Venezuela : Répression brutale contre les manifestants et les électeurs
Tueries et arrestations massives après les élections
Human Rights Watch a publié un rapport qui tire la sonnette d’alarme sur les violations généralisées des droits de l’homme à l’encontre des manifestants, des passants, des dirigeants de l’opposition et des personnes critiques envers le gouvernement de Nicolás Maduro. « La répression à laquelle nous assistons au Venezuela est brutale », prévient Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques de Human Rights Watch. « La communauté internationale doit prendre des mesures urgentes pour s’assurer que les Vénézuéliens puissent manifester pacifiquement et que leur vote soit respecté ».
Le rapport publié ce mercredi matin (4/9) passe en revue les semaines terribles que les Vénézuéliens ont vécues sous le joug de la répression après les élections présidentielles du 28 juillet dernier. Des semaines au cours desquelles le bilan des violations des droits de l’homme commises dans ce pays s’est également alourdi. On en serait à plusieurs milliers d’arrestations et dizaines de tués. Des adolescents sont même torturés dans les prisons.
Des témoins, des journalistes et des organisations consultés par HRW ont décrit le modus operandi des collectifs et des forces de sécurité dans la répression des manifestations. « Dans un premier temps, les forces de sécurité contrôlent ou dispersent les manifestations, souvent en utilisant des barrières, des gaz lacrymogènes et en arrêtant les personnes sur place. Si les manifestations se poursuivent, des membres de colectivos apparaissent, utilisant souvent des armes à feu pour intimider ou attaquer les manifestants ». L’un des cas qu’ils analysent, dans lequel cette action conjointe des forces de sécurité et des groupes de choc chavistes s’est répétée, est celui d’Isaías Fuenmayor González, 15 ans, qui a été tué dans l’après-midi du 29 juillet alors qu’il quittait son domicile de San Francisco, dans l’État de Zulia, pour s’entraîner à danser avec ses amis en vue de sa fête d’anniversaire. En chemin, il a croisé des manifestants à proximité d’un bureau de vote, repoussés par des agents de la Garde nationale. Un groupe de colectivos, ce sont des milices, des groupes armés pro-gouvernementaux, ont alors attaqué les manifestants et ont assassiné le jeune homme.
Human Rights Watch a documenté le fait que les autorités vénézuéliennes et colectivos ont commis des abus généralisés, notamment des meurtres, des détentions et des poursuites arbitraires, ainsi que le harcèlement des personnes qui les critiquent.
Élection du 28 juillet et répression
L’équipe technique électorale des Nations Unies et le Centre Carter, qui ont observé les élections, ont déclaré que le processus manquait de transparence et d’intégrité et ont remis en question les résultats déclarés. Ils ont indiqué qu’au contraire, les feuilles de décompte au niveau des circonscriptions que l’opposition a rendu public étaient fiables. Le Centre Carter a noté que les feuilles de décompte montraient, avec 81 pour cent des votes comptés, que González avait remporté l’élection avec une marge significative.
Human Rights Watch a reçu des rapports crédibles de 24 meurtres commis dans le cadre de manifestations par des groupes locaux indépendants, notamment Foro Penal, Justicia Encuentro y Perdón, Monitor de Víctimas, et Provea, ou les a découverts sur les médias sociaux. Human Rights Watch a documenté de manière indépendante 11 de ces cas, notamment en examinant les certificats de décès, en vérifiant les vidéos et les photographies, et en interrogeant 20 personnes, y compris des témoins et d’autres sources locales. De nombreux parents, témoins et autres personnes n’ont pas souhaité être interrogés parce qu’ils craignaient des représailles de la part du gouvernement.
Le groupe local pro bono Foro Penal a enregistré plus de 1 580 prisonniers politiques qui ont été arrêtés depuis le 29 juillet, dont 114 enfants. Mais ce nombre, selon certaines sources peut être facilement doublé Les procureurs ont inculpé des centaines de personnes pour des crimes parfois définis de manière large et passibles de lourdes peines, tels que l’ « incitation à la haine », la « résistance à l’autorité » et le « terrorisme ».
En raison du blocage de Twitter (X) au Brésil (j’y accède désormais épisodiquement au risque d’une forte amende), retrouvez-moi sur Bluesky.