Faute de matériel, les soignants vénézuéliens paient un lourd tribut à la Covid-19

L’opposition à Maduro dramatiquement affaiblie

 

Davantage qu’ailleurs dans la région sud-américaine, le personnel soignant fait les frais de la pandémie. Selon des chiffres relevés par la profession, au Venezuela, le virus tue au moins un soignant par jour depuis plusieurs mois. Car tout manque dans les hôpitaux, du simple savon aux blouses de protection et aux tests. Même l’eau et l’électricité font défaut !

C’est un médecin et député vénézuélien en exil qui le dit, lui qui suit de très près la situation dans son pays. Au Venezuela, affirme-t-il à El País :

« Les médecins risquent trente fois plus qu’ailleurs dans la région d’être contaminés [par la Covid-19] et cent onze fois plus d’en mourir ».

Les premiers Vénézuéliens tués par le virus ont été comptés parmi les médecins à l’étranger, signe de l’énorme exode qu’a subi le pays sud-américain. Mais à l’intérieur du pays, les décès de professionnels de la santé sont bien supérieurs aux pourcentages enregistrés par la Colombie, le Pérou, le Chili ou l’Espagne, où ils n’atteignent pas 1 %. En chiffres absolus, la centaine de décès dans le secteur hospitalier recensée par les syndicats de santé dépasse déjà, et de loin, le nombre de décès officiellement enregistré en Espagne, qui compte 10 fois plus de cas que le Venezuela ! « Les chiffres nous disent que nous avons le taux de mortalité le plus élevé parmi les agents de santé » de la région, a dénoncé le député en exil et médecin José Manuel Olivares.

Au Venezuela, le virus a atteint les hôpitaux sans approvisionnement régulier en eau, savon, désinfectants, gants ou masques, une situation qui n’a pas beaucoup changé depuis de longs mois… Les personnels de santé sont désormais confrontés au stade exponentiel de la reproduction des cas et des lits occupés, et même les espaces aménagés pour les urgences comme les hôtels sont déjà pleins de patients infectés. Le manque d’équipement de protection place les agents de santé dans un dilemme supplémentaire.

Lors d’une garde à l’hôpital José Ignacio Baldó de Caracas, un centre national de référence en spécialités respiratoires, désigné comme sentinelle de la pandémie, il n’y avait qu’une combinaison en polypropylène pour entrer dans une pièce où 32 malades étaient alités. « Ce jour-là, nous avons décidé de la donner à l’infirmière afin qu’elle puisse administrer le traitement », explique un chef de service.

Maduro et son clan s’approprient le pays

Parallèlement, les mesures de pression de la communauté internationale ne fonctionnent plus. Et les manifestations de l’opposition, menées par Juan Guaidó à Caracas et répétées dans de nombreuses autres villes, sont écrasées par la force brutale du régime, de l’armée officielle et de ses groupes paramilitaires.

C’est ainsi que le Venezuela, prisonnier d’un groupe de militaires et de civils alliés pour piller le pays, est aujourd’hui embourbé dans les fantasmes de Nicolás Maduro. Le Venezuela est toujours détendeur des plus grandes réserves de pétrole. Mais son cours est très bas et du coup la production est bloquée. Cinq millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, dont la grande majorité se bat à l’étranger pour vivre décemment, tandis que les dix-neuf millions qui restent n’ont plus d’eau, de services de santé, d’éducation, de revenus… Leurs conditions de vie tellement indignes les rendent désormais complètement indifférents aux délires de Nicolás Maduro, tant ils sont préoccupés par leur propre survie.

Leopoldo López, 49 ans, ténor de l’opposition vénézuélienne et mentor de son chef de file Juan Guaidó, est en route pour l’Espagne après avoir quitté clandestinement la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Caracas où il était réfugié depuis 18 mois. Il devrait arriver à Madrid ce dimanche (25/10). Ancien maire de la municipalité de Chacao, qui appartient à l’agglomération de Caracas, Leopoldo Lopez avait été arrêté en 2014 et avait passé trois ans en prison avant d’être placé en résidence surveillée en 2017. Le 30 avril 2019, il était apparu aux côtés de soldats insurgés et de Juan Guaidó qui appelait (en vain) l’armée à se soulever contre le régime. Le soir même, il s’était réfugié avec son épouse et leur fille dans la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Caracas lorsque le soulèvement avait été un échec. Depuis, son épouse a quitté le Venezuela pour l’Espagne. « Je peux confirmer qu’il a quitté l’ambassade de sa propre volonté et qu’il est parti en secret, de façon clandestine, du Venezuela en passant la frontière avec la Colombie », a déclaré à l’AFP Leopoldo López (ils portent tous les deux le même nom) qui vit en Espagne. Son fils a quitté la résidence « il y a deux jours environ » et a passé la frontière avec la Colombie vendredi, a-t-il ajouté. Leopoldo López est l’une des personnalités les plus importantes, mais également des plus controversées au sein de l’opposition. Décrit comme « arrogant, vindicatif et assoiffé de pouvoir » dans des câbles diplomatiques américains, il ne semble pas pouvoir jouer un rôle déterminant dans son pays. Juan Guaidó, lui, serait aux dernières nouvelles, toujours au Venezuela.

Chaque jour, des centaines de Vénézuéliens tentent de fuir. Ici, à la frontière avec la Colombie. La plupart d’entre eux espèrent être soignés. Non seulement de la Covid, mais aussi d’autres pathologies

Leopoldo López Mendoza, né à Caracas le