Mystère autour de la mère et ses enfants russes retrouvés dans une grotte indienne. Elles y vivaient depuis plusieurs années. Elles ont été découvertes par des policiers en patrouille.
Nina Kutina a été secourue le 9 juillet par des policiers qui effectuaient une patrouille de routine près des collines de Ramteertha, dans la forêt de Gokarna, qui borde le paradis touristique de Goa. Les autorités affirment que la quadragénaire et ses filles – âgées de six et cinq ans – n’ont pas de documents valables pour séjourner en Inde. Elles avaient bien des visas touristiques, mais invalides depuis avril 2017. Nina Kutina a défendu son mode de vie dans deux interviews vidéo accordées à l’agence de presse indienne ANI, affirmant qu’elle et ses enfants étaient heureux de vivre dans la grotte et que « la nature donne une bonne santé ». Ce serait donc volontairement qu’elle a élu dominicile dans cette grotte en pleine forêt infestée de serpents.
Forêt, serpents et touristes
« La région est très prisée des touristes, en particulier des étrangers. Mais on y trouve beaucoup de serpents et elle est sujette aux glissements de terrain, surtout pendant la saison des pluies. Pour assurer la sécurité des touristes, nous avons commencé à patrouiller dans les forêts l’année dernière » », a déclaré à la presse Narayana, surintendant de la police du district d’Uttara Kannada. Un deuxième policiera déclaré qu’ils avaient descendu une colline escarpée pour enquêter lorsqu’ils ont vu des vêtements brillants qui avaient été suspendus à l’extérieur pour sécher. Quand les policiers ont dit à la mère que l’endroit était dangereux, elle a répondu : « Les animaux et les serpents sont nos amis. Les humains sont dangereux ». « La femme et ses enfants semblaient se sentir à l’aise dans cet endroit », ont déclaré les policiers en soulignant qu’ils avaient fallu un certain temps pour la convaincre qu’il était dangereux de vivre là. Nina Kutina et ses filles ont été emmenées à l’hôpital où les médecins ont constaté qu’elles étaient en parfaite santé, ne souffrant d’aucune carence alimentaire.
Nombreux voyages
Dans des interviews vidéo accordées aux agences de presse indiennes ANI et PTI, Nina Kutina a déclaré qu’elle était née en Russie mais qu’elle n’y vivait plus depuis 15 ans et qu’elle avait voyagé dans de nombreux pays, le Costa Rica, la Malaisie, Bali, la Thaïlande, le Népal et l’Ukraine…
Elle a affirmé qu’elle avait quatre enfants âgés de 20 à 5 ans. Elle a parlé de l’aîné qui est mort dans un accident de la route à Goa l’année dernière. Les autorités affirment que son deuxième fils, âgé de 11 ans, se trouve en Russie et qu’elles ont communiqué ces informations au consulat.
Mardi soir, le FRRO (Foreigners Regional Registration Office) a déclaré avoir retrouvé le père des filles, Dror Goldstein, un homme d’affaires israélien. Ils ont indiqué qu’il se trouvait actuellement en Inde, qu’ils l’avaient rencontré et qu’ils essayaient de le persuader de payer le rapatriement de Kutina et de ses filles. Mais, Mercredi (8/7/25), Goldstein a déclaré à la chaîne indienne NDTV que Nina avait quitté Goa sans l’en informer et qu’il avait déposé une plainte pour disparition auprès de la police. Il a déclaré qu’il souhaitait obtenir la garde conjointe de ses filles et qu’il ferait tout pour empêcher le gouvernement de les envoyer en Russie.
On ignore quand et comment Kutina est arrivée en Inde.
Les policiers ont expliqué qu’elle leur avait dit qu’elle était arrivée au Karnataka en provenance de Goa, où elle prétendait également avoir vécu dans une grotte. Elle a également affirmé qu’une de ses filles était née dans une grotte de Goa. On ignore quand et comment Kutina est arrivée en Inde. La police affirme qu’elle leur a dit avoir perdu son passeport, mais ils ont pu trouver dans ses affaires un passeport périmé plus ancien qui montrait qu’elle était venue en Inde avec un visa d’affaires valable du 18 octobre 2016 au 17 avril 2017. D’après les tampons d’immigration apposés sur son passeport, elle est entrée au Népal le 19 avril 2018 et en est ressortie trois mois plus tard.
Après la découverte d’une idole de Panduranga Vittala, une forme du dieu hindou Krishna, dans sa grotte, il a été rapporté qu’elle s’y était rendue pour faire de la méditation et pour des raisons spirituelles. Mais dans l’entretien qu’elle a accordé à l’ANI, Nina a rejeté cette version. « Il ne s’agit pas de spiritualité. Nous aimons la nature parce qu’elle nous donne la santé… c’est une très grande santé, ce n’est pas comme si vous viviez dans une maison ».
Elle a ajouté qu’elle avait « une grande expérience de la nature, de la jungle » et a insisté sur le fait que ses filles y étaient heureuses et en bonne santé. La grotte qu’elle avait choisie était « très grande et très belle » et « proche d’un village », ce qui lui permettait d’acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité.
« Nous n’étions pas en train de mourir, et je n’ai pas amené mes enfants, mes filles, à mourir dans la jungle. Elles étaient très heureuses, elles nageaient dans les chutes d’eau, elles avaient un très bon endroit pour dormir, beaucoup de leçons d’art, nous faisions de l’argile, nous peignions, nous mangions bien, je cuisinais des plats très bons et savoureux », a-t-elle déclaré à ANI.
Lorsque les policiers se sont approchés de la grotte, dont l’entrée avait été fermée par des saris aux couleurs vives, « une petite fille blonde est sortie en courant ». Lorsque les policiers, choqués, l’ont suivie à l’intérieur, ils ont trouvé Nina Kutina et l’autre enfant. Leurs possessions étaient maigres – des nattes en plastique, des vêtements, des paquets de nouilles instantanées et quelques autres articles d’épicerie – et la grotte présentait des fuites. Des vidéos tournées par la police dans l’habitation de la grotte montrent les enfants vêtus de vêtements indiens colorés, souriant à la caméra.
Selon les autorités indiennes, conformément au souhait de Nina, elles ont été conduites à un ashram associé à une ONG.