Il y avait des philosophes et des sophistes, une éducation formelle pour enseigner des valeurs et des idées profondes sur la vie, le tout exprimé dans des traités, des exhortations et des dialogues chez les… Aztèques !
Entre le XVe et le début du XVIe siècle, les Aztèques ont construit un empire doté d’une culture d’une grande richesse philosophique dans ce qui est aujourd’hui le centre et le sud du Mexique. Les thèmes principaux de la philosophie aztèque sont le monisme, le dualisme, et l’esthétique. Les philosophes aztèques (tlamatine, singulier : tlamatini, qui se traduit par « celui qui sait quelque chose ») n’ont pas subdivisé la philosophie en disciplines distinctes, comme la métaphysique, l’épistémologie, l’éthique et l’esthétique, mais l’ont conçue comme un tout qui s’exprime à travers la poésie, la peinture et la musique (« In xochitl in cuicatl », littéralement : les fleurs et les chants). La question principale à laquelle les philosophes aztèques ont tenté d’apporter une réponse est celle de la permanence de la vie humaine dans un monde éphémère.
« Nous disposons de nombreux volumes de ses textes enregistrés dans sa langue maternelle, le nahuatl », écrivait Lynn Sebastian Purcell, professeur de philosophie à l’université d’État de New York, dans un article publié dans la revue scientifique Aeon. Peu de livres hiéroglyphiques précoloniaux ont survécu aux autodafés espagnols, « de sorte que nos principales sources de connaissances proviennent des registres établis par les prêtres catholiques jusqu’au début du XVIIe siècle ». Purcell a effectué des recherches approfondies sur la philosophie et l’éthique anciennes, en particulier celles de l’Amérique latine et des Aztèques. « Je trouve fascinant que les Nahuas (Aztèques) aient été une autre culture prémoderne avec une éthique de la vertu, bien que très différente de celle d’Aristote et de Confucius », a-t-il déclaré à l’American Philosophical Association (APA).
Le célèbre Codex Florentin, compilation du savoir aztèque réalisée par le missionnaire franciscain espagnol Bernardino de Sahagún, reproduit le discours d’un roi avant sa prise de fonction.
Dans un article qui a remporté le prix APA du meilleur essai sur l’Amérique latine en 2016, Purcell explique que cette dissociation trouve son origine dans un problème existentiel décrit par les philosophes. Un proverbe aztèque résume ce problème et pourrait se traduire par « glissante, glissante est la terre ».
Ce qu’ils voulaient dire, c’est que, malgré les meilleures intentions, notre vie sur terre est une vie où les gens sont enclins à commettre des erreurs, à échouer dans leurs objectifs et à tomber, comme s’ils étaient dans la boue…
Les Aztèques pensaient que, quels que soient les qualités, le talent et l’intelligence d’une personne, de mauvaises choses pouvaient lui arriver. C’est pourquoi, avant de rechercher délibérément un bonheur qui, au mieux, serait éphémère et aléatoire, l’objectif des Aztèques était de vivre une vie digne d’être vécue.
Les Aztèques, ou Mexicas (du nom de leur capitale, Mexico-Tenochtitlan), étaient un peuple amérindien du groupe nahua, c’est-à-dire de langue nahuatl. En fait, Le mot Aztèque a été inventé au début du XIXe siècle par Alexander von Humboldt, un scientifique et explorateur allemand, pour désigner les peuples de Tenochtitlan à partir du mot Aztlan, le nom traditionnel des terres ancestrales des Mexicas. Les archéologues n’ont pas encore pu déterminé la localisation exacte d’Aztlan mais la plupart s’accordent à dire que la région serait située au nord du Mexique. Pour leur part, les Aztèques se désignaient par le nom Mexicas.
Ils s’étaient définitivement sédentarisés dans le plateau central du Mexique, dans la vallée de Mexico, sur une île du lac Texcoco, vers le début du XIVe siècle.
Les Aztèques sont un peuple amérindien qui a régné sur une grande partie du Mexique central du XVe au XVIe siècle. Leur civilisation, qui s’est développée autour de la ville de Tenochtitlan (actuellement Mexico), était connue pour ses avancées en agriculture, en architecture, en art, en mathématiques et en astronomie.
Les Aztèques avaient une société complexe et hiérarchisée, avec une classe dirigeante, des guerriers, des agriculteurs, des artisans et des esclaves. La religion était un élément central de leur vie quotidienne et ils pratiquaient le sacrifice humain dans le cadre de leurs rituels religieux. Leur empire a été renversé par les Espagnols menés par Hernán Cortés en 1521. La chute de l’Empire aztèque marque le début de la colonisation espagnole de l’Amérique centrale et du Sud. Aujourd’hui, les Aztèques sont toujours considérés comme l’une des civilisations les plus avancées de l’Amérique précolombienne.
