Brésil : Bolsonaro est contre les pauvres

Les programmes sociaux en voie de disparition

Malnutrition et même famine sont de retour !

 

La Bourse familiale ou plus exactement la Bolsa-Escola est un programme social de grande ampleur mis en place par Lula (dès 2004). Le principe est simple : les plus pauvres reçoivent une aide financière à la condition (obligatoire et strictement contrôlée) que les enfants des familles en bénéficiant soient scolarisés. Double objectif : aider les Brésiliens les plus démunis et lutter contre le travail infantile. Ce fut une réussite indéniable.

La Bolsa Família fait partie du programme plus général Fome Zero (Faim Zéro) et est un « programme conditionnel » dans lequel le versement d’aides est conditionné à certaines obligations d’éducation, mais qui se rapproche néanmoins du concept de revenu de base. Il s’inspire du programme conditionnel mexicain Oportunidades et est mis en place dans plusieurs pays d’Amérique latine ou à New York.

Si les enfants de la famille sont scolarisés et suivent les programmes de vaccination obligatoire, la famille touche une aide mensuelle. Il concerne également les femmes jusqu’à 44 ans qui doivent effectuer un suivi médical et, si elles sont enceintes ou allaitantes, effectuer un accompagnement prénatal et un suivi de la santé du bébé.

Le programme a concerné plus de 12 millions de familles. Il s’agit du plus grand programme de transfert direct de revenus jamais engagé au Brésil.

La gestion de la Bolsa Família est décentralisée et partagée par l’Union, les États et les municipalités. Les trois entités fédérées travaillent ensemble pour améliorer, étendre et superviser l’exécution du programme. La liste des bénéficiaires est publique et accessible à tous les citoyens.

Mais ne va-t-on pas d’ici peu parler de ce programme à l’imparfait ? Déjà que le président Temer (droite, ayant succédé à Dilma Rousseff) avait exclu 10 % des bénéficiaires de la Bolsa Família, Bolsonaro ronge son frein : il voudrait tout simplement la supprimer !

De plus en plus de familles sont exclues du programme et pour l’instant les nouveaux bénéficiaires ont beau faire la queue dans les mairies ou les centres sociaux, ils ne parviennent pas à obtenir la fameuse carte jaune et vert.

Ce nouveau scénario montre que, face à un nombre record de Brésiliens en situation d’extrême pauvreté, qui étaient d’au moins 13,5 millions selon l’IBGE (l’équivalent de notre INSEE) en 2018, le gouvernement réduit délibérément la vitesse d’entrée dans le programme principal de lutte contre la pauvreté. « Depuis mai, personne n’a été autorisé à entrer », explique Delmiro Augusto Oliveira Filho, directeur de la Bolsa Família à Inhapi, une municipalité de 18 000 habitants dans l’arrière-pays d’Alagoas. « Les coupures ont toujours existé, car elles impliquent, par exemple, la mise à jour du registre. Ce qui n’est pas normal, c’est que la porte est fermée aux nouveaux bénéficiaires ». La situation est la même un peu partout dans le pays.

Selon les chiffres obtenus par le journal O Globo via la loi sur l’accès à l’information, la baisse au niveau national a été brutale : d’une moyenne de plus de 260 000 nouvelles cartes accordées entre janvier 2018 et mai 2019, la redevance mensuelle est tombée à seulement 5 667 nouveaux utilisateurs à travers le pays !

Bolsonaro et son gouvernement entendent faire des coupes au sabre dans le budget 2020. Ils ont déjà considérablement réduit les finances de… l’Université. Mais comme par hasard ont augmenté celles de l’armée.

Pour en revenir à la Bourse familiale, celle-ci, même à son plus fort n’a jamais coûté plus de 1 % du budget brésilien !

Le gouvernement d’extrême droite s’attaque visiblement aux pauvres dont la plupart sont noirs ou métissés, au savoir, à l’éducation et à la santé publique. Rien de nouveau sous le ciel brun des populistes !

Plus grave encore, alors que la faim avait été éradiquée au Brésil, elle réapparait notamment dans le Sertão et les zones isolées du Nordeste.