Pourquoi 500 millions d’abeilles sont-elles mortes au Brésil au cours des trois derniers mois ?

C’est la question que posent Thor Hanson dans The Guardian et l’Université fédérale de São Paulo.

Les apiculteurs brésiliens ont déclaré avoir perdu plus de 500 millions d’abeilles en seulement trois mois, cette année. La rapidité et l’ampleur de la mortalité totale rappellent l’effondrement des colonies en Amérique du Nord et en Europe en 2006. Mais au brésil les symptômes sont très différents.

Les scientifiques sont formels : au Brésil ce sont bien les pesticides qui sont responsables de cet écocide.

Depuis le début de l’année, près de 300 nouveaux produits ont été mis sur le marché par le gouvernement de Bolsonaro, y compris des tueurs d’abeilles interdits ou strictement réglementés dans d’autres pays. À cela s’ajoute en Amazonie, dont le miel est très réputé, les incendies et la déforestation.

Selon Aldo Machado, vice-président de l’association d’apiculture brésilienne du Rio Grande do Sul, le phénomène de la mortalité des abeilles a gagné de l’ampleur très rapidement. Moins de 48 heures après que de premières butineuses ont montré des signes de maladie, des dizaines de milliers ont succombé. « Dès que les abeilles saines ont commencé à éliminer les abeilles mortes des ruches, elles se sont retrouvées contaminées », a-t-il précisé, rapporte en français le magazine Géo. Alors, « elles ont commencé à mourir massivement ».

 

Le déclin des populations d’abeilles domestiques (Apis mellifera) ne date pas d’hier au Brésil. De nombreux apiculteurs ont enregistré des pertes ces dernières années. Mais celles-ci sont restées trop peu documentées pour identifier clairement l’ampleur du problème, de même que son origine. Maladie, parasite, changement climatique ou encore perte de l’habitat, les causes pourraient être multiples.

Toutefois, face à la récente hécatombe, ce sont des coupables bien précis qui ont été pointés du doigt : les pesticides. D’après Bloomberg, des analyses menées sur des abeilles mortes dans la ville de Mata ont révélé dans leur organisme des traces de cinq types de produits parmi lesquels le fipronil. Il s’agit d’un ingrédient souvent utilisé à des fins vétérinaires, notamment pour lutter contre l’invasion des puces et des tiques. Depuis 2013, son utilisation est interdite dans l’Union européenne, car il présente une forte toxicité. Il est également classé parmi les produits carcinogènes par l’Environmental Protection Agency des États-Unis.

Pour Carlos Alberto Bastos, président de l’Association d’apiculture du District fédéral au Brésil, « la mort de toutes ces abeilles est un signe que nous nous faisons empoisonner ».

En plus de la production agricole, les abeilles sont également importantes pour les espaces verts et la préservation de l’environnement, notent les spécialistes de l’Université fédérale de São Paulo. « Dans toute zone naturelle sans abeilles, la reproduction des plantes diminue fortement, ce qui entraîne une diminution de la production de fruits ».

Surtout, par les abeilles et les végétaux, les pesticides dangereux infectent toute la chaîne alimentaire.

 

Sources :

Université de São Paulo (portugais)

The Guardian (anglais)

Géo (français)

Exame (portugais)