Dans l’État de Sinaloa, au nord-ouest du Mexique, la violence liée à la guerre entre deux factions du cartel de Sinaloa — Los Mayitos et Los Chapitos — a atteint un niveau terrifiant, au point de devenir une routine quotidienne. Le mois de juin 2025 s’est terminé avec plus de 200 assassinats et 80 disparitions, un record depuis le début du conflit en septembre 2024.

Un reportage de Marcos Vizcarra publié dans le quotidien hispanique El País suit la journée d’un habitant fictif, Juan Ignacio, qui incarne la population locale contrainte de vivre dans la peur, le silence et la résignation. Dès son réveil, il consulte des groupes WhatsApp, qui diffusent en réalité la propagande des cartels, afin de savoir s’il est prudent de sortir de chez lui.

Autour de lui, la violence est omniprésente : cadavres dans la rue, têtes décapitées exposées sur des ponts, menaces d’extorsion, écoles fermées par crainte pour la sécurité des enfants. Les crimes sont devenus si fréquents qu’ils ne font plus la une des journaux, et les autorités minimisent ou ignorent la gravité de la situation. Le gouverneur lui-même déclare que « la violence n’est plus une actualité ».

Juan Ignacio apprend aussi qu’il vient de perdre son emploi dans une entreprise de livraison, victime de la crise économique provoquée par l’insécurité. Il envisage de devenir chauffeur VTC, mais seulement jusqu’à 23h, car la nuit est trop dangereuse.

La fin de la journée est marquée par le chagrin, la fatigue morale, et une routine oppressante. Juan Ignacio se remémore la mort violente du frère d’une amie, tué il y a huit ans, et réalise combien la barbarie est devenue banale. Il pleure en cachette, refusant de montrer sa peur à sa femme, ses enfants ou sa mère.

L’article dresse un portrait saisissant d’une population prise au piège dans un quotidien dominé par la violence, l’impunité, l’indifférence des autorités et la nécessité de survivre malgré tout. À Sinaloa, ce qui devrait choquer est devenu la nouvelle normalité.

L’État de Sinaloa, au nord-ouest du Mexique est composé de dix-huit municipalités et habité par un plus de trois millions d’habitants. À Culiacán, la capitale, la vie nocturne s’est presque éteinte sous la pression des affrontements entre factions rivales du cartel de Sinaloa. Les habitants n’osent plus s’aventurer dans la ville, tandis que de nombreux lieux de fête ont dû mettre la clé sous la porte. Selon le média El Universal, les habitants de Culiacán disent que lorsque le soleil se couche les démons de la violence commencent à se réveiller. En six mois, cette situation a entraîné la fermeture de plus de 300 commerces du centre-ville. Pour éviter d’être la cible d’une agression potentiellement mortelle, les habitants de Culiacán s’imposent désormais un couvre-feu volontaire, ce qui est une catastrophe pour de nombreux établissements. Selon les organisations locales de chefs d’entreprise, la violence à Culiacán au cours de ces six [derniers] mois entraîne chaque jour un manque à gagner de plus de 400 millions de pesos [environ 18,4 millions d’euros].

Rien qu’entre le 1er et le 5 juillet 2025, il y a déjà eu au moins cinq meurtres à Culiacán !