Une des promesses farfelues de campagne de Donald Trump est de réaliser « la plus grande déportation de l’histoire ». Il propose d’expulser des millions d’immigrants sans papiers, un projet qui reste flou et est sans précédent en termes de mise en œuvre. Malgré l’absence de détails, 54 % des électeurs américains soutiennent cette idée. Trump affirme, sans preuve, que le nombre d’immigrants sans papiers est proche de 15 à 20 millions, bien au-delà des 11 millions estimés officiellement.
La mise en œuvre d’une telle politique serait extrêmement coûteuse. Selon le Projet 2025, un manuel pour un hypothétique second mandat de Trump, cette déportation massive nécessiterait un État policier avec des camps de détention le long de la frontière. Un think tank a estimé le coût d’une telle opération à environ 265 milliards de dollars pour 11 millions de personnes, et à 481 milliards si l’on prend en compte les 20 millions évoqués par Trump.
Les chiffres de l’ICE (United States Immigration and Customs Enforcement) montrent qu’en 2023, l’expulsion de 142 580 personnes a coûté 420 millions de dollars, soit environ 3 000 dollars par personne. En extrapolant ce coût, expulser 11 millions d’immigrants coûterait environ 33 milliards de dollars, et presque le double pour 20 millions de personnes. Ces chiffres n’incluent pas les dépenses liées à la construction de camps de détention et au recrutement de forces supplémentaires, comme l’armée ou la police locale, ce qui serait nécessaire selon le plan de Trump.
Outre le coût financier, cette déportation aurait de graves répercussions économiques. Les travailleurs sans papiers représentent environ 4,5 % de la main-d’œuvre américaine, notamment dans la construction, l’hôtellerie, les services et la manufacture. Leur expulsion entraînerait une augmentation des coûts de construction, une baisse de la production et un ralentissement du PIB. Le modèle économique suggère que le PIB pourrait diminuer de plus de neuf points, un impact bien supérieur à celui de la Grande Récession de 2008. L’impact ne s’arrêterait pas là. Un programme d’expulsions massives pourrait également alimenter l’inflation. Les coûts de main-d’œuvre représentent, en moyenne, environ 60 % des dépenses des entreprises, et augmentent lorsque les employeurs doivent remplacer un grand nombre de travailleurs, comme ce fut le cas lors de la réouverture des restaurants, des bars et des hôtels après la pandémie.
Pour Trump et les républicains qui le suivent, l’idée est apparemment sensée parce qu’elle ouvrirait des emplois et éloignerait les supposés migrants criminels du pays. Mais les chiffres montrent que la criminalité est en baisse et que les immigrés sont moins susceptibles de commettre des crimes que la population autochtone, toutefois l’ancien président maintient que les immigrés « empoisonnent le sang de la nation », un slogan qui fait écho aux mots utilisés par les nazis.
La promesse de « la plus grande déportation de l’histoire » de Trump est donc un projet coûteux et complexe, aux conséquences économiques potentiellement désastreuses pour les États-Unis.