut décréter l’état d’urgence sur tout ou partie du territoire national en cas d’agression, de conflit armé international ou interne, de troubles intérieurs graves, de calamité publique ou de catastrophe naturelle ».
Bref, l’Équateur est au bord de la guerre civile
La décision du président intervient moins de 24 heures après qu’il a déclaré l’état d’urgence en Équateur afin de tenter de maintenir l’ordre à la suite de l’annonce de la disparition d’Adolfo Macías, alias Fito, chef de Los Choneros, l’une des factions criminelles les plus redoutées du pays. L’état d’urgence décrété par Daniel Noboa, élu en novembre sur la promesse de rétablir la sécurité, s’étend à tout le territoire et pendant 60 jours. L’armée est ainsi autorisée à assurer le maintien de l’ordre dans les rues (avec un couvre-feu nocturne) et les prisons. Il reste manifestement sans grand effet jusqu’à présent : de très nombreux incidents, dont l’enlèvement de sept policiers, ont également été signalés un peu partout dans le pays.
Fito était en prison où il purgeait une peine de 34 ans. Peu après sa « disparition », des émeutes ont éclaté dans au moins six prisons lundi et mardi, plusieurs cas de prise d’otages de gardiens ont été signalés. Au moins une douzaine de personnes ont été tuées depuis le début de l’état d’urgence lundi. En outre, des attentats à l’explosif ont eu lieu dans différentes parties du pays et l’enlèvement de plusieurs officiers de police a été signalé. Dans un contexte de tension croissante, des criminels se sont emparés hier mardi de la chaîne TC de Guayaquil, kidnappant les journalistes lors d’une émission en direct.
Toute une région déstabilisée
Le Pérou a déclaré l’état d’urgence à sa frontière avec l’Équateur
L’annonce a été faite par le Premier ministre Alberto Otárola, qui a également déclaré que les ministres de l’Intérieur et de la Défense se rendraient dans une ville frontalière pour coordonner la sécurité dans la région. Le ministère péruvien de l’Intérieur a également annoncé qu’il enverrait un contingent de la direction des opérations spéciales de la police à la frontière avec l’Équateur.
Par ailleurs, la situation sécuritaire est jugée très préoccupante par les États-Unis.
Qui est Fito, le chef de faction par qui tout est arrivé ?
Il est le chef du gang criminel Los Choneros, considéré comme l’un des plus dangereux du pays, et ce n’est pas la première fois qu’il s’échappe. Fito, 44 ans, purgeait depuis 2011 une peine dans une prison située sur la côte près de Guayaquil (la plus grande ville d’Équateur). Il a été condamné à 34 ans de prison pour crime organisé, trafic de drogue et meurtre. Selon la presse du pays, Fito a disparu peu avant son transfert dans une prison de haute sécurité. Plus de 3 000 policiers ont été déployés pour le rechercher, y compris sur les toits et dans les égouts de la prison. Dans un premier temps, on a pensé que Fito s’était caché dans la prison elle-même, qui est contrôlée par les Choneros. Toujours est-il que personne ne sait où il se cache.
Qui est Daniel Noboa, le président de l’Équateur ?
Daniel Noboa, 35 ans, avait fait toute sa campagne électorale sur la sécurité et contre les gangs !
Élu député en 2021, il se présente à l’élection présidentielle anticipée de 2023 avec le soutien de l’Action démocratique nationale. Il l’emporte au second tour face à Luisa González. D’abord entrepreneur dans le secteur de l’événementiel, Daniel Noboa travaille ensuite auprès de son père, qui contrôle le commerce de la banane en Équateur1. L’empire bananier des Noboa a souvent été dénoncé et poursuivi pour travail des enfants, entraves aux syndicats ou fraude fiscale. Sa colistière pour la vice-présidence, Verónica Abad, se définit comme « ultralibérale » et milite pour la privatisation de l’éducation et la suppression des aides sociales aux femmes seules, ainsi que pour l’interdiction de l’avortement.
Daniel Noboa
L’Équateur est membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.). L’Équateur est divisé en 24 provinces. Ces provinces ont un gouverneur et un conseil provincial élu par le peuple. Elles sont autonomes par rapport au gouvernement central au niveau économique et social, ainsi que pour l’utilisation des ressources naturelles.
Sources : AFP, presse locale, BBC, archives personnelles