Le conseil municipal de La Plata, dans la province de Buenos Aires, a annoncé qu’il enquêtait sur la découverte de 200 sacs de dépouilles et de plus de 500 cercueils abandonnés dans le cimetière de La Plata, connu sous le nom de Protectora.
Une plainte a été déposée, une enquête est ouverte.
Les sacs et les cercueils ont été trouvés dans quatre entrepôts du cimetière qui « n’étaient pas des morgues et n’étaient pas destinés à la conservation de cadavres ou de restes de squelettes humains », a déclaré le conseil municipal de La Plata dans un communiqué.
Les quatre entrepôts « étaient en très mauvais état, avec des odeurs nauséabondes, de l’eau stagnante, des tiroirs effondrés et même des crânes », a-t-il ajouté.
Dans la deuxième des quatre salles de stockage, connue sous le nom de salle de veille, 200 sacs noirs contenant des dépouilles ont été trouvés, « dont la plupart sans identification » d’aucune sorte. Dans la même pièce, 15 cercueils en bois ont également été découverts.
Par ailleurs, des centaines de cercueils ont été trouvés dans le troisième entrepôt dont 22 d’enfants, car « ils étaient étiquetés “petits anges” ».
Les autres cercueils abandonnés ont été trouvés dans les entrepôts 1 et 4.
Les autorités de La Plata et la direction provinciale de l’enregistrement des personnes disparues du ministère de la Sécurité de Buenos Aires ont tiré ces conclusions après que le maire de La Plata, Julio Alak, a commandé des audits de divers organismes « pour garantir la transparence de l’administration municipale », comme l’indique un communiqué.
En ce qui concerne le cimetière, selon un autre communiqué de la municipalité, M. Alak a déclaré que les cercueils et les restes de squelettes qui ne sont pas identifiés seront enregistrés.
« Une fois les travaux terminés, nous essaierons de mettre en œuvre un programme d’inhumation pour les restes, en tenant compte de la dignité qui leur est attachée en tant qu’êtres humains », a déclaré le conseil municipal de La Plata.
L’autorité a également ajouté qu’elle fournira au ministère public toutes les informations nécessaires pour « clarifier les faits et les responsabilités dans cette affaire ».
En ce qui concerne le contenu des cercueils, le gouvernement de La Plata a indiqué qu’il n’avait pas encore été possible de déterminer ce qu’ils contenaient, car ils n’avaient pas été ouverts. Il a toutefois assuré que les sacs contenant des restes humains.
« Dans ce cadre, un travail exhaustif sera entrepris sur chaque dépôt, en séparant les tiroirs pour trouver des informations spécifiques qui permettront d’effectuer des procédures pour établir le lieu d’inhumation original. Une fois ce processus achevé, les restes seront réinhumés », a précisé le maire.
L’enregistrement des cercueils et des dépouilles et le programme d’inhumation seront dirigés par Alejandro Incháurregui, spécialiste en anthropologie médico-légale, fondateur de l’équipe argentine d’anthropologie médico-légale et actuel directeur du registre des personnes disparues de la province de Buenos Aires sous la dictature (1976-1983).
Cette découverte macabre a suscité l’émoi et soulevé des questions sur la gestion des sépultures et des restes humains dans ce cimetière en particulier. Des sources officielles ont indiqué à TN que l’opération avait été ordonnée par le maire Julio Alak et menée en collaboration avec la direction provinciale du registre des personnes disparues du ministère de la Sécurité de Buenos Aires. Elle a consisté en une enquête sur quatre entrepôts où « diverses anomalies » ont été constatées.
Rien de précis, pour l’instant, ne permet d’attribuer cette sinistre découverte à la dictature militaire dont les cicatrices sont loin d’être refermées, toutefois, les autorités n’écartent pas cette piste. Des milliers de personnes ont été portées disparues de 1976 à 1983 sans qu’elles ne soient jamais retrouvées. Plusieurs organisations et agences gouvernementales recherchent depuis des années des indices et des corps. Les médecins légistes donneront une réponse d’ici peu.
Quatre juntes militaires se sont succédé jusqu’en 1983. Le régime fut responsable de la mort ou de la disparition de 30 000 personnes (les desaparecidos), de l’exil de millions d’Argentins et de la guerre des Malouines avec le Royaume-Uni. Nombre de militaires étaient proches du nazisme, certains obligeant ainsi les desaparecidos incarcérés dans les centres clandestins de détention à écouter des discours d’Hitler ; l’un des tortionnaires, Jorge Antonio Olivera, devint par la suite l’avocat de l’ex-SS Erich Priebke…