L’ONG britannique Earthsight accuse dans un rapport H&M et Zara d’être « liés » à des activités de déforestation illégale à grande échelle au Brésil, d’accaparement de terres, de corruption et de violence dans des plantations de coton détenues par leurs sous-traitants : « Les plus grandes marques de mode du monde, H&M et Zara, utilisent du coton lié à l’accaparement des terres, à la déforestation illégale, à la violence, aux violations des droits de l’homme et à la corruption au Brésil ».
Intitulé « Crimes de mode: les géants européens de la mode liés au coton sale du Brésil », le rapport compile et analyse des données publiées à partir d’images satellite, de décisions de justice, de registres d’expédition de produits et d’enquête sous couverture. L’ONG explique ainsi avoir retracé le parcours de 816 000 tonnes de coton provenant de deux des plus grandes entreprises agroindustrielles du Brésil, SLC Agrícola et le groupe Horita (dans l’ouest de l’État de Bahia).
Ces exploitations appartiennent à des familles brésiliennes, qui exercent leurs activités dans une partie de la région du Cerrado, savane réputée pour la richesse de sa faune et de sa flore. Or, elles ont « un lourd passif de procédures judiciaires, de condamnations pour corruption et de millions de dollars d’amendes pour déforestation illégale », dénonce l’ONG.
Ces tonnes de coton ont ensuite atterri dans huit usines textiles d’Asie où s’approvisionnent entre autres les deux géants de la fast fashion que sont l’espagnol Zara et le suédois H&M. Un coton certifié comme « durable » par l’organisation à but non lucratif Better Cotton (BC), selon Earthsight.
Quatre milliards de tonnes de CO2 par an
L’industrie textile est l’une des plus polluantes : cent milliards de vêtements sont vendus annuellement dans le monde et génèrent quatre milliards de tonnes de CO2 par an, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), part à laquelle contribue largement la « fast fashion », site La Tribune (France)..
Consacrée dès les années 1990 en France avec l’arrivée de Zara, la « fast fashion » puis l’ « ultra fast fashion » s’imposent dans les habitudes des consommateurs et déstabilisent le marché de la mode. Cette mode se définit en premier lieu par un renouvellement très fréquent de son catalogue.
Légiférer pour ralentir le marché
Pourtant, le marché de la fast fashion ne connaît pas la crise. Il « devrait franchir la barre des 250 milliards d’euros d’ici 2028, soit une croissance annuelle d’environ 3,8 % sur la période », note le Boston Consulting Group (BCG), s’appuyant sur l’étude The Global Fashion Market (2022-2028) et Statista. L’incapacité du secteur de la mode à contrôler et à garantir la durabilité et la légalité de ses chaînes d’approvisionnement en coton signifie que les gouvernements des marchés de consommation riches doivent les réglementer. Une fois en place, les règles doivent être strictement appliquées.
Afin de freiner ce développement ahurissant, l’Assemblée nationale française a voté mi-mars à l’unanimité différentes mesures comme une interdiction de la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés inondant le marché. Mais la mesure principale reste le renforcement du système de « bonus-malus » dans le secteur textile, pour tenir compte des « coûts environnementaux » d’une production excessive. La proposition de loi, adoptée en première lecture, devra désormais être examinée par le Sénat. Elle émane du groupe Horizons, l’une des trois composantes de la majorité présidentielle, dans le cadre de sa journée réservée au Palais Bourbon.
Sources : AFP, Earthsight, Statista