Tension politique au plus haut niveau au Venezuela en raison de la panne d’électricité la plus grave depuis 2019. Edmundo González Urrutia, candidat de l’opposition aux élections du 28 juillet et vainqueur de celles-ci, a refusé pour la troisième fois en une semaine de se présenter devant le ministère public, qui l’accuse de conspiration et d’usurpation de fonctions, entre autres incriminations. Le ministère public, totalement sous le contrôle de Maduro et des chavistes, a déjà averti qu’un mandat d’arrêt serait émis à son encontre s’il ne se présentait pas, considérant qu’il représente un risque de fuite et d’obstruction à l’enquête. Bien que cet ordre ne soit pas encore officiel, les dirigeants de l’opposition savent qu’il ne s’agit que d’une question de temps. Nicolás Maduro lui-même a évoqué la nécessité de « mettre la main » sur le candidat de l’opposition, alors que ce dernier a choisi de ne pas faire de déclaration publique, l’effondrement du réseau électrique occupant l’attention des autorités. Il s’est contenté de remerciements sur le réseau social X pour les félicitations reçues « dans des moments difficiles » à l’occasion de son 75e anniversaire.

Hier, 80 % du Venezuela a été privé d’électricité. Dès la première déclaration du ministre de la Communication Freddy Ñáñez, jusqu’au bilan présenté par le président le soir même, l’opposition a été désignée comme responsable, alimentant l’hypothèse d’un sabotage provenant de l’étranger. Maduro a accusé « la droite fasciste », terme qu’il utilise fréquemment pour désigner l’alliance dirigée par María Corina Machado et González Urrutia, ainsi que « l’impérialisme américain » et « le complot satanique » d’avoir orchestré cette attaque présumée contre le principal centre de production d’électricité, sans fournir de preuves.

González Urrutia a passé un mois dans un lieu secret afin d’échapper au harcèlement des autorités gouvernementales et à une éventuelle arrestation, comme l’a suggéré l’ensemble de la direction du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). La dernière apparition publique remonte au 30 juillet, soit deux jours après les élections présidentielles, lors d’un rassemblement qui exigeait la publication des résultats, ce que l’exécutif a refusé de faire. Officiellement, la raison pour laquelle le bureau du procureur général a ouvert une enquête sur le candidat de l’opposition est la diffusion, sur un site internet, des résultats électoraux qui contredisent la version officielle et révèlent une défaite écrasante pour Maduro. En 2013, lorsque le successeur d’Hugo Chávez avait affronté Henrique Capriles, c’était le PSUV qui avait publié les résultats sur son site, dans un contexte de conflit avec son adversaire.
Le président en exercice a également exprimé la nécessité de poursuivre en justice les responsables présumés des attaques. « Je demande que justice soit faite pour ceux qui sont à l’origine de l’attaque criminelle contre le système électrique », a-t-il déclaré. Selon plusieurs témoignages, de nombreux endroits demeurent sans électricité ce samedi (31/8). Dans les zones où le courant était revenu à la normale hier, il a de nouveau été interrompu après 20 heures. Globalement, cette panne n’a fait qu’accentuer le malaise d’une population épuisée.

Sources : presse régionale et internationale dont El País, Globo. Archives personnelles et témoignages recueillis par des amis sur place.