Le taux d’inflation annuel de l’Argentine dépasse 211 % pour 2023, selon les chiffres officiels publiés cette semaine, soit le niveau le plus élevé depuis le début des années 1990, alors que le nouveau président Javier Milei cherche à combattre l’hyperinflation par des mesures d’austérité strictes et que le FMI tente une nouvelle fois de voler au secours du pays dont la monnaie est dollarisée de fait. Le nouveau gouvernement a trouvé un accord avec le FMI qui va lui permettre d’obtenir 4,7 milliards de dollars. Le ministre de l’Économie Luis Caputo fait pression sur le Congrès pour qu’il approuve les réformes ultralibérales qui doivent être entreprises. Mais elles sont déjà contestées dans la rue.

Le taux d’inflation mensuel de l’Argentine a atteint 25,5 % en décembre, légèrement en dessous des prévisions, à la suite d’une forte dévaluation du peso par le gouvernement de Milei.

Selon les chiffres de l’inflation pour 2023, l’Argentine a dépassé le Venezuela, qui a longtemps été le point le plus en marge de l’Amérique latine en termes d’inflation, où les pressions inflationnistes se sont atténuées pour atteindre 193 % en 2023, selon les estimations.

Le président Javier Milei, un libertaire populiste qui est arrivé au pouvoir grâce à la colère des électeurs face à l’aggravation de la situation économique, cherche à appliquer des mesures d’austérité strictes pour faire baisser l’inflation, réduire un profond déficit budgétaire et reconstituer les caisses de l’État. Mais Milei, qui a pris ses fonctions il y a un mois, a prévenu que cela prendrait du temps et que la situation pourrait empirer avant de s’améliorer. De nombreux Argentins réduisent encore leurs dépenses et les deux cinquièmes d’entre eux sont déjà en situation de pauvreté.

Après 40 années de corruption, de clientélisme et d’absurdités péronistes, l’Argentine est exsangue. Le dirigisme péroniste a augmenté la pauvreté nationale de 10 % à 45 % de la population nationale en une décennie. 

Javier Milei a annoncé une dérégulation massive de la troisième économie d’Amérique latine et signé un décret destiné à modifier ou abroger plus de 300 normes, dont celles sur les loyers, les privatisations et le droit du travail. Remède de cheval. Pas sûr qu’il soit efficace…

L’inflation en Argentine était généralement à un chiffre entre 1900 et 1944, avec toutefois des pics à deux chiffres en 1900-1901, 1917-1918, 1920, 1933, et plusieurs années de forte déflation. Entre 1945 et 1975, le taux annuel moyen était à deux chiffres, avec un important pic à trois chiffres en 1959 (129,5 %) et des pics supérieurs à 30 % en 1948 (31 %), 1951 (36,7 %), 1952 (38,8 %), 1966 (31,9 %), 1971 (34,7 %), 1972 (58,5 %) et 1973 (60,3 %) [1]. La période 1975-1988 a été marquée par un cycle de taux d’inflation annuels à trois chiffres, avec des pics en 1976 (444 %), 1984 (626,7 %) et 1985 (672,2 %) [1. [Entre 1989 et 1990, l’hyperinflation a culminé à 3079 % et 2314 % respectivement. Dans les années 1990, avec la loi de convertibilité du peso avec le dollar, l’inflation a baissé jusqu’à atteindre des niveaux proches de zéro. Avec l’abandon de la convertibilité en décembre 2001, l’inflation est revenue, avec des taux de l’ordre de 20-25 % pour la période 2002-2017, bien qu’avec deux pics de 47,6 % et 53,8 % en 2018-2019, ce qui a conduit à classer l’économie argentine dans la catégorie des économies hyperinflationnistes.

En 2020, l’inflation était de 36,1 %, en 2021 elle a atteint 50,9 %, en 2022 elle a clôturé à 94,8 % et en 2023 elle a donc clôturé à 221 %, le chiffre le plus élevé depuis 1991.