Le point sur la situation

Plusieurs médias ont consulté des experts militaires pour comprendre quel serait le rôle du Brésil dans un éventuel conflit sur l’Essequibo. Selon les analystes, une incursion de quelque nature que ce soit semble improbable dans le contexte actuel.

La frontière entre le Venezuela et la région d’Essequibo est principalement constituée d’une forêt dense, ce qui rend difficile le déplacement des troupes et des véhicules blindés. « La frontière entre le Venezuela et le Guyana est très étendue, mais une grande partie est constituée de forêts, avec peu de régions d’accès présentant des caractéristiques de savane », a expliqué Augusto Teixeira, professeur invité au département d’études sur la guerre du King’s College de Londres. Selon cet expert, les quelques zones disponibles à la frontière pour une incursion vénézuélienne ne permettent l’utilisation que de quelques forces d’infanterie à pied, en faible nombre. C’est pourquoi une action de plus grande envergure devrait passer par le territoire brésilien, où des routes permettraient les déplacements.

« Par voie terrestre, l’option du Venezuela serait d’emprunter la route 10 et d’entrer au Brésil, en descendant jusqu’à la BR-174 », explique Ronaldo Carmona, professeur de géopolitique à l’École supérieure de guerre (ESG) à la BBC.

Une incursion armée terrestre est actuellement difficile. D’abord le Brésil n’autorisera en aucun cas l’utilisation militaire de son territoire. Quant à une incursion aérienne, toujours possible, elle serait coûteuse pour le Venezuela exsangue.

La situation pourrait devenir incontrôlable, selon un expert sur les tensions entre le Venezuela et le Guyana

Le ministre brésilien de la Défense, José Múcio, a déclaré dans une interview accordée à G1-Brasil que la région de la triple frontière entre le Brésil, le Guyana et le Venezuela était « garantie » par les forces armées brésiliennes, les seules capables actuellement de contrôler efficacement la région. « Nous ne permettrons pas aux troupes vénézuéliennes de passer par le Brésil. Je peux vous l’assurer », a-t-il insisté.

Sur un plan plus général, une grande partie de l’armée vénézuélienne se trouve dans la région proche de Caracas et sur la côte. Il n’est pas facile de déplacer ces troupes jusqu’à la frontière avec le Guyana.

L’armée du Guyana recherche un hélicoptère disparu près de la frontière

Toutefois, selon le journal Folha de São Paulo, 200 militaires ont été déployés dans un peloton frontalier situé dans la ville de Pacaraima, dans l’extrême nord du pays. Dans un communiqué, l’armée a également mentionné des « moyens d’emploi militaire dans les villes de Pacaraima et Boa Vista », dont des véhicules blindés qui seront déployés tout au long du mois de décembre.

Le Brésil est traditionnellement le « gendarme » de l’Amérique du Sud et ses diplomates insistent pour dire qu’ils parlent aussi bien avec le Venezuela qu’avec le Guyana, mais il est aussi prêt à jouer des muscles si nécessaire, d’où une armée prête à intervenir à la moindre étincelle.

L’armée brésilienne détecte une augmentation des troupes vénézuéliennes à la frontière avec le Guyana