Le taux d’abstention très élevé aux élections régionales et départementales en France, hier, a interpellé politiques, éditorialistes, citoyens, notamment sur les réseaux sociaux. Et chacun y est allé de sa proposition en brandissant haut et fort un remède miracle.

Celui du vote obligatoire est revenu très souvent.

Mais, le Brésil montre que c’est une fausse bonne solution.

Ici, le vote est obligatoire pour les 18-70 ans (on peut voter à partir de 16 ans) sous peine d’amende ou de radiation des listes électorales, depuis 1932. Toutefois lors de la dernière élection présidentielle, l’abstention était de plus de 21 %. Dans certaines villes, pour les municipales cette abstention peut frôler les 30 %. Pourquoi ?

D’abord, l’amende infligée est faible (équivalente à 2 €) et son coût de recouvrement est supérieur aux bénéfices à en tirer. Ensuite, il existe plusieurs dérogations dont, la plus courante, est de prouver que l’on n’était pas sur place le jour du scrutin. Un titre de transport, une fadette, un relevé de compte suffisent. En plus des spécificités propres au Brésil, comme l’éloignement des bureaux de vote et les frais de transport pour les plus pauvres (rappel : 52 millions de Brésiliens survivent en dessous du seuil de pauvreté), il y a, comme en France, une très forte proportion de citoyens qui n’ont aucune conscience voire éducation civiques et politiques. Au Brésil, par exemple, on vote par le biais d’urnes électroniques sur le modèle des États-Unis, avec des numéros attribués à chaque candidat. Du coup, celles et ceux qui se plient de mauvaise grâce à l’obligation de voter le font un peu comme s’il jouait à la loterie. C’est bien pour ça d’ailleurs qu’à chaque scrutin local il y a pléthore de candidats. Comme dit l’autre, sur un malentendu…

Et puis, ce vote obligatoire n’a pas empêché l’élection de Bolsonaro !

En Australie, voilà une dizaine d’années que les citoyens votent par internet. Bien sûr, il y a le risque de cyberattaques. Il y a eu un seul bug en 10 ans. Il a été corrigé en quelques heures et n’était pas dû à un piratage, mais à une faille du système iVote. En France on déclare et paye ses impôts en ligne tout comme on gère ses petites (et grosses) affaires bancaires, alors pourquoi pas les élections ? Après tout, le bourrage d’urnes, ça peut exister !

Un vote à distance sur plusieurs jours pourrait-être une solution envisageable, à condition que dans les écoles françaises soient donnés de vrais cours d’instruction civique du primaire au lycée.