Le 9 février 1993, à 10 h 15, un avion B52 de la Nasa a décollé du centre spatial Kennedy, dans l’État américain de Floride

Sous l’une de ses ailes, l’avion transportait la fusée Pegasus, qui à son tour transportait le satellite de collecte de données 1, le SCD-1, premier objet brésilien de ce type à aller dans l’espace. À 11 h 41, il a été mis en orbite à une altitude de 750 kilomètres.

La durée d’exploitation prévue était d’un an, mais SCD-1 est en service depuis plus de 30 ans, ce qui en fait le plus vieil objet au monde tournant actuellement dans l’espace. Le précédent record était détenu par un satellite japonais. 

La longévité de SCD-1 est due au fait qu’il s’agit d’un satellite simple et robuste, ainsi qu’à la haute qualité de sa conception et de ses composants.

SCD-1 a été conçu pour collecter des données. C’est une mission différente de l’imagerie, par exemple. Il n’a pas besoin de pointer en permanence vers des endroits différents ni d’être très stable. Le principe de stabilité de ce satellite est basé sur la rotation plutôt que sur le contrôle des trois axes. C’est comme une toupie qui reste debout tant qu’elle tourne. Lorsqu’elle ralentit, elle bascule. Le SCD-1 n’a pas besoin d’ordinateur de bord, de logiciel ou de batterie, car c’est le lanceur lui-même qui lui a donné sa rotation initiale, à 120 tours par minute.

Les signaux de ce satellite sont toujours captés par la station terrestre d’Alcântara dans l’État du Maranhão, dans le nord-est du Brésil. Ce sont principalement les données météorologiques, telles que les précipitations, la vitesse et la direction du vent, l’humidité de l’air et le niveau des rivières, par exemple, qui sont utilisées pour établir et améliorer les prévisions météorologiques.

Ces informations sont vendues à plus d’une centaine d’utilisateurs, dont des entreprises, des universités, des instituts et centres de recherche et des centrales électriques.

SCD-1, est un satellite en forme de prisme octogonal d’une diagonale d’un mètre et d’une hauteur de 1,45 mètre, pesant 115 kg.

Il a été entièrement conçu, développé et intégré par l’Inpe, avec une participation importante de l’industrie nationale. Pour le développer, l’institut a investi massivement dans des laboratoires modernes et dans la formation de ses ressources humaines.

Toutefois, des technologies d’autres pays ont également été utilisées, comme de nombreux composants électroniques et le panneau solaire qui alimente le satellite en énergie. SCD-1 a encore de longues années devant lui selon les spécialistes.

En 1979, la dictature militaire a approuvé la Mission spatiale brésilienne complète – MECB. Elle consistait en la conception et le développement de 4 satellites artificiels, du véhicule de lancement et de toute l’infrastructure au sol, y compris une base de lancement. L’INPE était chargé de développer les quatre satellites, dont deux pour la collecte de données et deux pour la télédétection, ainsi que l’infrastructure au sol pour leur fonctionnement en orbite. SCD-1 était le deuxième d’entre eux. SCD-1 ( Satélite de Coleta de Dados 1 ) a été le premier satellite entièrement développé au Brésil. Il a été conçu, développé, construit et testé par des techniciens, ingénieurs et scientifiques brésiliens travaillant à l’INPE.

L’équipe de l’INPE responsable du programme

L’INPE ( Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais) est une agence gouvernementale, plus précisément un centre de recherche brésilien chargé des activités scientifiques et des applications dans le domaine spatial. Son siège se situe à São José dos Campos dans l’État de São Paulo au sud du pays. L’INPE est rattaché au ministère des Sciences, des Technologies, de l’Innovation et des Télécommunications brésilien.

En 1961 un décret présidentiel crée le GOCNAE embryon de l’INPE qui devient en 1963 le NCEA. Cette entité réalise la première campagne de tir de fusées-sondes en 1965. L’activité dans le domaine de la télédétection débute en 1969. Le NCEA devient l’INPE en 1971.

L’une de ses missions est la surveillance des incendies et de la déforestation.

D’ailleurs, en 2019, le directeur de l’INPE, qui avait alerté sur l’ampleur des incendies frappant la forêt amazonienne, fut limogé par le président Jair Bolsonaro…