L’affaire des bijoux de Ryad pose plusieurs questions, dont celle de la corruption, dans le dossier de la vente d’une raffinerie.

Au-delà du rocambolesque, cette histoire de bijoux saoudiens prend désormais une tournure bien plus grave : la conséquence d’une corruption à grande échelle liée à la vente d’une raffinerie à un fonds arabe. Telle est désormais la piste suivie par plusieurs juges et journalistes.

Si l’insistance maladroite du couple Bolsonaro juste avant de partir pour les États-Unis, à récupérer ces diamants bloqués par les douanes et le fisc brésiliens prêtait à rire, les observateurs considèrent désormais l’affaire sous une lumière beaucoup plus crue.

L’expression est lâchée : pots-de-vin (popina).

L’économiste Eduardo Moreira a vivement critiqué les médias mainstream quant au traitement de l’affaire : « Un cadeau ?!!? Médias sans vergogne ! un cadeau c’est une boîte de chocolats. 17 millions de réais en bijoux, c’est de la corruption ! »

Le député fédéral Carlos Zarattini est également allé dans ce sens. Il a été l’un des premiers à évoquer la vente d’une raffinerie à un groupe saoudien. D’autres élus demandent la création d’une commission d’enquête.

On apprend par ailleurs que le couple Bolsonaro s’y est pris au moins par deux fois pour essayer de récupérer les bijoux mobilisant plusieurs fonctionnaires et militaires de trois ministères différents.

Carlos Mazza, journaliste (O Povo), a également établi un lien entre la vente de la raffinerie et le « cadeau » fait à Michelle Bolsonaro, l’épouse de Jair Bolsonaro.

Le journaliste Leonardo Attuch, de Brasil 247, a aussi ironisé sur le fait que les médias grand public n’associent pas le « cadeau » à des transactions avec les Arabes. « Effort touchant de la presse pour ne raconter que la moitié de l’histoire des diamants en parlant d’un présent à l’État brésilien. Aucun journal ne s’interroge sur la raison du pot-de-vin ou ne fait le lien avec la livraison de la raffinerie. Détail : le cadeau a été remis au ministre des Mines et de l’Énergie ».

La raffinerie négociée avec les Arabes

La raffinerie de Landulpho Alves aurait été bradée selon plusieurs experts à la moitié de son prix réel à un fonds arabe. D’ailleurs cette vente litigieuse s’était invitée dans la campagne électorale par la voix de Ciro Gomes, alors candidat à la présidence, lors d’un débat électoral en 2022.

Hier soir, CNN Brasil évoquait non pas un, mais deux cadeaux de très grande valeur. Le fisc brésilien a déclaré aujourd’hui lundi (6/3) qu’il ouvrait une nouvelle enquête pour déterminer si un deuxième paquet de bijoux offert par la monarchie saoudienne au couple Jair et Michelle Bolsonaro était entré illégalement dans le pays. Elle fait suite à la découverte d’un reçu officiel montrant que l’un des cadeaux présumés envoyés par le gouvernement saoudien a été livré à la présidence de la République en novembre de l’année dernière.

Le ministre de la Justice a déclaré que les faits peuvent être qualifiés à minima de tentatives de crime de détournement de fonds et de blanchiment d’argent, il a ajouté que la police fédérale menait plusieurs investigations.

 

La raffinerie Landulpho Alves (RLAM) a été la première raffinerie nationale. Sa création, en septembre 1950, a été motivée par la découverte de pétrole à Bahia et par la volonté de rendre le Brésil indépendant sur le plan énergétique.

Située dans le Recôncavo Baiano, son exploitation a permis le développement du premier complexe pétrochimique planifié du pays et du plus grand complexe industriel de l’hémisphère sud, le complexe pétrochimique de Camaçari.

À la fin des années 2010, cette raffinerie était sur le point de fermer du fait de sa baisse de production. Finalement, en 2021, Mubadala Capital l’a rachetée sur la base d’une offre de 1,65 milliard de dollars bien en deçà de sa valeur réelle estimée par les spécialistes à au moins 3,5 milliards d’US $ !

Mubadala est une société d’investissement appartenant au gouvernement d’Abou Dabi.

Mubadala a investi dans plusieurs entreprises en Europe, notamment en France et en Italie.

Au Brésil, les cadeaux d’une certaine valeur faits au président de la République en exercice sont déposés à la Collection présidentielle. Toutefois, il peut garder des cadeaux de faible valeur à condition d’avoir été offerts par des particuliers et à concurrence de 21 000 R $ (environ 3800 €) et non par des chefs d’État ou des diplomates étrangers ni par des chefs d’entreprises multinationales.

Sources : Globo, O Povo, 247 Brasil, CNN Brasil.