Une ministre du gouvernement cubain a démissionné après avoir affirmé que le pays n’avait pas de mendiants, mais des personnes « déguisées en mendiants ». Marta Elena Feitó, qui détenait le portefeuille du travail et de la Sécurité sociale, a fait ce commentaire lors d’une réunion télévisée de la commission de l’Assemblée nationale de l’État à parti unique. « Quand vous regardez les vêtements que portent ces gens, ils sont déguisés en mendiants », a-t-elle déclaré. Elle a poursuivi en affirmant que les plus pauvres à Cuba souffraient principalement d’un « manque de valeurs, ajoutant : Nous ne pouvons pas permettre ce comportement ».
Ces déclarations ont provoqué une telle vague d’indignation que le gouvernement s’est fendu de plusieurs mises au point. Phénomène rare à Cuba.
Mardi soir (15/07), la presse officielle a rapporté que « la camarade » ministre « reconnaissait ses erreurs et présentait sa démission ». Bien que ce soit probablement le gouvernement lui-même qui ait exigé cette démission. Au poste de ministre à partir de 2019, Feitó Cabrera, 63 ans, est ingénieure en économie et organisation de l’industrie de la construction mécanique. Elle est titulaire d’un master en systèmes de gestion et gestion de la sécurité sociale et est membre du comité central du parti communiste. Son discours devant l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP) a trouvé un écho important auprès des Cubains, qui en ont assez de la profonde déconnexion entre les dirigeants et le peuple.
Depuis des décennies, les Cubains souffrent de l’effondrement de l’économie, dans un pays où il n’y a pratiquement plus de fournitures médicales ni de professionnels de la santé, où il n’y a pratiquement plus d’enseignants ni de matériel scolaire. La violence augmente au même rythme que le manque de logements ou les pénuries alimentaires. La crise généralisée a conduit de nombreux Cubains à choisir la voie de l’exil. Selon les chiffres officiels, plus de 39 % des retraités et pensionnés cubains, soit près de 3 millions de personnes, gagnent au minimum 1 528 pesos, soit moins de 5 dollars par mois.
Au milieu de cette controverse, le président Díaz-Canel a réitéré le discours que les Cubains entendent depuis des années : « La révolution ne peut laisser personne derrière elle, c’est notre devise, notre responsabilité militante ». Mais la réalité est que le castrisme se préoccupe de moins en moins son peuple et de ses attentes. Il faut savoir que 89 % des familles cubaines souffrent de pauvreté extrême selon l’Observatoire cubain des droits de l’homme.
Ce petit montage avec Marie-Antoinette est devenu viral sur les réseaux sociaux cubains.