Un troisième vol de rapatriement de Brésiliens du Liban est arrivé à São Paulo à bord d’un avion de l’armée de l’air brésilienne (FAB). Ils étaient 218 hommes, femmes et enfants. Les trois premiers vols de rapatriement en provenance du Liban ont déjà ramené 674 personnes et 11 animaux de compagnie au Brésil.
C’est l’occasion de souligner les liens qui unissent le pays du Cèdre à celui du carnaval. Le Liban abrite le plus grand nombre de Brésiliens au Moyen-Orient, avec une communauté estimée à 21 000 personnes. Outre les Brésiliens qui vivent dans le pays, les relations sont également renforcées par l’importante communauté de Libanais et de descendants de Libanais qui ont émigré au Brésil depuis la fin du XIXe siècle.
Selon l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE), 12 336 Libanais vivaient au Brésil en 2010, date du dernier recensement dont les résultats ont été publiés. Ce chiffre correspondait à 2,9 % de l’ensemble des étrangers présents dans le pays à cette époque. Mais en ce qui concerne la communauté libanaise au Brésil, les estimations sont beaucoup plus élevées. Entre les citoyens et les descendants, l’Association culturelle Brésil-Liban estime leur nombre à environ 8 millions.
Le Brésil est ainsi le pays qui compte la plus grande communauté de Libanais et de descendants de Libanais au monde, devant même la population libanaise, qui s’élève actuellement à environ 5,5 millions d’habitants.
Mais comment les deux pays ont-ils pu tisser des liens aussi forts, malgré la distance et les différences culturelles qui les séparent ?
Diaspora
Le grand flux migratoire libanais vers le Brésil remonte à la fin du XIXe siècle. Le premier bateau à destination du port de Santos a quitté Beyrouth en 1880. À l’époque, l’actuel Liban était sous la domination de l’Empire turco-ottoman et un sentiment de mécontentement à l’égard de la situation politique, économique et religieuse a motivé un processus d’émigration. « De nombreux chrétiens ont souffert de persécutions religieuses, tandis que la main-d’œuvre et les terres se faisaient de plus en plus rares », explique Nouha B. Nader, directeur culturel de l’Association des chrétiens libanais au Brésil à la BBC (BBC-Brasil).
Par ailleurs lors d’une visite officiel au Liban, l’empereur Pedro II a fait une telle propagande pour le Brésil le décrivant comme un pays de cocagne, qu’une vague d’immigration libanaise s’est produite dans les mois qui ont suivi.
Entre 1870 et 1930, les archives montrent qu’environ 330 000 migrants ont quitté ce qui était alors appelé Bilad al Sham ou « Grande Syrie » (territoires qui comprennent aujourd’hui la Syrie, le Liban, les territoires palestiniens et Israël), selon le Khayrallah Centre for Lebanese Diaspora Studies de l’université d’État de Caroline du Nord. Environ 120 000 de ces migrants se sont rendus aux États-Unis et 210 000 autres en Amérique du Sud, principalement en Argentine et au Brésil.
À l’époque, les documents n’indiquaient pas l’origine exacte des immigrants, ce qui rend difficile le dénombrement exact de la diaspora libanaise.
Entre 1884 et 1933, 130 000 Syriens et Libanais sont entrés au Brésil par le port de Santos, selon le chercheur Jeffrey Lesser, professeur d’histoire et directeur du programme d’études latino-américaines et caribéennes à l’université Emory.
Le premier consulat brésilien a ouvert ses portes à Beyrouth en 1911.
La communauté s’est principalement installée dans l’État de São Paulo, où un centre commercial commençait déjà à se développer autour de l’économie du café. Mais certains Libanais se sont également installés à Minas Gerais, Rio de Janeiro et, dans une moindre mesure, dans d’autres États, comme Amazonas, où beaucoup de Libanais se sont installés pendant le boom du caoutchouc.
Après la première vague de migrants, le Brésil a reçu au moins deux autres grandes vagues de Libanais : la première entre 1921 et 1940, également à majorité chrétienne, et la seconde entre 1941 et 1970, avec une majorité d’immigrants musulmans fuyant les conflits sectaires dans leur pays d’origine.
Parallèlement, certains Libanais et leurs descendants qui avaient gardé leur famille au Liban ont fini par revenir, formant une communauté brésilienne dans le pays du Moyen-Orient. Certains se sont installés définitivement, d’autres vont et viennent au gré des opportunités.
Il y a une Avenida República do Líbano dans la ville de São Paulo et une Rua Brasil près du port de Beyrouth.
L’hôpital Sírio-Libanês est un complexe hospitalier brésilien basé dans la ville de São Paulo et opérant également à Brasília. Conçu en 1921, il est considéré comme l’un des centres médicaux les plus importants d’Amérique latine et est réputé pour soigner des personnalités, une popularité attribuée à la composition de son équipe médicale. Il est considéré comme l’un des hôpitaux les plus prestigieux du monde.