Les études sur la civilisation aztèque reposent sur plusieurs sources d’information importantes. Tout d’abord, il y a les codex méso-américains, qui sont des livres écrits par les autochtones eux-mêmes sur du papier d’amate, une sorte de papier fabriqué à partir de l’écorce d’arbre. Ces codex contiennent des informations précieuses sur la vie quotidienne, la religion, la mythologie et l’histoire des Aztèques. Les codex montrent que les Aztèques revendiquaient une double origine nordique, à la fois chichimèque et toltèque, qui leur conférait le prestige à la fois de la vaillance guerrière des chasseurs-cueilleurs et de l’héritage culturel des fondateurs de Tula5. Les Aztèques partageaient effectivement avec ces peuples la même langue (le nahuatl), mais aussi les mêmes croyances astrales, la même pratique des sacrifices humains et une même organisation militariste de la société.
Ensuite, il y a les témoignages des conquistadors espagnols, tels que Hernán Cortés et Bernal Díaz del Castillo, qui ont écrit des comptes rendus détaillés de leur conquête de l’empire aztèque. Bien que ces témoignages soient souvent biaisés en faveur des Espagnols, ils fournissent néanmoins des informations importantes sur la culture aztèque.
Les travaux de chroniqueurs des XVIe et XVIIe siècles, tels que le codex de Florence compilé par le moine franciscain Bernardino de Sahagún avec l’aide de collaborateurs aztèques, sont également une source importante d’informations sur la civilisation aztèque. Ces travaux fournissent des descriptions détaillées de la vie quotidienne, de la religion et de la mythologie aztèques.
Enfin, depuis la fin du XVIIIe siècle, les recherches archéologiques ont permis de découvrir de nombreux artefacts et bâtiments aztèques, tels que le Templo Mayor de la ville de Mexico. Ces fouilles ont fourni des informations précieuses sur l’architecture, l’art et la culture aztèques. En somme, les études sur la civilisation aztèque se fondent sur une combinaison de sources écrites et archéologiques, qui ont permis de reconstituer une image détaillée de cette culture fascinante.
Alexander von Humboldt (Berlin 1769 – Potsdam 1859) était un explorateur, naturaliste et géographe allemand qui a beaucoup voyagé en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. Il a fait de nombreuses découvertes importantes dans les domaines de la botanique, de la zoologie et de la géologie. Grand voyageur et l’un des derniers savants aux connaissances encyclopédiques, il a laissé une œuvre abondante, touchant aux sciences de la nature, à la physique du globe et à la géographie.
En 1798, Humboldt se rend à Paris pour acheter du matériel scientifique. C’est là qu’il rencontre le naturaliste Aimé Bonpland, avec qui il se lie d’amitié. Les deux hommes décident de partir ensemble en Espagne à l’automne de la même année. À Madrid, ils obtiennent un passeport pour les possessions espagnoles d’Amérique et se rendent au Venezuela en juillet 1799.
Au cours de leur voyage en Amérique du Sud, Humboldt et Bonpland ont découvert de nouvelles espèces de plantes et d’animaux, étudié la géographie, la climatologie et la géologie de la région, et découvert une liaison continue entre les fleuves Amazone et Orénoque. Humboldt a également atteint une altitude record sur les pentes du Chimborazo et étudié le grand courant marin qui porte maintenant son nom. Après leur retour en Europe, Humboldt a publié un ouvrage en trente volumes sur leurs découvertes et leurs recherches, qui a contribué à notre compréhension de l’Amérique du Sud et de la nature en général.
Portrait d’Alexander von Humboldt par Friedrich Georg Weitsch, 1806
À son retour en Europe, Humboldt s’installe à Paris en 1807 et se consacre à l’analyse et à l’approfondissement de toutes les informations qu’il a collectées au cours de son voyage. Il publie un ouvrage en trente volumes intitulé Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, qui rassemble toutes ses découvertes et ses recherches. La publication de cet ouvrage s’est étendue sur vingt ans.
Alexander von Humboldt est considéré comme étant le dernier scientifique universel. La portée de ses voyages d’exploration et études scientifiques fut telle que de nombreux lieux ou événements géographiques portent aujourd’hui son nom, comme le courant froid qui longe la côte du Pérou, ainsi que des cours d’eau, des baies, des chutes d’eau, des parcs naturels et même un cratère sur la Lune, sans compter nombre d’espèces végétales et animales…