Venezuela : une crise sans fin

Mise à jour le 7 octobre 2023

Mandat d’arrêt contre Juan Guaidó

Le parquet de Caracas a émis un mandat d’arrêt contre le chef de l’opposition Juan Guaidó et va demander la notice rouge par Interpol sur la base d’enquêtes menées par un tribunal des Etats-Unis et divulguées par la presse. Exilé aux Etats-Unis, Juan Guaidó est notamment accusé de trahison, d’usurpation de fonctions, de blanchiment d’argent et d’association en vue de commettre un crime. Juan Guaidó, a déclaré à CNN vendredi (6) qu’il ne craignait pas d’être expulsé vers le pays, même après que le gouvernement de Nicolás Maduro a annoncé un mandat d’arrêt à son encontre. 

S’exprimant depuis Miami, M. Guaidó a également indiqué qu’il ne pensait pas que la crise de l’immigration impliquant des Vénézuéliens serait résolue tant que le président Nicolás Maduro resterait au pouvoir. « La seule chose contre laquelle [Maduro] ne fait pas de discrimination, c’est la répression. Ils le font contre tout le monde. Bien sûr, je veux retourner au Venezuela, mais au moins ici je suis vivant et libre, contrairement à de nombreux Vénézuéliens qui sont derrière les barreaux ou ont été assassinés par la dictature »

Les Vénézuéliens ont besoin de 108 salaires minimums pour accéder au panier alimentaire familial (pour cinq personnes) dont la valeur en mai était de 523,29 dollars, selon les estimations du Centre de documentation et d’analyse sociale de la Fédération vénézuélienne des enseignants (Cendas-FVM), publiées le 21 juin 2023. Le salaire minimum actuel est de 130 bolivars, environ 4,85 $ mensuels. Or pour une famille de cinq personnes, les besoins alimentaires de base (pour un panier de 40 produits) s’élèvent, du fait de l’inflation record, à 17,50 dollars (US $)… par jour !

Le secteur qui a connu la plus forte augmentation pour le seul mois de mai est celui des sauces et de la mayonnaise, avec une hausse de 13,27 %, suivi par le lait, le fromage et les œufs, avec une hausse de 11,21 %, et par les graisses et les huiles, avec une hausse de 9,03 %. L’inflation cumulée du Venezuela au cours des cinq premiers mois de cette année est de 96,3 %.

Le Venezuela serait sorti en décembre 2021 de l’hyperinflation dans laquelle il était entré en 2017 et qui, au cours de cette période, a réduit la valeur du bolivar, la monnaie officielle, ainsi que la confiance des citoyens dans cette monnaie, de sorte qu’ils ont adopté officieusement le dollar pour tenter de protéger leurs revenus.

Selon l’ONU, les habitants continuent de quitter le Venezuela, chassés par la violence, l’insécurité, les menaces ainsi que par les pénuries de nourriture, de médicaments et de services essentiels. Il s’agit de l’une des situations de déplacement les plus importantes au monde, avec plus de huit millions de Vénézuéliens vivant aujourd’hui à l’étranger, en grande majorité dans des pays d’Amérique latine et des Caraïbes : « Dans le pays, la détérioration des droits fondamentaux ainsi que de la situation politique et socio-économique pousse un nombre croissant d’enfants, de femmes et d’hommes à partir vers les pays voisins et au-delà. Nombre d’entre eux y arrivent effrayés, fatigués et en grand besoin d’assistance » (UNHCR). Dans le passé, le Venezuela a accueilli des milliers de réfugiés d’Amérique latine et d’autres régions du monde. Aujourd’hui, le nombre de Vénézuéliens contraints de fuir leur foyer ne cesse d’augmenter et une grande partie d’entre eux a besoin d’une protection internationale.

La corruption, notamment initiée par le clan de Maduro, continue d’affaiblir un pays déjà exsangue. Un seul exemple : Trois milliards de dollars ont été détournés au sein de Petroleos. Rappelons que la personne la plus fortunée du pays n’est autre que la fille aînée d’Hugo Chávez, María Gabriela Chávez Colmenares, diplomate (sic) ! Elle détiendrait entre cinq et sept milliards de dollars principalement placés dans des paradis fiscaux. L’essentiel de cette fortune vient de la corruption et en particulier du détournement de revenus pétroliers du pays.

 La faim et le désespoir poussent des tribus autochtones à quitter leurs terres

Confrontés à la pénurie de médicaments et de nourriture, des autochtones waraos et wayúus abandonnent leurs terres pour trouver refuge au Brésil et en Colombie. « Comme ils n’avaient plus de médicaments, elle n’a pas pu recevoir le traitement dont elle avait besoin », explique ce chef communautaire warao de 33 ans. « Ma petite est morte à sept mois ». Ses cinq autres enfants étaient déjà affaiblis et tenaillés par la faim. Face à l’impossibilité de trouver de la nourriture au marché local, sa seule option était de partir. « On a décidé de venir au Brésil parce que nos enfants étaient affamés. Souvent, ils pleuraient de faim. Ils n’avaient plus qu’un seul repas par jour, la nuit. Une toute petite portion ».

Deuxième groupe autochtone du Venezuela, les Waraos vivaient déjà dans des conditions difficiles avant d’être frappés par une épidémie de VIH qui a laminé les communautés traditionnelles du delta de l’Orénoque. Des dizaines d’enfants waraos ont également succombé à la rougeole.

Des centaines de membres des tribus ont traversé la frontière à pied pour entrer au Brésil. Plus de 750 autochtones vénézuéliens vivent aujourd’hui dans des hamacs et des tentes au centre d’hébergement de Boa Vista dans le nord du Brésil. Le calvaire des Waraos est partagé par le premier groupe autochtone du Venezuela, les Wayúus qui comptent 270 000 membres et dont les terres traditionnelles chevauchent la frontière avec la Colombie. À mesure que les conditions se détériorent au Venezuela, ils sont nombreux à arriver déshydratés, sous-alimentés, sans autre possession que les vêtements qu’ils portent ce jour-là et avec des récits de quasi-famine. D’autres évoquent la situation des dispensaires privés d’électricité et l’interruption des services de ramassage scolaire qui prive leurs enfants de leur éducation.

Le Venezuela abrite 26 groupes autochtones. À mesure que la situation évolue dans le pays, une aide supplémentaire sera nécessaire pour porter assistance aux personnes déracinées qui ont été chassées de leur terre et ne voient encore aucun moyen d’y retourner rapidement, souligne le Haut-Commissariat aux Réfugiés (ONU).

Sources : Americano Media, UNHCR, archives personnelles.