Des mineurs ont violé des enfants et des femmes Yanomami avec la complicité du gouvernement Bolsonaro

« Ce n’est qu’après t’être allongé avec ta fille que je te donnerai à manger », a dit un orpailleur à un indigène Yanomami.

Damares Alves et Jair Bolsonaro.

Damares Alves, ancienne ministre des Femmes, de la famille et des droits de l’homme. Pasteur évangélique, elle fut accusée d’avoir fait enlever une adolescente amérindienne pour en faire quasiment son esclave. Raciste, elle qualifie régulièrement les autochtones de sauvages incultes et sanguinaires. Depuis 2013, date à laquelle elle a donné une conférence dans une église du Mato Grosso do Sul, Damares se présente comme ayant un master en éducation, un master en droit constitutionnel et un master en droit de la famille, alors qu’aucun établissement d’enseignement supérieur ne lui a jamais accordé ces titres…

En 2020, elle a tenté d’empêcher une jeune fille de dix ans, dont la grossesse était le résultat d’un viol, de subir un avortement qui avait déjà été autorisé par les tribunaux. Elle a déclaré officiellement que les enfants de l’île de Marajó se faisaient « arracher les dents pour qu’ils ne mordent pas pendant le sexe oral » et que leur régime alimentaire était basé sur « une nourriture pâteuse pour que les intestins soient libres au moment du sexe anal ». La Cour suprême la poursuit pour ces propos. Au Brésil, les infox sont criminalisées. Damares Alves s’est exonérée de toute responsabilité en ce qui concerne le peuple Yanomami. Elle a déclaré que les images diffusées sont « des mensonges répandus ces derniers jours ».

En 2022, la Hutukara Associação Yanomami a publié un rapport, élaboré en partenariat avec des chercheurs de l’Université de São Paulo, signalant les nombreuses violations des droits de l’homme qui se produisaient quotidiennement dans les communautés dispersées dans l’Amazonas et du Roraima (deux États amazoniens).

Violence, drogues, menaces, faim, viol des personnes vulnérables, MST, empoisonnement au mercure, maladie et mort des peuples autochtones. Dans une interview accordée à TV GGN cette semaine, Dario Kopenawa, leader des Hutukara, a déclaré que le gouvernement Bolsonaro a reçu le rapport des universitaires et plusieurs autres rapports sur les crimes commis en territoire Yanomami, mais il n’y a eu aucune réaction de la part du gouvernement Bolsonaro. Pire, les discours du président d’extrême droite n’ont fait qu’encourager les exactions qui ont empiré.

Viol d’enfants et de femmes

Autoproclamé « défenseur de la famille », Bolsonaro et ses subordonnés ont fermé les yeux sur les situations d’exploitation sexuelle des enfants, relatées dans le rapport « Yanomami Under Attack : Illegal mining in Yanomami Indigenous Land and proposals to fight it », publié en avril 2022. Parmi les extraits les plus horribles figurent des comptes rendus sur la façon dont les orpailleurs et bûcherons violaient les enfants, les adolescents et les femmes Yanomami en échange de nourriture.

L’alcool comme stratégie

Pour faciliter le crime, les mineurs droguaient ou enivraient les victimes avec du rhum, et utilisaient également l’alcool comme monnaie d’échange avec les hommes de la famille pour les convaincre de livrer leurs sœurs ou leurs filles.

Selon le rapport, au moins trois jeunes filles de 13 ans sont mortes, probablement à la suite de maladies sexuellement transmissibles, après avoir été violées par des mineurs. On rapporte également deux « mariages » arrangés entre des orpailleurs et de jeunes adolescentes Yanomami, avec la promesse d’un paiement en marchandises alimentaires et sanitaires, qui n’a jamais eu lieu.

Les rapports les plus courants font état de mineurs profitant de l’appauvrissement et de la faim dans les villages, qui se sont développés précisément à cause de la contamination des rivières par le mercure provenant des mines illégales.

Le document, qui a été envoyé à la police fédérale, au ministère public fédéral, à l’armée et à d’autres organismes, contient les relations de dialogues entre les criminels et les familles autochtones.

Parmi ces enregistrements, plusieurs médias en ont publié des extraits dont Globo et TV GGN.

Tous les dialogues ont été authentifiés par les autorités et sont versés au dossier judiciaire.

Ce n’est qu’après les avoir touchées et pelotées qu’ils leur donnent un peu de nourriture (aux adolescentes). « Si je prends votre fille, je ne vous laisserai vraiment de quoi ne plus avoir faim », propos tenus par un orpailleur.

D’autres :

« Si tu as une fille et que tu me la donnes, je reviendrais avec une grande quantité de nourriture que tu mangeras ! Vous vous nourrirez vous-même ! »

Les mineurs posent des questions aux jeunes qui emmènent leurs sœurs avec eux. Il demande donc au Yanomami : « Cette fille que tu as emmenée avec toi, c’est ta sœur ? Le Yanomami répond : “C’est ma sœur”. Alors il [continuent à demander :] “Que penses-tu de ta sœur ? Si tu fais coucher ta sœur avec moi, étant donné que tu es son frère, je te paierai 5 grammes [d’or].

“Fais ce que je dis ! Si tu veux de la cachaça (alcool de canne), je te donne aussi de la cachaça. Tu vas te saouler dans ta maison ! Et donne-moi ta fille”.

Sources : Rapports fédéraux et médias locaux dont Globo et TV GGN.