Un lac disparu réapparaît en Californie en raison de pluies diluviennes

 Un lac asséché depuis plusieurs décennies réapparaît en Californie où les pluies diluviennes qui tombent depuis des semaines risquent de faire déborder les barrages et réservoirs locaux. Le corps des ingénieurs de l’armée de la région de Sacramento (USACE) a annoncé des opérations visant à transférer de l’eau qui s’accumule avec les pluies au niveau du barrage de Pine Flat dans la vallée centrale de comté de Fresno vers l’ancien site asséché du lac Tulare. Le lac fantôme !

Le soldat espagnol et explorateur californien Pedro Fages poursuivait des déserteurs en 1772 lorsqu’il découvrit un vaste lac marécageux qu’il nomma Los Tules en raison des roseaux et des joncs qui bordaient ses rives. On l’appela ensuite le lac Tulare, et il devint le plus grand lac d’eau douce du pays à l’ouest du fleuve Mississippi. Il s’étendait sur une superficie de 1 000 miles carrés lorsque la neige de la Sierra fondait chaque printemps, alimentant cinq rivières qui se jetaient dans le lac. Le lac était très poissonneux. Et jusqu’au XIXe siècle, plusieurs tribus amérindiennes construisaient des bateaux à partir des roseaux du lac pour aller pêcher.

Lorsque la fonte des neiges était particulièrement abondante, le lac s’élevait suffisamment pour qu’un déversoir naturel détournât l’eau vers la rivière San Joaquin, puis vers l’océan Pacifique via le delta Sacramento-San Joaquin et la baie de San Francisco.

Puis à partir des années 1880, le lac s’est réduit d’abord du fait du développement urbain et industriel, notamment avec la construction de routes et surtout de lignes de chemin de fer.

Au fur et à mesure que des dérivations se sont développées au XXe siècle, le lac Tulare s’est progressivement réduit et a complètement disparu après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le barrage de Pine Flat a bloqué la rivière Kings, son principal affluent, et que des digues ont canalisé les flux naturels.

Une fois asséché, le lit du lac est devenu le site d’immenses exploitations de coton, principalement celles de deux puissantes familles. Cependant, quelques décennies plus tard, la nature reprit ses droits, accumulant tellement de neige dans la Sierra que les barrages et les digues étaient incapables de contenir les rivières Kings et autres, et le lac Tulare était recréé. Puis il disparut à nouveau, du fait notamment de la fin progressive des exploitations cotonnière. Sa réapparition aujourd’hui n’est pas unique. La plus spectaculaire s’est produite en 1983, lorsque des chutes de neige record dans la Sierra ont à nouveau eu raison des efforts déployés par l’homme pour contrôler les rivières. Le lac était si haut que deux hommes ont parcouru 450 miles en kayak en 11 jours, du centre de Bakersfield à la baie de San Francisco. Ils ont descendu la rivière Kern, traversé le lac Tulare, remonté la rivière Kings et traversé le Fresno Slough jusqu’à la rivière San Joaquin pour rejoindre en aval le delta et la baie de San Francisco.