Brésil : Selon l’ancien président de la République, il y a bien eu un complot pour renverser Dilma Rousseff en 2016
Michel Temer, 80 ans, a été vice-président de la République brésilienne de 2011 à 2016 puis président de la République de 2016 à 2018. Membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), il siège à la Chambre des députés pour São Paulo durant six législatives. Entre 1997 et 2010, il préside à deux reprises la chambre basse du Congrès. Il est surtout connu pour avoir trahi la coalition qui soutenait Dilma Rousseff (elle avait succédé à Lula en 2011) et précipité sa chute en 2016, ouvrant ainsi un boulevard à Bolsonaro trois ans plus tard.
Dans un livre (Le Choix), Temer révèle qu’avec d’autres, dont Edouardo Cunha (à l’époque président de la Chambre des députés) et le général Villas Bôas, il a fomenté une véritable machination pour renverser la présidente Rousseff et ensuite pour empêcher Lula de se représenter contre Bolsonaro. La droite et les militaires craignaient plusieurs choses : que Dilma Rousseff relance les enquêtes de corruption (Cunha sera par la suite emprisonné) et surtout qu’elle modifie la loi d’amnistie afin d’autoriser des poursuites contre les militaires qui avaient œuvré lors de la dictature (1964-1985). Michel Temer fait état de plusieurs réunions entre lui, Eduardo Cunha et des militaires de haut rang afin de fomenter un complot. Celui-ci aboutira au coup d’État constitutionnel au cours duquel Jair Bolsonaro rendit hommage au colonel Ustra, qui avait torturéDilma Rousseff en 1970. Il affirme également que le principal instigateur fut Cunha. Ce dernier a été condamné à quinze ans et quatre mois de détention pour « corruption », « blanchiment d’argent » et « sortie illégale de devises » en 2017, après avoir été suspendu de ses fonctions de député et donc de ses fonctions de président de la Chambre des députés par Teori Zavaski, un juge du Tribunal suprême fédéral (STF).
Le livre montre également que l’armée craignait que le PT (Parti des Travailleurs alors au pouvoir avec Lula puis D Rousseff) ne cherche à changer la forme d’accès des officiers au généralat et la formation des militaires dans les académies.
Temer affirme au passage avoir voté pour Bolsonaro dès le premier tour.
Il y a donc bien eu un complot en 2016 pour renverser la présidente Dilma Rousseff. Je me demande si un jour Le Monde fera un rectificatif, lui dont l’éditorial titrait : Brésil : ceci n’est pas un coup d’État…
Le livre est en fait un entretien avec un écrivain, le titre complet est : A Escolha. Como um Presidente Conseguiu Superar Grave Crise e Apresentar uma Agenda Para o Brasil.
(Le choix. Comment un président a réussi à surmonter une crise grave et à présenter un programme pour le Brésil).