En Amazonie, où sévit un épisode d’extrême sécheresse, le niveau de plusieurs cours d’eau a drastiquement baissé et laissé apparaître des roches habituellement immergées, ornées de gravures dont la plupart représentent des visages humains. Elles constituent un site archéologique d’une « grande importance », a souligné l’archéologue Jaime Oliveira, de l’Institut du patrimoine historique et artistique national (Iphan) du Brésil, cité dimanche 22 octobre par l’AFP.
Pour Beatriz Carneiro, historienne et membre de l’Iphan, ce site situé sur les rives du Rio Negro et baptisé Praia das Lajes a une valeur « inestimable » pour permettre de mieux connaître les premiers habitants de la région, un pan de l’histoire encore peu étudié. « Malheureusement, cela réapparaît aujourd’hui avec l’aggravation de la sécheresse », poursuit-elle. « Le fait de retrouver nos rivières [en crue] et de maintenir les gravures immergées contribuera à leur préservation, plus encore que notre travail. »
Les eaux du Rio Negro, l’un des principaux affluents de l’Amazonie, dont le débit a atteint mi-octobre son plus bas niveau depuis 121 ans, recouvraient jusqu’à présent les formations rocheuses et leurs œuvres d’art. Lors d’un précédent épisode de sécheresse en 2010, les gravures avaient été observées pour la première fois.
La rivière prend sa source en Colombie sous le nom de Río Guainía, et ensuite forme la frontière entre le Venezuela et la Colombie avant d’entrer au Brésil pour enfin se jeter dans le Rio Solimões en un confluent appelé Rencontre des Eaux en aval de la ville de Manaus, la capitale de l’État brésilien de l’Amazonas. Le phénomène naturel, bien que rare, de la Rencontre des Eaux est causé par les différences de densité, de vitesse d’écoulement, ainsi que de température, entre les eaux limoneuses et ocres du rio Solimões et les eaux noires du rio Negro. Ces eaux vont ainsi à leur rencontre sans se mélanger sur des dizaines de kilomètres.
Sources : AmazoniaReal, Iphan
En raison de son faible niveau, le Rio Negro à Manaus a révélé de nombreuses gravures rupestres millénaires, qui réapparaissent à mesure que l’eau diminue.
Les experts estiment que ces pétroglyphes, comme on les appelle également, ont entre 1 000 et 2 000 ans.
Ces gravures représentent des visages humains sur les parois rocheuses du site archéologique de Lajes, au bord du Rio Negro. La dernière fois qu’elles ont été visibles était lors de la sécheresse de 2010.
Un autre bloc de ces gravures est toujours sous l’eau, mais devrait émerger dans les prochains jours si le niveau du Rio Negro continue de baisser.