L’ancien maire de São Paulo, aujourd’hui gouverneur de l’État éponyme, João Doria (João Agripino da Costa Doria Junior), 63 ans, affirme que le Brésil doit lutter contre le Coronavirus et, en même temps contre le Bolsonavirus. Courant mai, dans une interview accordée à l’hebdomadaire français l’Express, il dit : « À São Paulo, nous avons été les premiers à mettre en œuvre le confinement. Dès le mois de mars 2020, j’ai décrété l’obligation du port du masque, toujours en vigueur aujourd’hui [09/06/2021). De telles décisions ne sont pas forcément populaires et s’accompagnent d’un coût politique pour le gouverneur que je suis. Mais ici, à São Paulo, nous respectons la science, nous respectons la santé et nous respectons la vie ! Hélas, ce n’est pas le cas de notre président… Au Brésil, nous affrontons simultanément deux virus : le coronavirus et le Bolsonarovirus ! Le premier frappe 260 pays à travers le monde, mais le second sévit exclusivement au Brésil… »

Toutefois, qui est vraiment João Doria ? Homme d’affaires, animateur pathétique de télévision, admirateur de Trump, il fut parmi les parlementaires qui participèrent en 2016 au coup d’État constitutionnel qui renversa Dilma Rousseff, ouvrant ainsi un boulevard au Grand cheval* qu’il a soutenu sans vergogne. Certes, le gouverneur de São Paulo ne le nie pas et a l’honnêteté de le reconnaître : “De nombreux Brésiliens ont commis l’erreur gravissime de voter pour lui, moi y compris. Mais je ne commettrai pas deux fois la même erreur. Bolsonaro se situe à l’extrême droite… de l’extrême droite. Les extrêmes n’ont jamais rien apporté de bon dans aucun pays. Lorsque les extrémistes entrent en jeu, de gauche ou de droite, c’est la fin du dialogue. Il ne reste alors que la confrontation. Les premiers perdants sont alors la population et l’économie. J’espère vraiment que Bolsonaro ne fera qu’un mandat”.

Quand le vent tourne… et c’est bien le problème au Brésil. De plus en plus de politiciens qui avaient soutenu Bolsonaro se détournent de lui depuis le début de la crise sanitaire. Mais, celles et ceux qui se repentent aujourd’hui ont des ambitions électorales affirmées, et ces dernières se situent toutes à la droite de la droite. Une droite dure, mais sans un Bolsonaro devenu encombrant.

 

* C’était le surnom de Jair Bolsonaro à l’armée dont, on le dit peu, il s’est fait virer pour indiscipline et insubordination en 1988. Il avait alors 33 ans et le grade de capitaine d’artillerie de l’armée de terre.